Conflit inter-malien : Nouakchott apporte des mises au point

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Depuis le conflit entre frères maliens, la Mauritanie est indexée, à tort ou à raison, de connexion avec les touareg voire même de diriger par des mains invisibles la rébellion contre le régime d’ATT, notamment en apportant un appui logistique discret aux touaregs.

 

 

Des accusations fort embarrassantes qui avaient été démenties par le ministre mauritanien des affaires étrangères avant que l’opinion ne soit davantage édifiée à la lumière de l’entretien accordé par le Président de la République à notre confrère « Le Monde » sur cette instabilité qui risque d’embraser la sous-région.
A la question relative à la menace que représente le mouvement de rébellion touareg au Mali voisin, Mohamed Ould Abdel Aziz répond « bien sûr, c’est une source d’inquiétude. Chaque fois qu’un foyer s’allume dans cette zone, cela crée des problèmes à l’ensemble de la région. Les combats se banalisent, la mort elle-même se banalise. Nous avons déjà accueilli 6 000 réfugiés. Nous en attendons encore. C’est une situation dangereuse et très complexe. Il n’y a pas un seul mouvement de rébellion qui s’étend au nord du Mali, mais deux, qui disent combattre pour le même objectif : le MNLA – Mouvement national de libération de l’Azawad – et celui de Iyad Ag Ghali – ancien diplomate malien – . Ce dernier, lié un temps au pouvoir malien, a noué des alliances avec les groupes terroristes, c’est lui qui servait d’émissaire pour le paiement des rançons. Le nord du Mali est une zone pratiquement laissée pour compte et libre pour le terrorisme. C’est là qu’il séjourne et c’est à partir de là que les terroristes agissent et se font payer des rançons qui les renforcent. Ces terroristes se trouvent sur une bande désertique de 300 km et s’approvisionnent, en carburant et en vivres, à partir de trois ou quatre villes connues, dont Tombouctou et Gao. Ceux qui les approvisionnent sont connus, fichés. Nous avons même parfois leurs immatriculations ».
A la question portant sur la prolifération des armes consécutive au conflit libyen, Ould Abdel Aziz souligne que le stade de la peur est dépassé, précisant que Nouakchott est convaincue « que les terroristes sont très bien équipés » rappelant qu’au mois d’août, à la frontière, l’aviation mauritanienne avait détruit un véhicule équipé d’un missile sol-air. Et de poursuivre : « l’armement, en Libye, a été distribué de façon anarchique, entre les mains de n’importe qui. Les unités qui défendaient Kadhafi ont quitté la Libye pour le Niger ou le Mali, avec leurs armes. Mais nos frontières étaient déjà fermées » .
L’homme fort de Nouakchott iundique également dans cet entretien qu’il incombe aux Etats de la sous-région de dépasser les solutions théoriques et de passer au concret, précisant qu’il est bien possible de vaincre le terrorisme, estimant qu’AQMI est un ennemi, très limité, qui ne dépasse pas les 300 hommes. « C’est à la portée de n’importe quel Etat. Je ne veux pas critiquer les autres, mais nous ne pourrons pas avoir la sécurité en Mauritanie sans une bonne coordination, et nous y tenons. Tant qu’il y a un foyer quelque part, les risques de débordements sont là. Si on laisse AQMI s’installer chez nous, tout ira avec. Le tourisme mais aussi la prospection et l’exploitation minières sont concernés ».

Isabelle Mandraud

Source  :  Le Monde via Le Rénovateur le 12/02/2012

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