Des artistes mauritaniens et des leaders religieux se sont réunis à Nouakchott au début du mois pour débattre des moyens de préserver la culture et de favoriser l’unité.
L’objectif, selon les organisateurs, était » de discuter entre artistes et oulémas et de coordonner les actions pour contribuer à sauver la société qui fait face à de graves dangers ».
Cette rencontre, initiée par l’Association Al Moustaghbal, dirigée par l’érudit le cheikh Mohamed El Hassan Ould Dedew, s’est tenue sous le thème : « Rencontre du figh et de l’art » le 12 février.
Pour Mohamed Mahmoud Ould Sidi, Secrétaire Général de l’association Moustaghbal : « Cette initiative aurait dû intervenir plus tôt car elle est nécessaire pour promouvoir la culture. Nous considérons que les artistes sont dépositaires d’une partie importante du patrimoine culturel mauritanien. »
Pour sa part, le cheikh Mohamed Ould Abouah s’est félicité « du rôle historique des artistes et des oulémas qui ont chacun un rôle réformateur et doivent impérativement se mettre d’accord. »
Pour Ould Abouah : « La société fait face à beaucoup de dangers d’ordre moral et de fractures entre ses différentes couches. C’est dangereux de cultiver la division qui mène à la déflagration de la société. Les artistes ont un grand rôle à jouer pour prôner l’unité. »
Sur un tout autre registre, M.Bouh Ould Bowba Jiddou, président du bureau de l’Union des Musiciens Mauritaniens a soutenu que « la situation des artistes mauritaniens montre un désintérêt et une marginalisation systématique cautionnés par l’Etat mauritanien depuis sa naissance. Il y a des facteurs sociaux derrière cette marginalisation. »
Et selon Ould Bowba Jiddou : « Les artistes sont exclus de la fonction publique ; même au niveau de la direction qui a en charge la musique ainsi qu’au niveau du nouvel institut de musique, on ne trouve pas d’artistes bien qu’il s’agisse là de leur domaine. »
Abondant dans le même sens, Mohamed Ould Hembara, président du bureau du Conservatoire de musique affirme que « les artistes sont victimes de l’injustice et la plupart des gens ont de faux préjugés. »
Or, les artistes sont généralement corrects et de bonne moralité. Nous nous félicitons de nos relations avec les oulémas à travers l’association Al Moustaghbal. »
La cantatrice et sénatrice Maalouma Mint El Meidah a fait une révélation affirmant que : « C’est grâce à un chanteur anglais qui m’a beaucoup marquée que j’ai décidé de me couvrir entièrement le corps suivant les prescriptions de la charia. »
A son tour M.Ahmed Ould Abba, président du bureau mauritanien pour la promotion de la musique a déclaré : « J’ai eu des frissons lorsque j’ai reçu l’invitation pour participer au forum. Je craignais que nous ne soyons convoqués par les oulémas, pour nous faire signifier qu’on devait abandonner la musique.
Pour Mohamed Lemine Ould Mohamed El Moustapha de l’association Al moustaghbal : « Les artistes ont un message qu’ils sont les seuls à pouvoir transmettre. Ils ont leur propre public. Ils doivent donc jouer le rôle avant-gardiste qui leur sied. »
Bakari Guèye
Source : Magharebia le 27/02/2012
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com
