Cette question est de plus en plus au cœur des débats.Et les mauritaniens sont bien partagés dans la situation actuelle où d’une part le quotidien des citoyens est sur un fil de rasoir et d’autre part les dissensions politiques ne favorisent pas encore le retour à la sérénité depuis la dernière bataille électorale où Aziz a laminé ses challengers.
Les querelles s’étaient poursuivies avec une vive intensité sans donner aux uns et autres une ascendance réelle ou virtuelle devant le peuple.En clair, aucun des camps en conflit ne doit se targuer de mettre la majorité des mauritaniens de son côté.Ni le pouvoir qui dispose de tous les moyens, ni l’opposition qui a la force du discours n’ont pu venir à bout dans cette bataille pour les mobilisations populaires. Lors de sa grande marche de protestation baptisée la marche « pour le départ de Aziz », la COD et les courants de contestation ont estimé avoir drainé un monde que toute la majorité réunie ne pourrait rassembler et ce, malgré les pressions exercées par le pouvoir sur les populations pour les empêcher de descendre dans la rue. Pour laver l’affront et prouver à ses adversaires de quel discours « il se chauffe », le Président Aziz a harangué des foules dans la capitale économique en sortant la grande artillerie contre l’opposition. Les observateurs imbus du jargon sportif diront que c’est un match nul qui va obliger les deux rivaux à rejoindre les vestiaires avant la reprise des hostilités. Les analystes ont noté sur les feuilles des appréciations des comportements des deux camps, un manque de discipline dans le jeu avec mêmes des écarts techniques et professionnels graves qui ont entaché la beauté du jeu- ici, politique-.Avec l’opposition le ton était agressif, la rhétorique acide, la liberté de dire y compris celle d’accuser grande. Avec le camp rival et sous le maillot du meneur de jeu Mohamed Ould Abdel Aziz, l’attitude était vindicative et les attaques acerbes sans aucun ménagement ni discernement entre les hommes qui dirigeaient hier, « tous des prévaricateurs », « tous des menteurs », « tous des manipulateurs ». A entendre les sorties de la COD et les répliques de Aziz, on se demande que valent nos hommes après tant de jugements, de calomnies, de suspicions, de légèreté… Après ce passage à la lessive noire, comment le peuple va –t-il avoir confiance à ses hommes politiques. Comment donc reconnaitre le faux du juste, le responsable de l’irresponsable, l’assassin du protecteur. Le comble est que personne n’a entre les mains des preuves que sa langue crache. Il est temps qu’on nous livre des faits irréfutables sur les accusations et les doutes qui fusent dans tous les sens. Le vrai déballage doit commencer par là. A défaut, il faut organiser un face à face entre Ely et Aziz, entre Daddah et Messaoud , entre Sarr et tout le reste. Que l’opposition déclare son hostilité à Aziz , rien de plus normal , que Aziz refuse d’écouter la COD , c’est son problème . Ce qu’attend le peuple c’est qu’on lui dise qui peut changer son destin en bien , lui qui n’a vu que de la fumée se dégager du ciel des attentes… Si à défaut d’apporter à manger et à boire, l’opposition conteste le pouvoir et Aziz se contente de se proclamer l’homme de la construction, il faut rendre au peuple la décision finale et on verra !
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur le 15/03/2012
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