Dans une interview avec ANI, le jeune Zeini Ould Limam Chavî raconte sa version des faits, évoquant le coup de feu tiré par le fils du Président de la République en passant par les péripéties de cette affaire: depuis les urgences de l’hôpital, en passant par la garde à vue, en finissant par le parquet, le jeune Ould Chavî a livré tous les détails de cet incident.
Entretien…
Heure et lieu de l’incident
Le coup de feu a été tiré dans la nuit du 22 janvier aux environ de 00 Heure, dans le bnord de Tevragh Zeina, sur l’axe de Nouadhibou.
J’étais avec Bedr Ould Abdel Aziz, le marocain et Raja, quand subitement Bedr tira un coup de feu en direction de la fille qui tomba sur le coup. A ce moment Bedr était pris de panique et il courait dans toutes les directions en continuant à tirer jusqu’à épuisement des 8 balles qui se trouvaient dans le chargeur de son pistolet.
Il prit place dans a voiture et démarra en trombe avant de revenir vers nous pour nous proposer de prendre la fuite. A ce moment, je lui répondis qu’il n’est pas question de fuite et tu dois faire face à cette situation avec courage. Nous allons amener Raja à l’hôpital et reconnaître les faits en toute vérité. Bedr, qui était au bout de ses nerfs, répondit : « si la fille est morte, je vais me suicider, je ne peux pas supporter d’être responsable de la mort d’une personne ». Il avait parlé sur un ton grave.
Evacuation de Raja vers l’hôpital
Zeini poursuit : « Une fois Bedr convaincu Bedr, Rachid et moi avons transporté la fille pour la placer à bord de la voiture pour partir en direction des urgences du CHN ». C’est alors que Bedr commençait à rouler à une vitesse excessive, avant que je ne lui demande de s’arrêter pour permettre au jeune marocain d’être au volant. Arrivé aux urgences, une fois Raja entre les mains des médecins, les policiers nous ont demandé les causes de cet accident. Je leur ai répondu qu’elle victime d’un coup de feu. Ils fermèrent tout de suite la grande porte des urgences en gardant notre voiture dans l’enceinte, avant de nous demander d’attendre quelques minutes.
Début de l’enquête
Quand le commissaire de police est arrivé aux urgences, il avait commencé par me demander de lui reprendre les faits. Ce que j’ai fait dans le détail. Il prit alors Bedr en aparté ce contre quoi j’ai protesté en lui disant « commissaire vous m’avez interrogé en présence de tous, vous devriez faire de même avec lui ». Il répondit que cela ne me concerne pas. Il continue pour se mettre à l’écart avec Bedr, après avoir ordonné aux policiers de nous empêcher de les suivre.
Quelques minutes plus tard, un autre commissaire de police était venu se joindre à nous pour prendre Bedr dans sa voiture, alors que Rachid et moi avons été embarqués dans la voiture de l’autre commissaire. Direction le commissariat de police. En route nous avons pu apercevoir Bedr discuter avec l’autre commissaire.
Conditions de détention
Arrivés au commissariat, nous avons été placés dans des cellules isolées dans des conditions quelque peu médiocres.
Au troisième jour, de retour d’un interrogatoire, j’ai pu constater que ma cellule a été nettoyée et remise en condition. A travers la grille j’ai pu également constater que les policiers étaient entrain de nettoyer les lieux et arroser la cour. Quelque temps plus tard, arrivera la mère de Bedr et les portes du commissariat se sont refermées.
Les interrogatoires
Les interrogatoires étaient parfois durs pour moi, du moment que les enquêteurs tentaient de me faire contredire.
Contrairement à la rumeur qui a circulé, à aucun moment, on ne m’a demandé de témoigner contre le marocain pour l’incriminer. Un inconnu m’a téléphoné à plusieurs reprises pour me menacer ou me soudoyer afin je dise que c était le marocain qui a tiré le coup de feu sur Raja.
Reconstitution de l’incident
Dans la nuit du mardi à mercredi, entre 1Heure et 2 heures du matin, nous avons (Khatib, Bedr et moi), en compagnie de policiers, passé à la reconstitution de l’incident sur le lieu même où Raja était blessée. Nos gestes et nos déclarations ne comportaient aucune contradiction.
Comportement des policiers
Personnellement je n’ai pas pu constater de visu le traitement réservé par la police à Bedr. Toutefois, au cours de la reconstitution de l’incident, j’ai vu clairement qu’il le traitaient avec des égards, notamment au moment de lui poser des questions. Ils se suffisaient, chaque d’une seule réponse, sans pour autant le faire revenir sur des détails comme ils l’ont fait avec Khatib et moi pour semer le doute dans nos esprits.
Qui sont les enquêteurs ?
Personnellement, j’ai été interrogé par un certain nombre de policiers, mais pas par un juge au cours de la garde à vue.
A ce propos, je tiens à saluer le sens humain et le comportement exemplaire du commissaire Sidi Yahya, que je souhaite côtoyer dans des conditions autres que celles de la détention.
Départ du commissariat
Avant-hier soir (mercredi), j’ai rencontré, pour la première fois depuis le début de cette affaire, Rachid , qui m’a informé qu’on va aller, jeudi matin, chez le procureur de la république.
Très tôt ce jour là, les policiers étaient venus m’informer hâtivement qu’on devrait aller à la justice.
En sortant, j’ai vu Bedr à bord d’un V8 conduite par un civil avec une deuxième personne à bord. Pour notre part, Khatib et mi, nous avons été embarqués à bord d’une vieille Mercedes 190 entourés de policiers, comme de vrais criminels dont on craignait la fuite. Alors que le vrai coupable était à bord de cette voiture de luxe entourés de civil et nous les suivons comme une escorte.
Devant le procureur
A l’arrivée au palais de justice, j’étais le premier, avec Bedr, à passer devant le procureur, en compagnie des policiers et des deux civils. Au premier moment quand il su pourquoi on était là, il a demandé à ce que l’on attende dehors.
A 8 Heures 15 mn, j’ai été convoqué par le procureur qui m’a posé des question e présence d’un greffier qui notait mes propos. A la fin, le procureur me dit : « Tu étais là comme témoin seulement » ? Ce à quoi j’ai répondu par l’affirmation, avant qu’on me demande signer le procès verbal. Aprés cette signature le procureur me dis « tu peux partir car tu ne fait l’objet d’aucune poursuite dans cette affaire.
Par ailleurs, Zeini a démenti formellement que le pistolet de Bedr était muni de dispositif silencieux. Il également souligné qu’il est convaincu que Bedr n’avait aucune intention d’ouvrir le feu sur Raja, expliquant que le jeune, après avoir tiré le coup de feu, était presque effondré.
D’autre part, nous avons appris de source informée, que Bedr avait été, à partir de l’hôpital, amené dans le domicile d’un proche, par le commissaire, où il était resté pendant vingt quatre heures.
De même source on précise que le PR avait contacté ce proche pour lui dire d’amener Bedr à la police. « Ce qu’il a fait après moult hésitations, car le jeune homme se trouvait dans un état de choc », a souligné cette source.
Le jeune marocain Rachid Alkhatib, n’a pour sa part, reçu aucune visite durant sa garde à vue. A sa famille qui l’a contacté par téléphone, après avoir pris connaissance de son nom cité dans cette affaire, il a affirmé qu’il n’a aucune responsabilité liée au coup de feu.
Propos receuillis par Mamouny Ould El Moctar
Traduit de l’arabe par Ely Ould Maghlah
Source : ANI le 27/01/2012
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