Un de ces derniers soirs, la TVM affichait débat entre quelques parlementaires de la majorité et de l’opposition. D’un côté, les concocteurs, lors du dialogue politique de septembre /octobre 2011, des amendements constitutionnels et réglementaires ; de l’autre, les réfractaires à la rencontre entre la majorité et une frange – quatre partis, exactement, sur la quinzaine que compte la COD – de l’opposition démocratique.
Entre les deux, le journaliste Takiyoullah jouait au modérateur-arbitre, voire au « séparateur », pour éviter que les honorables parlementaires n’en vinssent aux mains. Sur le plan de la forme, la TVM aurait pu trouver mieux que ces invités-là. Certes, ils n’ont pas été uniformément piètres. Mais, comme on est en démocratie, la majorité l’a emporté. Celle des tirades insolentes, des propos désobligeants et des répliques infantiles et déroutantes. A mon avis, si la TVM tenait tant à présenter des parlementaires, elle aurait mieux fait d’inviter des membres du Parlement des enfants. Surtout sa présidente. Les débats auraient été beaucoup plus élevés. Le spectacle de nos députés de service a terni le peu d’image qui leur restait. Un jeune élu qui profère des insanités en direct. Un député qui insulte le peuple et ne respecte pas ses vis-à-vis. Un autre, président de haute Cour de justice, en position de défense, menaçant de se retirer des débats, si jamais quiconque ose critiquer la gestion de « son » Président, son « Symbole », sa « Référence ». Une vingtaine de minutes de confusion totale, cacophonie, insultes et accusations. Une atmosphère beaucoup plus chaude qu’en l’hémicycle du Parlement. Peut-être que la décision du gouvernement de faire rembourser, à certains députés, un peu moins de trente millions y est pour quelques chose. Surchauffés, même, qu’ils étaient, nos honorables députés. Ils se sont « vidés les sacs » et copieusement lavé le linge sale, en public. Des masques sont tombés. Les donneurs de leçons, responsables du contrôle, du suivi de la bonne gestion des biens publics, auteurs des longues tirades truffées d’éthique et de moralité, ne semblent pas être aussi blancs que ça. Il y en a qui ont continué à toucher leurs salaires de la Fonction publique. Il y en a qui sont fonctionnaires de la DES, du BED et autres structures de renseignements. Un secret de polichinelle. Nous connaissions des députés hommes d’affaires. Chauffeurs. Imams. Marathoniens. Et le président de la fameuse haute Cour de justice, lui qui était tant prêt à faire monter Sidioca à l’échafaud, pour on ne sait quelle faute, a eu bien du souci, avec l’interpellation de son collègue de Tawassoul pour qui le Président Ould Abdel Aziz doit être inculpé de haute trahison, pour avoir tripatouillé la Constitution nationale. Réponse frissonnante du président de la haute Cour, avocat de surcroît : « Euh… Oh… Pour moi, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz n’a jamais enfreint la Constitution, il en respecte la lettre et l’esprit ». Hé oui, c’est comme ça, en Mauritanie : les coups d’Etat raffermissent la démocratie et, faits prescrits, ne constituent pas une inconstitutionnalité, sauf dans la tête des farfelus de l’opposition. Parmi les quatre députés de la majorité, il y avait celui de Kiffa, redevenu un homme d’El Wiam, le parti de Boidiel Ould Houmoid qui a pris part au dialogue. Confortablement assis entre les parlementaires de l’UPR, il a tenu – bonasse ou ironique, va savoir – à remarquer qu’on l’avait fait asseoir là, alors qu’il est de l’opposition « responsable », comme ils aiment à se présenter. « Il a raison ! », s’est esclaffé l’ami avec qui je suivais l’émission, « la TVM devait lui prévoir une chaise entre les deux camps ! ». Moi, je lui en aurai prévu deux, des chaises… Mais en Mauritanie, il n’y a pas de juste milieu. Ou bien on est là, ou bien on est là-bas. Une seule alternative. Le pouvoir ou le maquis. Ould Abdel Aziz ou la COD ; je veux dire, l’autre, pas celle qui a eu un peu de bon sens et les fesses élastiques. Comme dans l’au-delà : un groupe au paradis, un autre en enfer. Pas de Barzakh. Alors, à vous de choisir votre camp. Et ne vous laissez pas embarquer là où vous ne voulez pas, comme le pauvre député d’El Wiam.
Sneiba
Source : lecalame.info le 06/03/2012
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