Députés et sénateurs de la COD : Vont-ils continuer à siéger dans la « gazara » parlementaire ?

Le professeur Lo Gourmo.«Si les élections ne sont pas organisées à la date prévue, l’institution concernée est vidée de ses compétences et ne peut, donc, plus fonctionner en organe régulier de l’Etat. Elle devient une sorte de «zombi constitutionnel»

qui, le cas échéant, expédie les affaires courantes mais ne peut plus prendre de décisions nouvelles de nature à engager les intérêts essentiels ou l’avenir de l’Etat et du pays» a déclaré, Lo Gourmo Abdoul de l’UFP, dans une récente interview au journal Le Calame.

Une déclaration de l’UFP rendue publique en décembre 2011, est de la même teneur. II y est écrit : « Fait sans précédent, aujourd’hui toutes les élections arrivées à échéance ont été reportées en violation grossière de la constitution et des autres lois en vigueur, sans autre motif que la convenance personnelle de M. Mohamed Ould Abdel Aziz qui a détruit l’état-civil, a rendu inopérantes les listes électorales, a exclu d’ores et déjà plusieurs dizaines de milliers de Mauritaniens de toute participation politique, à défaut de pièces d’identité valables et compromis la transparence et la fiabilité de toute élection dans le pays. Le parlement et toutes les communes dont le mandat a expiré depuis octobre et novembre ont perdu leur légitimité et, avec eux, le gouvernement qui ne dispose plus de majorité parlementaire légale comme l’exige la Constitution. »

« zombi constitutionnel »

Pourtant, ces institutions qualifiées « zombi constitutionnel » prennent et vont continuer à prendre « des décisions nouvelles de nature à engager les intérêts essentiels ou l’avenir de l’Etat et du pays.» Et, les députés et sénateurs des partis de la coordination de l’opposition démocratique mauritanienne plaidant l’illégitimité du parlement actuel continuent de siéger dans les deux chambres. Continuer à siéger dans une assemblée dont le mandat a été allongé en « violation de la loi fondamentale » n’est-il pas une façon d’entériner cette violation ?
A un moment, il a été question dans la presse du retrait du parlement des élus des partis de la COD n’ayant pas pris part au dialogue. « Je ne suis pas au courant d’une démarche visant le retrait des élus de la COD du parlement » a démenti Moustapha Ould Bedredine de l’UFP sur le site saharamedia. Mieux, il a affirmé, toujours sur saharamedia : « en tant que groupe parlementaire, les élus de la COD vont poursuivre leur travail au niveau de l’Assemblée nationale en tant qu’élus du peuple mauritanien veillant sur ses intérêts et faisant de cela la priorité des priorités.»
« La présente session est anti constitutionnelle » et constitue une « garza parlementaire» a affirmé Nanna Mint CHeikhna, députée RFD au cours d’une plénière de l’Assemblée nationale consacrée à l’examen de la loi sur la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pourquoi alors elle et les autres députés UFP et RFD prennent-ils part a cette « gazra parlementaire ?» « Pour informer l’opinion publique nationale sur ce qui se trame en son intérieur. » Respond Mint Cheikhna. »
Après le coup d’Etat contre Sidi Ould Cheikh Abdallai le six aout 2008, l’opposition, regroupée au sein du FNDD, avait fait du retour à la normalité constitutionnelle un préalable non négociable. Un retrait collectif des élus de l’UFP, du RFD…ferait-il plus de bruit que les notes discordantes de Mint Chekhna et de la poignées d’opposants à l’assemblée nationale ? Ce retrait collectif aura-t-il plus d’impact sur « l’opinion publique nationale et internationale » ?
La COD n’a pas pris part au dialogue pouvoir –opposition. Elle a rejeté les résultats de ce dialogue. Des résultats sur la base desquels seront opérées des reformes constitutionnelles. Et, ces reformes constitutionnelles déboucheront sur des élections.

« Nous n’avons pas encore pris de décision.»
Allez-vous participez aux futures élections législatives et municipales ? En réponse à cette question, un responsable d’un des partis de la Coordination de l’opposition démocratique mauritanienne (COD) a dit : « Nous n’avons pas encore pris de décision.»
UFP, RFD, PLEJ, Tawassoul, PCD… les partis de la COD qui ont fait faux bond au dialogue pouvoir opposition, vont-ils prendre part au scrutin législatifs et municipaux qui seront organisés sur la base des conclusions de ce dialogue ?
Ces partis vont-ils prendre part aux scrutins organisés par une CENI composée seulement de représentants de la majorité et de l’opposition ayant pris part au dialogue ?
Tout porte à croire que les amendements constitutionnels prévus par le dialogue passeront par la voie parlementaire au lieu du referendum. Les sénateurs et députés de la COD vont-ils prendre part à ce vote ?
Autant ces questions sont urgentes, autant, au sein de la COD, on semble peu pressé d’en discuter.
 

Khalilou Diagana

Source: Le Quotidien de Nouakchott

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