Interview du président du bureau de For-Mauritania en Mauritanie

M. Mohamed Baba Saïd, président de For Mauritania. Source Sahara média

Saharamedia (SM) : L’organisation For-Mauritania fut l’une des formations les plus actives dans l’opposition au coup d’Etat de 2008 aux côtés du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD). Cet activisme s’est un peu estompé après les élections ; pouvez-vous nous en dire les raisons ?

 

Mohamed Baba Ould Said (MBS) : les raisons de ce reflux furent les mêmes que celles qui avaient provoqué la léthargie au sein du reste de l’Opposition. Il y avait besoin d’un temps pour récupérer de ce qui fut un coup de massue pour tous les opposants au Putsch. D’autres parts, un débat avait eu lieu au sein de For-Mauritania dont le but était l’évaluation de la situation et la qualification des résultats des élections. Nous avions demandé l’organisation d’une enquête et en avions diligenté une par nous-mêmes. En l’absence de raisons nous permettant de refuser, valablement, les résultats, nous les avions reconnus, avions décidé de donner sa chance au gouvernement élus en misant sur ses bonnes intensions. Nous avons alors connu une période de trêve et de neutralité pendant laquelle nous observions l’action du gouvernement et produisions quelques études et réflexions pour participer au débat national.

Nous avons aussi profité de cette période pour structurer notre organisation et en rédiger les textes fondamentaux. En effet, notre organisation est faite de jeunes qui s’étaient levés spontanément à la suite du Coup d’Etat et nous n’avions jamais eu le temps de nous pencher sur cette question organisationnelle. Cette période donc n’a pas été complètement perdue.

SM : Après cette période de « neutralité » et depuis quelques semaines vous êtes revenus dans l’opposition au Régime. Vous avez, à cet effet, rendu public un communiqué qualifié de « dur » où vous donnez le choix au Régime entre « les réformes véritables ou une fin proche ». Comment expliquez-vous la neutralité passée et pourquoi le retour dans l’opposition à ce moment précis ?

MBS : La décision à laquelle vous faites allusion a été mûrement réfléchie et discutée pendant plus de 3 semaines au sein de notre organisation. Nous considérons que le gouvernement a eu suffisamment de temps, la moitié de son mandat, pour prouver sa bonne foi et sa capacité à produire les réformes attendues. Cet espoir que nous placions en Ould Abdel Aziz a été déçu.

Pour nous, les Mauritaniens se répartissent en quatre catégories. La première, très minoritaire, est composée d’inconditionnels de Ould Abdel Aziz ; ses membres applaudiront à tout ce qu’il fera ou dira. La deuxième, très minoritaire elle aussi, est formée des irréductibles ennemis personnels de Ould Abdel aziz. Et il y a deux autres catégories numériquement très importantes. La première, à laquelle nous appartenons à For-Mauritania, considère qu’il y avait eu des élections dont les résultats, malgré le doute sur leur sincérité, n’avaient pas été valablement contestés. Cette catégorie, très nombreuse, est déçue de Ould Abdel aziz et ne le considère plus comme étant le réformateur qu’elle pensait qu’il pourrait être. Quant à la dernière catégorie, très importante elle aussi numériquement, elle regroupe ceux et celles qui pensent qu’on ne doit pas s’opposer à l’Etat et que le « Makhzen » est invincible et inamovible. A cette catégorie, les derniers événements du Monde Arabe ont démontré que les icônes peuvent s’effondrer, que les tyrans peuvent trébucher puis chuter et qu’il était très facile et même souhaitable de s’opposer à l’Etat surtout quand cet Etat a à sa tête quelqu’un qui le dévoie. Nous considérons que Ould Abdel Aziz ne dispose plus de suffisamment de légitimité pour continuer à diriger le pays.

Toutes ces raisons nous ont poussés à rejoindre le camp de l’Opposition. Mais cela ne veut nullement dire que nous avons adhéré à la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD). Nous sommes une force d’opposition mais disposons de notre indépendance vis-à-vis de la COD et des autres mouvements présents sur la scène nationale.

SM : Quelle est votre position par rapport aux mouvements syndicaux et de jeunesse qui agitent la scène mauritanienne ? Même question par rapport aux activités de la COD qui appelle à descendre dans la rue au milieu du mois ? Comptez-vous coordonner avec ces forces ?

MBS : Nous appuyons complètement et de la façon la plus résolue toutes ces initiatives car nous considérons que la légitimité de Ould Abdel Aziz est maintenant largement entamée. La légitimité est donnée par les urnes mais elle peut être enlevée par la rue. Un dirigeant élu peut tout aussi bien être frappé de démence, par exemple, et empêché de continuer à gouverner.

Nous appuyons tous ces mouvements et toutes ces initiatives mais nous gardons notre indépendance notamment par rapport aux partis politiques. Nous nous sentons plus proche des autres organisations comme le Mouvement du 25 février (M25), IRA, Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN) parce que nous avons en commun notre caractère non partisan.

Nous sommes des politiques mais n’appartenons pas, en tant qu’organisation, à un parti politique donné. Par contre nombre de membres de notre organisation appartiennent à des partis politiques. Nous n’exigeons pas de nos adhérant de déclarer leur appartenance politique mais seulement d’adhérer à nos textes fondamentaux.

SM : Certains évoquent une rencontre que vous aviez eu avec le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel aziz. On dit aussi que vous avez essayé de nouer un accord avec lui et que ce fut l’échec de cette tentative qui vous a ramenés dans les rangs de l’Opposition… Que répondez-vous ?

MB : Cela manque beaucoup de précision. Si la question concerne l’organisation For-Mauritania, je puis vous assurer qu’il n’y a jamais eu de quelconque négociation avec le Régime que ce soit pendant la période de la « trêve » ou avant. For-Mauritania n’a jamais mandaté quiconque pour discuter, en son nom, avec ce régime.

Si la question m’est adressée à moi personnellement, en effet, j’avais un projet de création d’une Ecole d’Ingénieurs en Mauritanie. C’est un vieux projet que j’ai essayé, en son temps, de présenter, sans succès, au gouvernement du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Pendant la période de « trêve », j’ai décidé de représenter ce dossier sous forme d’un projet purement technique et en mon nom personnel.

A cet effet, j’ai rencontré Ould Abdel Aziz deux fois. La première pour lui présenter le dossier qu’il a bien accueilli. Il donna des instructions pour que l’Ecole soit créée selon les spécifications que j’ai discutées avec lui. J’ai travaillé sur ce projet pendant un an. Mais, rapidement, Ould Abdel aziz avait commencé à prendre des initiatives contraires à ce sur quoi nous étions convenus. Comme je n’étais pas venu juste pour avoir un poste ou une position et comme il est devenu impossible pour moi de réaliser le projet selon la vision qui est la mienne, j’ai considéré la poursuite du travail impossible. Je n’ai pas, par exemple, apprécié le mépris que Ould Abdel aziz a des études préparatoires et de la prospectives.

Avant de décider de démissionner, je l’ai rencontré une deuxième fois pour essayer de le convaincre du danger des décisions improvisées qu’il prend sur l’avenir du projet. Il ne m’a pas écouté. J’ai donc jugé que ma mission était désormais sans objet et ai démissionné en l’expliquant à l’opinion publique.

Mais tout cela n’a rien à voir avec For-Mauritania. En plus, s’il n’y avait pas de trêve, je n’aurais pas, même à titre personnel, entrepris cette démarche. En effet l’activité que je joue au sein d’ l’Organisation en temps de pleine activité, ne m’aurait pas laissé le temps de m’occuper de ce projet. La « trêve » m’avait dégagé beaucoup de temps que j’ai décidé de consacrer à un projet qui me teint à cœur.

Je précise qu’en temps d’opposition au Régime, je n’aurais pas rencontré Ould Abdel Aziz, fut-il pour un dossier technique. En effet, les dimensions politiques sont toujours présentes dans ce genre de démarche. Je précise aussi que j’avais tenu informés mes amis de For-Mauritania de toutes mes démarches malgré leur caractère personnel.

SM : Vous vous êtes lancés, dans l’opposition au coup d’Etat de 2008, comme organisation de l’opposition. Certains se demandent si vous comptez fonder un parti politique ou bien rester sous votre forme d’organisation. Avez-vous cherché à vous faire reconnaître par l’Administration ?

MBS : Nous ne nous constituerons jamais en parti politique. C’est écrit dans nos textes. La raison en est simple : nous accueillons parmi nous nombre de militants d’autres partis politiques et nous ne concevons pas une double appartenance à des partis politiques. D’autre part, nous considérons que la pratique de la politique n’est pas une profession ni un emploi à occuper à temps plein. Quand la situation de notre pays le nécessite, nous nous levons et nous répondons présents à l’instar de ce que nous avions fait pendant la période de la lutte contre le Coup d’Etat. Nombre d’entre nous se sont connus à cette occasion.

La plupart d’entre nous pensent que la politique n’est pas un job. Tous citoyen doit pouvoir la pratiquer à sa façon, à son niveau et avec ses propres moyens sans qu’il ne soit obligé de s’encarter ou de s’enrôler dans un parti et devenir un professionnel de la politique.

Quant à la légalisation de For-Mauritania, nous avions déposé un dossier pendant la campagne présidentielle de 2009 quand nous avons décidé de lancer notre radio libre à Nouakchott. A cette occasion, je voudrais rappeler à propos de l’ouverture de l’espace audiovisuel sur laquelle travaillerait le gouvernement, que For-Mauritania a joué un rôle majeur et historique dans ce domaine. Nous avions lancé la première radio autre que celle de la radio officielle. Nous avions été pourchassés par la police et notre matériel est, jusqu’à présent, séquestré dans ses locaux. Nous avions donc demandé à être légalisés à ce moment là et avions déposé un dossier dans ce sens mais les services de la Sûreté l’avaient bloqué à cause de la présence de certains noms et de certains CV.

Cette fois-ci nous avons déposé un dossier au près du Hakem d’Arafat. Notre demande de légalisation a été enregistrée sous le numéro 669 du 08/03/2012.

SM : vous aviez commencé vos activités immédiatement après le coup d’Etat de 2008 en s’y opposant. A supposer que l’actuel pouvoir a été renversé par un autre coup d’Etat. Est-ce que vous y opposeriez avec la même détermination ? Que pensez-vous de l’idée de faire tomber « les pouvoirs putschistes » par d’autres putschs ?

MBS : Nous sommes opposés aux coups d’Etat. C’est aussi écrit dans nos textes. Nous considérons que seules les urnes doivent pouvoir permettre d’accéder au pouvoir. Nous condamnerons tout nouveau coup d’Etat et nous nous opposerons, par nos moyens propres, au remplacement d’un militaire par un autre.

Nous considérons que le malheur de la Mauritanie prend naissance dans l’accaparement du pouvoir par les Militaires. Depuis le premier coup d’Etat, les Militaires font de la Mauritanie le théâtre de leurs rivalités et font d’elle ce qu’ils veulent. Que ce soit les Militaires en treillis ou ceux qui ont démissionné et troqué leur tenue militaire contre un habit civil. Nous considérons que le véritable changement résidera dans l’éloignement définitif de l’Armée de l’exercice du pouvoir politique. Cela ne veut pas dire que nous sommes contre l’Armée. Nous voulons juste qu’elle soit une armée républicaine, au service des institutions de la République, les protège et ne les renverse pas. La République ne doit pas devenir un champ de rivalité entre haut-gradés de l’Armée.

Nous ne considérons donc pas qu’un coup d’Etat soit la solution et nous ne l’appelons pas. S’il y a parmi les Militaires qui songent à un coup d’Etat, nous leur disons qu’ils doivent savoir que notre objectif est le retour, plein et effectif, des Civils au pouvoir.

En clair, nous considérons le fait d’avoir laissé Ould Abdel Aziz et Ely Ould Mohamed Vall seuls à la barre de la transition, après le coup d’Etat 2005, comme étant l’une des origines des tous les maux dont souffre la Mauritanie actuelle. Les Militaires doivent savoir, ceux qui sont au pouvoir et ceux qui aimeraient y arriver, que nous n’accepterons pas moins qu’un changement radical, un changement qui ramène les Civils au pouvoir de façon durable et pérenne.

SM : Quels sont les outils et méthodes que vous comptez utiliser pour cette prochaine étape ?

MBS : Nous pensons que chaque organisation se doit d’activer ses moyens propres pour hâter l’avènement du changement en Mauritanie. For-Mauritania dispose de sept bureaux répartis dans le monde. On peut citer, en plus de la Mauritanie, le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest, l’Europe (trois zones), l’Amérique du Nord et les pays du Golf. Nous sommes en train de réactiver et de renforcer le réseau que constituent nos bureaux pour provoquer le changement en Mauritanie. Nous considérons que For-Mauritania est l’une des rares organisations mauritaniennes capables de mobiliser au niveau mondial et nous l’avions prouvé lors de la lutte contre le dernier coup d’Etat.

La nouveauté dans ce domaine réside dans la mise en place du bureau de la zone n°1 à savoir la Mauritanie. C’est le plus important bureau en termes de nombre d’adhérents. Il participera à l’ensemble des activités que mèneront les groupes et mouvement des jeunes et y ajoutera sa contribution propre.

Il jouera aussi un rôle de coordination entre ces mouvements et entre ces derniers et les partis politiques dans la mesure de ses possibilités et dans la mesure où les actions menées recouperont ses objectifs.

Nous adopterons l’ensemble des moyens capables de nous rapprocher du changement à condition qu’ils soient non violents. Nous considérons le combat non violent parfaitement adapté à notre situation actuelle. A cette occasion, j’adresse un salut appuyé et fraternel aux militants qui participent actuellement à « la Marche de l’ultime espoir » qui essayent de relier Nouadhibou à Nouakchott. Voici un groupe de personnes qui donnent de leur temps, de leur corps et de leur santé au service d’une cause. Je suis sûr qu’ils sont capables de secouer les fondements du pouvoir bien plus que ne pourraient le faire l’incendie d’un bus ou la mort d’une personne. Nous développerons ces méthodes-là et bien d’autres en collaboration étroite avec ceux qui le voudront bien.

SM : La majorité au pouvoir pense que l’Opposition cherche à copier les expériences du Printemps arabe. Elle pense que la Mauritanie est différente des autres pays arabes qui ont connu les révolutions. Que répondez-vous à cela ?

MBS : Les Mauritaniens doivent savoir que la Mauritanie n’est pas isolée de son environnement et que le peuple mauritanien ne descend pas de nulle part. De profonds changements secouent la région. La Mauritanie ne pourrait en rester à l’écart. C’est l’évidence même.

En plus, Ould Abdel Aziz semble décidé à nous simplifier la tâche du changement avec le mépris qu’il affiche envers les Mauritaniens quels que soient leur origine, leur statut ou leur fonction. La piètre idée qu’il se fait de nous risque de lui coûté très cher.

Les Mauritaniens ne doivent pas attendre plus d’immolations par le feu ou autres catastrophes de ce genre pour se soulever et pousser vers le changement. Nous, à For-Mauritania, considérons que le changement est possible et nous y participerons.

SM : Que pensez-vous du dialogue organisé entre la Majorité Renforcée et certains partis de l’Opposition ? Comment jugez-vous ses résultats.

MBS : Les résultats de ce dialogue nous avaient agréablement surpris. Nous considérons qu’ils sont positifs mais insuffisants. Le résultat le plus important, à nos yeux, reste le projet de création d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) à condition qu’elle voit le jour et qu’elle soit réellement indépendante.

Ces résultats sont insuffisants et souffrent aussi du peu de confiance qu’inspire Ould Abdel Aziz quant à la bonne foi et le respect des engagements donnés. Il s’agit là d’un problème fondamental posé à l’idée même de dialogue. Comment dialoguer avec quelqu’un dont on est pratiquement sûr qu’il ne respectera pas ses engagements ?

Ould Abdel Aziz ne pratique pas la politique au sens conventionnel du terme, c’est-à-dire basé sur la discussion de questions difficiles, l’obtention d’accords, l’application et le respect de ces accords. Nous l’avons vu signer un accord avec le parti ADIL puis vu ce parti voler en trois morceaux. Nous le voyons à la manœuvre avec le reste de l’Opposition lors de ce dernier dialogue puis vu cette opposition se scinder en deux. Ce n’est pas de la politique. Le but du dialogue ne doit pas être de diviser les partenaires. Le but est de trouver un moyen d’aborder des questions difficiles et vitales et de leur trouver une issue consensuelle. Autrement le dialogue perd de son utilité.

Le problème de confiance et de l’application des accords conclus entre Ould Abdel Aziz et une partie de l’Opposition commence déjà à se poser. Nous avons tous suivi la sortie du Conseil Constitutionnel et sa décision de retoquer certaines dispositions de la loi créant la CENI. C’est très délicat. Soit les partenaires du dialogue reviennent à la table des négociations et revoient leur copie, ce qui constituera une remise en cause des résultats du Dialogue soit ils décident de contourner le Conseil Constitutionnel. Les deux alternatives sont toutes catastrophiques. En plus le pays patauge dans une crise constitutionnelle majeure caractérisée par l’absence de tout cadre législatif et le tripatouillage de la Constitution. En effet nous avons un Parlement qui se réunit après plusieurs mois d’expiration de son mandat et décide d’auto proroger ses prérogatives et de modifier la Constitution…

A For-Mauritania, nous sommes pour le dialogue et considérons qu’il constitue une voie de sortie de crise. Mais il existe une réelle et profonde défiance vis-à-vis de Ould Abdel Aziz. Si un nouveau dialogue devait voir le jour, ses objectifs et ses conditions devront, de notre point de vue, être revus à la hausse. Il devrait, par exemple, avoir pour objectif, l’ouverture d’une nouvelle période de transition dont Ould Abdel Aziz ne serait pas nécessairement l’ordonnateur. C’est là une idée qui pourrait, par exemple, être discutée par les forces politiques.

Nous sommes, en effet, dans une situation comparable à bien des égards à celle qui prévalait à la fin de la période avant les Accords de Dakar. Lors de cette période, l’Institution présidentielle était absente et le Parlement s’était maintenu. Actuellement c’est l’inverse, l’Institution présidentielle est là mais le Parlement s’est éclipsé par fin de mandat. C’est au Parlement que se fabriquent les lois que le Gouvernement doit appliquer. Le gouvernement ne peut pas travailler sans Parlement. Cette crise constitutionnelle ne pourrait être résolue par les seuls accords sur des dispositions techniques liées au mode de scrutin et à la surveillance des élections.

Source  :  Sahara Media (version arabe) le 12/03/2012

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