Kaédi : la COD appelle à la désobéissance

Les leaders de la COD en meeting à Kaedi en février 2012. De g à d M. Salah Ould Hanane, Mme Kadiata Mailck Diallo, M; Abdarrahmane Ould Boubacar. DR Vieux Gaye/KassatayaKassataya- 27 février 2012- Kaédi ville frondeuse. Cette réputation semble faire recette si l’on s’en tient au message porté par les leaders de la COD en mission dans la capitale du Gorgol. Collant aux basques des partis politiques ayant pris part au dialogue « majorité-partis de l’opposition »

-dont les chefs donnaient une tout autre lecture de la situation politique en Mauritanie il y a quelques semaines- une forte délégation de l’opposition, dite « non participationniste » a tenu un important meeting sur la colline qui abrite la résidence du Wali.
En terrain connu -il est originaire de la région- et devant des centaines de militants et sympathisants, M. Ba Mamadou Alassane, président du PLEJ et président en exercice de la COD a fustigé l’action de M. Mohamed Ould Abdel Aziz accusé de népotisme et de manque de vision. Retrouvant les accents de l’opposition au putsch militaire qui porta M. Ould Abdel Aziz au pouvoir –M. Ba en était un des animateurs- celui qui assure la présidence tournante de la COD appellera à « lui [Ould Abdel Aziz] désobéir, lui et tous les cadres et élus corrompus qui le soutiennent ». A sa suite, M. Isselmou Ould Abdel Ghadr, ancien ministre et autre figure de l’opposition au putsch a axé son propos sur la situation plus spécifique de Kaédi dont il a brossé un tableau alarmiste. Reprenant à son compte un discours récurent, il a regretté l’absence de cadres et élus de la trempe de feu M. Youssouf Koita, feu M. Abdoul Aziz Bâ, feu M. Sidi Mohamed Diagana ou  encore M. Ould Teiss, qui avaient écrit en lettres d’or les noms Kaédi et Gorgol dans l’histoire de la Mauritanie.
Le registre de la proximité avec les populations du Gorgol ayant réussi à son prédécesseur au micro, M. Abderrahmane Ould Hamd Cheikh (UNAD) a appelé à l’unité nationale, thème banal s’il en est sauf quand il est fort opportunément abordé en langue peule -majoritairement parlée à Kaédi– par un hassonophone.
Les discours se sont ensuite éloignés de l’air de Kaédi pour prendre une tournure plus nationale voire internationale. C’est le président du RDU, M. Ahmed Ould Sidi Baba, qui décoche les premières flèches en accusant M. Mohamed Ould Abdel Aziz de chercher à détruire les relations avec des pays voisins comme le Sénégal et le Mali. Une thèse soutenue sous une pluie d’applaudissements par  M. Saleh Ould Hannena (Hatem) et M. Jamil Mansour (Tawassoul) qui se sont appesantis sur les problèmes  sécuritaires et  sur l’unité nationale, avant de comparer le régime de M. Mohamed Ould Abdel Aziz à ceux de M. Ben Ali, M. Kadhafi ou encore M. Laurent Gbagbo.
Comme pour illustrer les propos des précédents orateurs, M. Mahfoud O. Bettah (Convergence nationale Démocratique démocratique), fera un bilan sans concession du régime de M. Ould Abdel Aziz sous lequel, le pays a connu « un recul dans bien de domaines vitaux comme la santé, l’éducation, l’emploi, la lutte contre la pauvreté entre autres », à cause notamment « d’un manque de vision et de patriotisme de Mohamed O. Abdel Aziz.» Diagnostique confirmé, en connaisseur (pour avoir, comme Tawassoul et Hatem, accompagné M. Ould Abdel Aziz un temps), par le vice-président du RFD M. Diop Cheikh Baidi, qui accuse M. Ould Abdel Aziz « de favoritisme et de tribalisme en dessaisissant notamment les maires de leur statut d’officiers d’état civil, confiant l’enrôlement qui est si important pour le pays à son parent, novice dans le domaine. » Aux yeux du vice-président du RFD toujours, M. Ould Abdel Aziz est également « responsable de l’expropriation des terres de la vallée au profit d’étrangers et d’avoir détruit les PPG [Projet Pilote du Gorgol, en matière de riziculture] de Kaédi à cause des conditions draconiennes imposées aux paysans ». M. DIOP a fait observer « qu’aucune unité industrielle n’existe le long de la Vallée, du Trarza au Guidimakha, malgré les potentialités dans divers domaines de la partie sud du pays ».   Les camarades d’hier ayant manifestement définitivement consommé le divorce, M. Samory Ould Beye, syndicaliste et leader du comité de crise constitué de transfuges de l’APP, décoche une salve contre un tout nouvel ami de M. Mohamed ould Abdel Aziz : « Messoud O. Boulkheir est un homme de paille de Mohamed O. Abdel Aziz, il lui fait porter ses habits et même ses chaussures ». M. Ould Beye n’exonère pas pour autant M. Ould Abdel Aziz qu’il accuse d’être –finalement- « l’unique responsable de la situation catastrophique du pays ».
Mais à l’applaudimètre c’est certainement la députée Mme Kadiata Malick Diallo qui vole la vedette au reste des orateurs. Accueillie par une forte clameur, Mme Diallo devancée par sa réputation probablement en raison de ses interventions à l’Assemblée Nationale saluées au-delà des lignes partisanes- attribue à M. Ould Abdel Aziz l’intention de saper la cohésion sociale, se référant à la grève à l’université où, selon Mme Diallo, les arrestations ont été sélectives, ne visant que les étudiants noirs. Elle a par ailleurs félicité la jeunesse de Kaédi pour « avoir encore une fois donné une véritable leçon de courage et de refus de l’injustice à l’occasion des évènements de septembre 2011 contre l’enrôlement. »
Les propos que l’air chargé -d’histoire- de Kaédi a véhiculé depuis la colline qui surplombe la ville frondeuse contrastent nettement avec ceux tenus en ces mêmes lieux il y a quelques semaines par une délégation de la majorité au pouvoir. Celle-ci avait pointé l’irresponsabilité de l’opposition « non participationniste » qualifiée de jusqu’au-boutiste. La délégation de la Majorité avait alors salué l’action de M. Mohamed Ould Abdel Aziz à la tête du pays.
L’alternance de ces deux types de discours diamétralement opposés à de quoi désorienter jusqu’à l’eau dormant au fond des pirogues sur le fleuve Sénégal ; eau réputée instable et versatile.  Mais les Kaédiens disent « so haala niawi yo nanDe cellu » (A parole boiteuse, ouïe fine [ou raison vigilante]). Ils sauront sans nul doute puiser dans leur sagesse pour se faire une opinion.
Pour sa part, toujours aux trousses de la délégation de la Majorité Présidentielle, la délégation de la COD a poursuivi son périple de la Vallée en mettant le cap sur Mbout avant de se rendre au Guidimakha.

De notre correspondant permanent à Kaédi Vieux Gaye
Kassataya- Gorgol

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Salah Ould Hanana (gauche), Kadiata Diallo (centre

Un leader de la COD (M. DIOP du RDF) en meeting à Kaedi en février 2012

Meeting de la COD à Kaédi en février 2012

Vue du public. Meeting de la cod à Kaédi en février 2012.

Salah Ould Hanana lors d'un meeting de la cod à Kaédi en février 2012

M. Isselmou Ould Abdel Kader lors d'un meeting de la cod à Kaédi en février 2012

Seybani Diagana, adjoint au maire de Kaédi, lors d'un meeting de la cod à Kaédi en février 2012

Leaders de l'opposition lors d'un meeting de la cod à Kaédi en février 2012

M. Abderrahmane Ould Hamd Cheikh (UNAD),un leader de la cod (

un meeting de la cod à Kaédi en février 2012

S. o. Hanana, Kadiata Diallo, A.o. Boubacar

M. Jemil Ould Mansour, leader de Tawassoul tenant le microphone à un orateur lors du meeting de la cod à Kaédi en février 2012

Kadiata Malick Diallo, députée et membre de la cod en meeting à Kaédi en février 2012

un leader de l'opposition lors du meeting de la cod à Kaédi en février 2012

M. Samory ould Bèye, syndicaliste et membre du comité de crise de l'APP.

 

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