Le procureur dira-t-il aux étudiants : « je ne veux plus vous voir devant moi ! » ?

Kissima

En réaction à ce qui se passe entre les autorités et les étudiants, négro africains pour la plupart d’entre eux, le Forum des Organisations Nationales des Droits de l’Homme a écrit ce qui suit dans une déclaration rendue publique dimanche 19 février 2012 :

« Le 14 février 2012, lors d’une manifestation pacifique organisée par les étudiants pour exiger la libération de leurs camarades détenus dans les différents commissariats de la ville, dix étudiants ont été arrêtés manu militari et gardés au commissariat central de police (parmi eux figuraient le journaliste Dialtabé Diop – qui a été insulté et brutalisé, son matériel saisi malgré qu’il ait présenté sa carte de presse – avec huit militants de l’IRA qui ont été par la suite libérés). 

 

Une vingtaine d’étudiants dont sept (7) filles sont restés aux mains de la police, éparpillée dans les divers commissariats de la ville. Certains ont été libérés le 18 février dont : Tidiane Yeli Ball dite Mariem Bal, Ami Dieng, Kadiata Bocar Bâ ; mais d’autres ont également été arrêtés le même jour. 

Aujourd’hui, dimanche 19 février 2012, à notre connaissance, vingt (20) étudiants restent arrêtés :- Six (6 ) filles : Kardiata NGaïdé, Fatimata Diop, Anthita Diagana, Haby Sow, Khadijétou Kébé, Fatimata Konté :- Quatorze (14) : Bouyagui Sall, Kébé Souleymane, Abdarahmane Camara, Lô Idrissa Sow, Boubou Diam, Oumar Harouna Camara, Djiby Sall, Badi Sall, Hassane Lô, Ahmedou Ould Boudaha, Mountaga Thiam, El Ketoum Sedigh, Abdallahi Ould M’Ballé, Oumar M’Baye. »

Les faits sont flagrants : les filles retenues dans les commissariats et interdites de visites de leurs parents sont toutes issues de la communauté négro-africaine.  Même chose pratiquement pour les garçons. Les organisations de droits de l’homme ont dénoncé des arrestations sélectives. Les faits sont d’autant plus flagrants que pour avoir revendiqué des augmentations de bourses et de meilleures conditions académiques, ces pauvres étudiants noirs se sont vu assaillir par des hordes de policiers antiémeutes et extraire violemment de leur campus pour être conduits dans des commissariats.

Il y a quelques semaines d’ailleurs, alors qu’elles cherchaient le jeune Bakary Batchily, un étudiant que les forces de l’ordre s’étaient donné du plaisir à brutaliser presque mortellement à Kaédi quelques mois plus tôt, les autorités ont interpellé le leader de Touche Pas à Ma Nationalité. Wane Abdoul Birane se verra mettre dans le même sac que les étudiants et se fera soupçonner d’intelligence avec ces jeunes étudiants que la police a pris le soin d’accuser d’outrages à des symboles de l’Etat (drapeau et monnaie nationale)…Il se verra ensuite conduire devant le procureure qui lui dira tout bonnement : « cherchez une autorisation pour votre mouvement! Je ne veux plus vous voir devant moi ».

Eh bien c’est exactement peut-être la même chose que le procureur doit dire aux pauvres étudiants qui sont restés plusieurs jours dans les commissariats et qui vont passer devant lui ce mardi ou un autre jour. C’est en effet d’un simple revers de la main que notre cher procureur doit évacuer cette drôle d’affaire. On le voit mal décider d’envoyer en prison les enfants de ces pauvres mauritaniens et mauritaniennes qui n’ont pas eu la possibilité d’envoyer leur filles et leurs fils dans les universités à l’étranger, ni de les inscrire dans les instituts et facultés  privées d’ici…Alors condamner ces jeunes serait la pire des injustices. Surtout qu’ils ont subi les coups de poings, de matraques et de lacrymogènes assénés par la police avant d’aller grelotter dans les cachots sombres des commissariats souvent très peu propres. On ne parle même pas des conditions dans lesquelles ils ont dû s’efforcer de manger les nourritures envoyées par les parents mais qui passaient sous des mains contrôleuses pour être remuées de la façon la plus dégueulasse !

Alors pour ne pas être taxé de racisme, il vaut mieux monsieur le procureur laisser ces pauvres étudiantes et leurs frères rentrer à la maison. Car il serait aberrant qu’ils puissent être reconnus coupables d’avoir « brûlé un drapeau ou des bus. » Ce serait une ineptie de les croire capables de déchirer un billet de banque ! Ils ne faisaient que demander une petite augmentation de bourse.  Laissez les rentrer à la maison, ils sont incapables de faire du mal à une mouche. Ils ne se promènent avec aucune arme pour ça.

 

Kissima Diagana

 

Source  :  kissimadiagana.blogspot.com le 20/02/2012

 

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