Les excellents liens entre le régime et les imams commencent à connaître de sérieux moments de tension, ravivés par les dernières émeutes de l’Iseri et par le malentendu très manifeste entre
le régime mauritanien et le parti Tawassoul d’obédience islamique, dont le discours politique est devenu subitement très virulent à l’endroit du l’homme fort de Nouakchott.
Tous les mauritaniens se souviennent du sursaut fait en août 2008 au profit du mouvement de rectification par la masse des Imams pour légitimer le coup d’Etat aux yeux d’une opinion qui pensait avoir terminé avec les putschs. Quelques mois après, les autorités avaient organisé un concours de recrutement de 500 imams, qui n’avait pas été bien accueilli par certains vaghihs et érudits ayant fait de cette fonction une vocation et qui risquaient de perdre leur poste, avec la nouvelle donne. S’en suivit plus tard des prêches réguliers et uniques au cours des prières du vendredi, lus par les imams sur instruction de la tutelle, en l’occurrence le ministre des affaires islamiques, lequel confectionnait la khotba au gré des orientations de l’Etat, surtout quand il y a des manifestations et des appels à la sédition civile, pour appeler ainsi à l’obéissance du président, prétextant que tout autre voie est contraire à l’Islam. Les rapports entre le régime et les imams n’avaient cessé de se développer par la suite, surtout lavec es fatwas faits par les érudits pour sensibiliser sur le péché que représente le terrorisme meurtrier et pour dialoguer avec les détenus salafistes afin de les amener au repenti. Mais, force est de constater aujourd’hui que ces relations sont en train de connaître des bas, puisque autant l’Etat est déterminé à ne pas satisfaire les doléances des étudiants de l’Iseri par l’ouverture des inscriptions, autant l’Imam de la mosquée principale de Nouakchott Ahmedou Ould Lemrabott est résolu à exiger le contraire, en réitérant dans des khotba successives la nécessité d’ouvrir le registre des enregistrements à l’institut. Il y a aussi cet Imam qui a initié des manifestations à Guerrou, en Assaba pour dénoncer certains problèmes et manquements de l’Etat à ses responsabilités. Si l’Etat a encore sa milice de voughaha pour défendre son discours religieux et sa politique, cette police est entrain de prendre du recul, puisqu’elle constate petit à petit qu’elle n’a aucun pouvoir sur le régime dont elle pensait qu’il tirait profit des ses conseils pour aller dans le bon chemin. Autant se demander si Ould Lemrabott n’est pas en train de tourner le dos au pouvoir comme Ould Dedew avant lui. It’s the question.
Md O. Md Lemine
Source : Le Rénovateur le 30/01/2012
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