Manifestations sociales : Y-a-t-il quelque chose au-delà du discours ?

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Serait-on en train de mimer les autres, en se tenant uniquement au discours. Pour répéter ou feindre des colères afin que le pouvoir en place appréhende, au surdimensionnement, de faux sentiments, qui l’amèneraient à revoir sa stratégie ?

Ou serait-on, tout simplement, animé par une conscience sincère, et prêts à payer le prix fort de l’engagement ? Si, on allait se fier au discours des uns et des autres, aux colères affichées, çà et là, on se donnerait rendez-vous la journée après la révolution de Nouakchott.

Le climat social se crispe  de plus en plus. L’université se ferme en pleine année scolaire. Des étudiants sont arrêtés. Certains leaders du mouvement des jeunes du 25 février ont été arrêtés, puis relâchés. L’Union Pour la République et quelques députés de la majorité accusent la Coordination de l’Opposition Démocratique d’être l’instigatrice de la colère estudiantine. Celle-ci s’insurge contre la répression infligée, par les forces de l’ordre, aux étudiants et crie au non droit et à la répression.

Tout cela  n’est pas, bien entendu, la révolution promise par la C.O.D. Ce n’est, non plus, pas une atmosphère que le pouvoir pourrait jurer de sa passibilité. Certains sites, dont Taqadoumy, parlent d’une série de manifestations à Tidjikja à cause d’une pénurie du pain ainsi que le prix des matières de première nécessité. D’autres dont le site Al Akhbar évoquent les manifestations estudiantines à Aïoun El Atrouss. L’opposition semble avoir reporté sa sortie nouakchottoise à une date ultérieure. Elle serait sur le point d’entamer une tournée qui la mènera dans les zones de la vallée, en commençant par le Trarza pour finir au Guidimaha, en passant par le Brakna et le Gorgol.

Le pire des scénarii !
En marge de cela, une humeur  désolante s’installe dans le cœur d’aucuns. On chuchote même parfois le pire des scénarii. Dans les milieux proches de la C.O.D, on ne parle que de l’imminence du départ de Mohamed Ould Abdel Aziz. Comment et quand ? Pas de réponse, en tout cas de la part de ces annonceurs des coups d’Etat, ou de révolutions, quoiqu’on affiche une confiance à la fois démesurée et décalée. Décalée, puisque la rue ne dégage pas de signes perceptibles pour le commun des mortels, même  si on s’accorde sur l’installation d’une crise multiforme. Mais, peut-être que les colères mauritaniennes ne sont pas jusqu’à boulistes. On laisse toujours un espace gris où le dialogue, le compromis, sauraient bien se négocier. Se négocier, entre-temps, à mi-parcours d’une colère. Si, encore le compromis n’était pas la véritable ambition des colériques. Peut-être bien.

Si on est amené à comparer  la colère de l’homme politique mauritanien, d’aujourd’hui, à celle de son prédécesseur, celui d’hier, on ne peut alors parier, un instant, sur sa constance. Donc, sa colère pourrait bien, et rapidement, céder à l’apaisement et la douceur. Les exemples sont légions. Combien d’hommes politiques avaient défendu le discours de l’opposition et l’ont troqué, en un quart de tour, contre celui de la majorité. On ne peut jurer de rien, en Mauritanie.

C’est vrai que vis-à-vis d’Ould Abdel Aziz, on assiste un peu à des conduites inédites ou presque. Pas plus tard qu’hier, Sarr Ibrahima a quitté la majorité. Il a été précédé par d’autres qui ont quitté le navire, comme on dit. C’est une première, dans l’histoire politique, dans notre pays. Cette direction, celle de quitter la majorité présidentielle pour rejoindre l’opposition, est nouvelle chez nous. On la prenait, généralement, dans le sens contraire. L’autre sens. Ce nouveau sens-là devrait, peut-être, produire, un autre. Un sens, une signification.

D’ici-là, en attendant de trouver un sens aux colères et  démarches politiques de son élite,  le peuple Mauritanien a bien le droit d’espérer pour le pays. D’espérer le meilleur. Le meilleur qui ne viendra jamais sous les bottes militaires ni sera porté par l’inspiration circonstancielle de nos politiques.

AVT

Source  :  Biladi via Noor Info le 17/02/2012

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