Depuis quelque semaines, la ville de Kiffa abrite rencontres sur rencontres tribales, quasiment en continu. Cérémonies grandioses, tam-tams résonnant, youyous de femmes, applaudissements à tout rompre.Toute la panoplie des rites destinés à ancrer, dans l’esprit des citoyens paisibles, le discours tribal, centré sur l’éloge de l’entité, sa glorieuse histoire, son hégémonie, notamment dans l’appropriation des terres et l’influence sur l’échiquier politique, le poids démographique et les alliances…
Manière, surtout, d’anticiper les échéances électorales à venir, mobiliser les partisans, les cadres natifs de la wilaya – avocats, professeurs, étudiants, académiciens, etc. Le vent ne faiblit pas et chacun veut se tailler son étiquette de dignitaire tribal…
Mais que font les autorités administratives et sécuritaires, face à ces débordements indésirables ? Inertie ou laxisme, c’est, en tout cas, favoriser le développement de structures susceptibles de se substituer à l’Etat, d’autant plus que celui-ci se désengage de ses responsabilités et obligations envers les citoyens. Par contre, ces mêmes autorités redoublent de vigilance et d’intransigeance, lorsqu’un parti politique de l’opposition ou, même, une association de la société civile décide d’organiser une activité légale. Entraves et harcèlements ne manquent, alors, jamais et les contraintes pullulent. Mais la sagesse ne devrait-elle pas l’emporter, en un pays officiellement promoteur de la démocratie et de la légalité du Droit ? Ne serait-ce plus au gouvernement que les populations devraient s’adresser, pour la construction ou la réhabilitation d’une digue, d’une école, d’un hôpital ? Et les seules prestations que l’Etat pourrait garantir à leurs administrés ne seraient plus que le maintien de « son » ordre ? Et pendant ce temps-là, le peuple souffre…
Vous avez dit aide sociale ?
Les hakems des différentes moughataas de la wilaya reçoivent des milliers de demandes des citoyens, en quête d’aide sociale et humanitaire. Elles sont transmises aux services régionaux concernés. Après études et tri, quelques dossiers sont retenus. On en convoque les bénéficiaires. Et voilà que débute un vrai parcours du combattant ! Ces pauvres citoyens louent des véhicules, payent des consultants, errent en tous sens, et se retrouvent, finalement, les mains vides !
Le Calame a réalisé une petite enquête sur le sujet et voici sa conclusion, corroborée par lesdits services régionaux : les études des consultants ne sont aucunement nécessaires, pour l’octroi d’aides sociales et économiques. Des crapules s’enrichissent sur le dos des pauvres citoyens, déjà épuisés par la pauvreté et la cherté de la vie.
Cheikh Ould Ahmed CP Assaba
Source : lecalame.info le 29/02/2012
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