Refugiés maliens de Nouakchott : « nous n’avons pas été enregistrés par le HCR »

Depuis la reprise des combats entre la rebellions touarègue et l’armée malienne au nord Mali, plus de 10 000 maliens ont trouvé refuge en territoire mauritanien. Ils ne sont pas les seuls refugiés. Quelques familles touarègues de Bamako et Katy ont fui les représailles contre « les personnes à peau claire » dans ces deux villes. Nous les avons rencontrés dans un quartier périphérique de Nouakchott. Témoignages.

 

 

Al, une dame d’une cinquantaine d’année : « Nous avons tout perdu… »
«Nous avons quitté Katy dans un état de terreur. Nous avons été victimes de casse, d’insécurité. Matériellement, nous avons tout perdu, il fallait que l’on quitte pour sauver nos vies. Dans de telles circonstances, on ne peut même pas parler, tellement on est terrifié, traumatisé, c’était le sauve qui peut. J’étais réceptionniste dans une structure de santé appartenant à un parent. La structure a été saccagée, brûlée. On a tout perdu. Même si l’on veut retourner, est-on sur d’avoir la sécurité, la tranquillité ? Moi, personnellement, je ne vous parle pas au nom de ma communauté, je vous parle en mon nom personnel, si toutes les conditions sont réunies, je retournerai là-bas. A mon âge, l’exil ce n’est pas possible. Je ne suis pas un jeune qui va retrouver une autre patrie pour refaire sa vie ailleurs. Je ne suis pas loin de la fin de ma vie, j’ai dépassé la cinquantaine. S’il y a une autre vie possible, ce n’est pas pour moi, c’est pour mes enfants et mes petits enfants. J’ai quitté avec ma famille, mes proches, dans des véhicules. Nous sommes partis la nuit pour ne pas être agressés en route. Pour venir a Nouakchott, nous sommes passés par Nioro et Aioun. Nous sommes allés à la représentation du HCR a Nouakchott. Ils nous ont fait entendre qu’il n’y a pas de refugiés urbains et que les refugié sont à la frontière et que pour y aller il faut demander au ministère de l’intérieur du pays d’accueil. Donc, comme nous, nous sommes de refugiés urbains, nous n’avons pas été enregistrés. La première condition pour que je retourne chez moi ; elle est sécuritaire. La deuxième condition, une indemnisation pour ceux qui ont tout perdu. La troisième condition, mettre de l’ordre dans les idées après tous ces traumatismes.»
AG était étudiant dans un institut à Bamako : « Mon grand père a fui la répression en 1963… »
« J’étais étudiant en gestion des ressources humaine dans un institut à Bamako. Je suis venu ici avant mes parents, avant les troubles à Bamako. J’ai quitté le Mali à cause de la répression. La répression de militaires qui se cachent derrière les femmes et les civils pour piller nos maisons. Ici nous vivons comme des personnes qui n’ont ni habitat ni nourriture mais avec la grâce d’Allah et certaines générosités, nous nous débrouillons. Je ne pense pas retourner au Mali. Si nous retournons, du jour au lendemain, nous pourrons être attaqués, pillés. J’en ai mare. Mon grand père a fui la répression en 1963, il a vus ses frères mourir. En 1994, mon père aussi a fui. En 2012, toute ma famille prend la fuite. C’est trop. S’il n y a pas de solution, je vais chercher une autre nationalité.
Nous sommes allés au HCR pour demander ce qui peut être fait pour les refugiés maliens à Nouakchott. Ils nous ont laissé entendre que tout le monde doit aller a Fassala, à la frontière. Je suis maîtrisard en gestion des ressources humaines, j’ai des frères lycéens, collégiens. On nous demande d’aller à Fassala pour bénéficier de l’aide du HCR. Je ne comprends pas. Qu’est-ce qu’un universitaire ou un lycéen peut faire dans un camp de refugiés. Nous demandons à l’État mauritanien et au HCR le minimum de moyens pour que les diplômés parmi nous aient une réinsertion et les élèves continuer leurs études. »

Témoignages recueillis par Khalilou Diagana

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 12/02/2012

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