« Bedr Ould Abdel Aziz, fils du président mauritanien, a été entendu ce matin par la police après être accusé d’avoir ouvert le feu sur la jeune fille Raja Mint Weiss Ould Esyadi. L’incident qui a commencé d’une plaisanterie est survenu à Tevragh Zeina (Nouakchott) dans la nuit du samedi à Dimanche. » (http://www.fr.alakhbar.info/2432-0-Affaire-Raja-Arrestation-du-fils-du-president-mauritanien.html ).
L’interpellation d’un fils de président en Mauritanie est d’un caractère si inédit que ce qui s’est passé dimanche 22 janvier 2012 a fait trembler beaucoup de plumistes de la sphère journalistique du pays. Très peu ont osé annoncer la nouvelle à leurs lecteurs. Beaucoup ont hésité et ont attendu sûrement un feu vert…
Ce dimanche là, fidèles à leurs habitudes, certains sites d’informations se sont empressés d’envoyer des messages (SMS) à leurs abonnés pour les tenir au courant que le fils de Mohamed Ould Abdel Aziz avait été interpellé par la police pour avoir tiré à bout portant sur une jeune fille. Il était 12heures passées d’une quarantaine de minutes lorsque, personnellement, je recevais cette courte dépêche de la part des services SMS d’un site très informé. Une minute plus tard, le même service m’envoie un autre SMS pour expliquer que l’affaire était relative à une tentative de viol… A treize heures, je tenais à comprendre l’évolution de ce fait trop divers pour être oublié, mais je suis surpris de constater que les deux SMS sont retirés et que sur le site d’informations, un autre article cite le père de la jeune fille victime du coup de feu. Et dans sa relation des faits qu’il illustre par les propos du paternel de la victime, l’auteur de l’article s’emploie à semer le doute sur le fait que le fils du chef de l’Etat est impliqué.
Il va donc falloir attendre lundi pour que l’information sur la mise en examen du fils de l’homme fort de la Mauritanie soit publiée (à nouveau) par tous les autres y compris ceux qui l’avaient retirée. Après avoir hésité, voilà notre presse qui ose s’exprimer clairement sur un fait divers qui, s’il avait concerné un simple citoyen, aurait été traité avec la plus grande froideur et même avec un engagement tellement musclé…
Pour ceux qui tiennent à redorer le blason d’un chef de l’Etat perçu par une opposition très amère comme le plus grand prédateur de la nation, c’est Mohamed Ould Abdel Aziz lui-même qui a ordonné la mise en examen de son fils. « Pour donner le bon exemple et prouver que nul n’est au dessus des lois. Fut-il le fils du président de la république. »S’enthousiasme un supporter. Ce serait donc pour cette raison que l’information a pu être enfin donnée sans crainte…
Pour ceux que ce fait divers particulier révolte, ce n’est pas seulement le coup de feu tiré sur une jeune fille, mais la possibilité pour un fils de président et de tout autre haut responsable de détenir une arme à feu et se balader avec en toute impunité qu’il faut dénoncer… D’aucuns ont ironisé en ces termes pour rappeler qu’au moment des faits, se tenait un colloque sur « la lutte contre la violence.» Colloque dont Mohamed Ould Abdel Aziz a présidé à l’ouverture officielle des travaux. Alors : « Pendant que le chef de l’Etat donne des leçons aux ulémas et leur intime l’ordre d’éduquer les jeunes, son fils à lui se trouve mêlé à une histoire de coup de feu… », Se moque un esprit libre. Bien plus libre, cet esprit, que nous autres journalistes qui avons pour une fois tremblé à cause d’un coup de feu prêté au fils du chef.
Kissima DIAGANA
Source : kissimadiagana.blogspot.com le 24/01/2012
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