Nos forces armées et de sécurité viennent de s’offrir de nouveaux généraux de brigade et un de division. Belle promotion pour une institution spécialisée en sauvetage démocratique (1978, 1984, 2005, 2008) et en rectification de systèmes qui dévient ou tentent de dévier de la trajectoire que les GPS des militaires et leurs balles traçantes leur indiquent.
Alors, félicitations aux tout nouveaux généraux et bonne continuation, dans l’ascension de la hiérarchie militaire ! Parmi les promus, l’ancien colonel Dia Adama Oumar. Bons et loyaux services de toute la famille. Lui assure (théoriquement) la sécurité présidentielle. Et grossit les rangs des adhésions de l’UPR dans le Sud. Du village de Thidé, à quelques kilomètres à l’est de Boghé, jusqu’à la cité-plage, aux confins de l’océan Atlantique, personne ne peut dire qu’il y ait une quelconque injustice dans les promotions au grade de général. Déjà, sur la dizaine qu’on a – onze, si l’on ajoute le plus ancien – trois sont des négro- africains. Et, en principe, sinon certainement, il y aura, dans la prochaine vague générale, le colonel Ghoulam Ould Mahmoud. Au moins un nom de Hartani dont la consonance interdit toute la confusion. Ainsi, on aura, dans le groupe, un général Hartani par défaut et trois par excès. Et comme on parle armée, ayons une pensée pour le pauvre gendarme Ely Ould Moktar qui attend, dans les camps d’AQMI, son destin. Pour le mauritanien lambda, les autorités ne parlent même pas de son problème mais, devant les députés, le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation a déclaré que des actions (discrètes, évidement) sont entreprises pour sa libération. Son collègue des Affaires étrangères, plus cynique, a évoqué les risques du métier.
Le Sénégal voisin, patrie des Accords de Dakar, s’achemine, doucement, vers une élection présidentielle prévue le 27 février courant. Le M23, version sénégalaise du FNDD, organise, de temps à autre, des manifestations semblables à celles que concoctait le FNDD, au temps de la crise politique qui suivit le coup d’état du 6 août 2008. Comme le Front mauritanien, la coalition sénégalaise est tombée dans des travers qui risquent de lui coûter cher. Imaginons, un peu, que l’opposition mauritanienne n’ait pas accepté d’aller aux élections du 19 juillet 2009, avec le putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz. Que serait-il devenu aujourd’hui ? Qu’aurait fait la Communauté internationale, face à une telle illégalité ? Et quelle tournure aurait pu prendre la contestation de la rue mauritanienne, dans la foulée du Printemps arabe qui s’est invité sur la scène politique internationale ? La même logique qui a fait renoncer le général putschiste à son projet du 6/6, malgré le soutien du guide libyen, lui aurait, certainement, imposé de ne pas aller, seul, à une consultation ridicule et sans importance. Avec le recul, le FNDD réalise qu’il a été floué, d’une part, par les pressions d’une communauté internationale qui voulait, à tout prix, évacuer la question mauritanienne, de plus en plus embarrassante, et, d’autre part, par l’infiltration de taupes dont le temps a démontré le service aux militaires. Pour le M23, le Président Wade n’a pas le droit de briguer un troisième mandat, selon les nouvelles dispositions de la Constitution. Sa candidature n’est, donc, même pas recevable. Normalement, aucun opposant ne devrait aller aux élections, tant que Wade est candidat. Autrement, kif-kif la Mauritanie : des dispositions seront prises pour qu’aucun autre candidat « n’entende la balle », dès le premier tour ! Et, à ce moment, les quinze autres candidats n’auront plus que leurs yeux pour pleurer. Comme pour la recevabilité de la candidature, les cinq juges du Conseil Constitutionnel, très « motivés », prononceront la régularité de la « victoire », les forces de police materont les éventuelles contestations, les messages de félicitations pleuvront à Dakar. Et je parie que Mohamed Ould Abdel Aziz et El Hadj Yaya Jammeh seront les premiers à venir assister à la cérémonie d’investiture du nouvel élu pour un troisième mandat, en attendant de briguer un quatrième comme il l’a promis. Longue vie, Maître Abdoulaye Wade, sur votre arbre à palabres perché. Sauf que là, il est pas prêt à ouvrir le bec, le volatile têtu…
Sneïba
Source : lecalame.info le 22/02/2012
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