Métier d’écrivain public : Des diplômés chômeurs débrouillards

Dans la grande débrouille nouakchottoise, il existe des boulots ressuscités ou récemment créés pour aider à répondre à l’offre nombreuse d’emplois par les sociétés multinationales nouvellement installées dans le territoire mauritanien.Chômeurs diplômés, Ndongo, Bâ, Wagne mettent volontairement leurs talents au service des personnes illettrées solliciteuses de travail, moyennant des pièces trébuchantes et sonnantes.

Ils les aident ainsi à constituer leurs dossiers complets et à postuler aux avis de recrutements diffusés par les employeurs.
Postés à l’entée de l’Hôtel Khaima, où se trouve le bureau de Taziast-Kinross, se mêlant aux voitures des particuliers garées sur le parking voisin au cyber société TPS, ces écrivains publics sont vêtus de vestes, de pantalons jean, de chaussures fermées ou enturbannés, sinon portant des bonnets en cet hiver perçant qui frappe le pays, portant des sacs en bandoulière, leur servant de  » bureaux portables « , contenant tout le nécessaire pour la rédaction dont des lettres manuscrites, des curriculum vitae (CV) à remplir, des grosses enveloppes ,des écritoires (stylos), permettent leurs mobilités actives.
 » Taziast ? « . C’est le nom d’une entreprise exploiteuse d’or dans la zone d’Akjoujt. La formule d’appel qu’ont l’habitude d’utiliser les écrivailleurs pour interpeller les passants afin d’avoir la chance de tomber sur un postulant et de  » le soutenir dans le remplissage du dossier  » à déposer.  » Je suis père de famille, je ne peux pas rester les bras croisés sans la nourrir. C’est pourquoi je me suis adonné à ce boulot  » dixit l’un d’eux trouvé en train d’aider quelqu’un à établir son CV. En retour ce dernier lui remet quelques petits billets.
A la question : comment travaillent-ils, ces débrouillards répondent qu’ils vont au cybercafé, commandent beaucoup d’exemplaires de CV ou de lettres préécrites et achètent des enveloppes. Le tout est redistribué à 100um la pièce aux clients demandeurs d’emploi. Ils indiquent à ceux-ci dans quel lieu déposer après avoir remplissage de leurs dossiers  » explique l’un d’eux qui s’apprête à recevoir son dû après service rendu.
Ce qu’ils gagnent ? Ces copistes, aux activités dispersées, réalisent des gains journaliers allant de  » 3000um ou rien « , à 12000um aux jours de grande affluence. Leurs collègues, assis devant la Mauripost, déclinent une  » chiffre d’affaire  » moins importante.  » Je gagne rien. J’ai plutôt entre 500 et 1000 ouguiyas ou bien 2000 par jour maximum  » affirme l’un d’entre eux souriant, qui cherche la confirmation du témoin dans le regard de son voisin, avare en paroles.Leurs clients ?Ce sont  » des maçons, plombiers, soudeurs, électriciens, ferrailleurs, agents de sécurité, superviseurs, pointeurs, conducteurs, des femmes aides topos, secrétaires ou informaticiennes…qui ne savent pas écrire  » dés fois, auxquels, les scribes mettent leurs pensées par écrit. Dans la vie il faut savoir courir sa chance. En effet ces écrivains publics courent derrière celle-ci dans le dessein de gagner leur vie.
Sow Aliou
Stagiaire

Source  :  Le Rénovateur le 01/02/2012

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