« Le vent de démocratie qui a soufflé sur la région va sûrement insuffler une nouvelle dynamique à l’avenir de la coopération maghrébine », a déclaré Saadeddine El Othmani, ministre marocain des Affaires Etrangères ».
Les ministres des Affaires Etrangères du Maghreb se sont réunis à Rabat, le 18 février, afin d’asseoir le socle d’une coopération économique et politique accrue dans le cadre de l’Union du Maghreb Arabe (UMA).
Cette rencontre a été organisée alors que l’UMA a fêté vendredi son 23ème anniversaire. Mais les résultats obtenus jusqu’à présent ne sont pas à la hauteur des aspirations des peuples de la région, ont souligné les responsables gouvernementaux maghrébins.
« Il faut opter pour une feuille de route basée sur quatre piliers » a déclaré Habib Ben Yahya, secrétaire-général de l’UMA. « Il s’agit, en premier lieu, de la nécessité de signer la convention pour la création d’une zone de libre-échange en réunissant les ministres le plus tôt possible à Tripoli. »
Ben Yahya a ajouté que les pays devaient unifier leurs législations, en particulier concernant les investissements. Il a annoncé qu’il était « également urgent » de réunir l’assemblée constituante de la banque maghrébine pour les investissements et le commerce extérieur dont le siège est prévu à Tunis.
De plus, le secrétaire-général a vivement recommandé aux états-membres d’adopter « une stratégie maghrébine pour la jeunesse ». Selon Ben Yahya, une étude en la matière sera achevée en juin 2012.
Le ministre libyen des Affaires Etrangères Achour Ben Khayal a estimé qu’il est nécessaire de porter un intérêt particulier aux jeunes, affirmant que la stratégie qui leur sera destinée devra être exhaustive, à la fois pour protéger les jeunes et leur garantir l’accès au marché de l’emploi.
Aux enjeux économiques et sociaux s’ajoutent les problématiques d’ordre sécuritaire.
« Le terrorisme et les crimes transfrontaliers pèsent sur la région et il est, de ce fait, important de renforcer la coopération en la matière » a indiqué le ministre algérien des Affaires Etrangères Mourad Medelci, qui avait appelé à l’organisation d’une réunion sur ce dossier à Alger.
La conjoncture est propice pour aller de l’avant, selon le ministre marocain des Affaires Etrangères et de la Coopération Saadeddine El Othmani.
« Le vent de démocratie qui a soufflé sur la région va sûrement insuffler une nouvelle dynamique à l’avenir de la coopération maghrébine. La volonté existe désormais de bâtir une véritable union du Maghreb », a-t-il relevé.
Quant au ministre tunisien des Affaires Etrangères Rafiq Abdessalam, il a indiqué qu’il est temps de dépasser tous les différends, précisant qu’il est nécessaire d’activer toutes les structures de l’UMA. Les ministres ont également évoqué les programmes du 7ème sommet de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) prévu en Tunisie au cours de cette année, qui, selon Abdessalem, sera une occasion pour lancer concrètement les jalons d’une véritable coopération.
Les chefs d’Etat maghrébins affichent la volonté de promouvoir une collaboration renforcée. Le Roi Mohammed VI a souligné, dans un message adressé aux chefs d’Etat des pays de l’Union maghrébine à l’occasion de la commémoration de son 23ème anniversaire, « les profondes mutations qu’a connues la région maghrébine et arabe, ainsi que les ambitions des peuples frères du Maghreb, qui aspirent à davantage de liberté, de démocratie, de dignité, de développement intégré, de progrès partagé et de justice sociale, sont autant de facteurs qui nous incitent à raffermir cette construction maghrébine, qui représente une perspective stratégique inéluctable. »
Pour sa part, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a souligné que la réalisation de l’unité maghrébine à l’ère des ensembles régionaux et internationaux est un impératif vital et pressant.
« L’occasion est sans aucun doute propice à l’actualisation de notre réflexion sur la construction de l’édifice maghrébin, bâti sur une complémentarité économique qui repose sur l’adoption de politiques communes dans tous les domaines, » a ainsi dit Bouteflika.
Les mauritaniens évoquent l’avenir de l’UMA
Alors que les ministres des Affaires Etrangères se préparaient à se réunir à Rabat, la Mauritanie a accueilli un séminaire sur l’avenir de l’UMA.
Le Centre arabo-africain pour l’Information et le Développement de Nouakchott a organisé, mercredi 16 février, un débat sur l’union, auquel ont participé d’anciens ministres de l’UMA ainsi que des ambassadeurs, des intellectuels, des chercheurs et des journalistes.
Le Dr Mohamed Lamine Ould al-Ketab, ancien ambassadeur et premier président de l’Université de Nouakchott, a affirmé qu’atteindre les objectifs de l’Union en réunissant les 90 millions de personnes habitant la région était faisable. Il a ajouté que les révolutions récentes ont créé une dynamique forte qui changera la scène politique dans la région.
Ould al-Ketab a dit que la crise économique actuelle dans les états avoisinants exigeait davantage de coopération. « La première initiative qui puisse être prise est d’intensifier les échanges économiques, de faciliter les mouvements des individus et d’abandonner les visas jusqu’à ce que nous ayons construit une intégration institutionnelle et politique verticale », a-t-il expliqué.
A son tour, Bismiallah Alih Ould Ahmed, ancien secrétaire d’état mauritanien aux Affaires du Maghreb, a noté que « la désintégration actuelle coûte aux pays du Maghreb beaucoup d’argent tandis que l’Union réduira le volume des dépenses, parce que le commerce inter-maghrébin aujourd’hui représente juste 3 %, en comparaison aux plus de 20 % avec d’autres pays. »
Siham Ali à Rabat et Jemal Oumar à Nouakchott
Source : Magharebia le 20/02/2012
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