Sapeurs pompiers : Entre quatre feux, un devoir flamboyant

L'Association Pompiers Nomades de passage en Mauritanie en juanvier de l'année écouléeQui sont-ils ?Quel rôle jouent-ils dans la protection des populations et de leurs biens ?Des questions que se posent de moins en moins beaucoup de citoyens sur les sapeurs-pompiers, fers de lance de la lutte contre les catastrophes et drames naturels de haute intensité.

Discrets et en retrait de la vie quotidienne, leur présence est facilement reconnaissable à travers le retentissement de l’alarme de secours qui ne laisse pas indifférents les passants… zoom sur une institution qui se modernise.

Le décret n°69.169, créant la Protection civile, a été signé le mercredi 2 avril 1969 par le président Moktar Ould Daddah. Quatre décennies après ce corps s’efforce tant bien que mal dans des conditions souvent difficiles à se jeter dans le feu de l’action préventive et prévisionnelle pour parer aux catastrophes naturelles. Depuis la constitution de la protection civile, 12 personnalités civiles et militaires se sont succédées au sein de sa haute hiérarchie. C’est au mois de septembre 2009 que le Colonel Dahi Ould El Mamy a été porté à la tête de cette institution. Avec lui le budget annuel est passé de 100 millions à 440millions d’ouguiya pour l’exercice 2012. Si le devoir de protéger comporte des risques énormes, la mission des sapeurs pompiers n’est pas comprise comme il faut par les citoyens ; et des jugements peu fondés sont entretenus sur ce corps qui demeure un organe de veille contre les catastrophes. Notre devoir d’informer nous a poussés à livrer des éléments d’enquêtes sur le parcours de cette institution paramilitaire pour mieux éclairer sur ses missions et les nombreux défis qui l’interpellent.
Les activités opérationnelles
Les éléments de la Protection civile, communément appelés sapeurs-pompiers, opèrent principalement dans trois volets : la prévention, la prévision et l’intervention. La prévention consiste à anticiper sur les phénomènes qui pourraient conduire à une catastrophe afin d’éviter l’éclosion d’un sinistre ou à défaut limiter autant que possible les dégâts. La prévision consiste à mettre en place des moyens appropriés et une plateforme de coordination pour atténuer au mieux les conséquences d’une catastrophe. Et l’intervention, qui évidemment est indissociable de la prévision, consiste à engager les moyens adéquats pour faire face aux effets néfastes des catastrophes et déclencher ainsi les mécanismes de gestion et de coordination. La prévention et la prévision ne peuvent pallier à une intervention catastrophique que si les sapeurs-pompiers sont très bien formés, disposent des équipements adaptés et maitrisent les manœuvres sur les champs de l’intervention.
Plus de 1224 sorties effectuées en 2011
Les données recueillies à propos des structures opérationnelles de la Protection civile montrent que 1224 sorties ont été effectuées au cours des trois premiers trimestres de l’année 2011. Pendant le 1er trimestre : 48 feux de maisons, 18 feux de baraques, 10 feux de véhicules, 32 feux d’ordures, 73 accidents de circulation, 57 évacuations sanitaires, 20 services de représentations, 24 autres. Tout au long du 2ème trimestre, les sapeurs-pompiers ont réalisé des opérations sur : 152 feux de maisons, 104 feux de baraques, 58 feux de véhicules, 102 feux d’ordures, 45 accidents de circulation, 11 évacuations sanitaires, 42 services de représentations, 08 autres. Et au courant du 3ème trimestre, ils ont également effectué des opérations de sorties : 48 feux de maisons, 18 feux de baraques, 10 feux de véhicules, 32 feux d’ordures, 59 accidents de circulation, 81 évacuations sanitaires, 32 services de représentations et 74 autres. Ce qui fait un total de 1224 sorties durant ces trois premiers de 2011.

Des batailles qui laissent des traces corporelles

De l’avis du colonel Dahi Ould El Mamy, Directeur général de la Protection civile, ses éléments se sont toujours acquittés de leur mission « avec courage et abnégation au péril de leur vie ». Des missions de sauvetage au cours desquelles, certains soldats du feu se sont donnés la vie pour sauver leurs compatriotes. En 1982, l’Officier Dowfa Lopez a été grièvement brûlé suite à l’explosion d’une bouteille de gaz de 12 kg lors de sa mission de sauvetage de l’incendie du marché de la Capitale. Les Sous-officiers Maouloud Ould Meissa et Ahmed Haïdara se sont illustrés sous le commandement du feu l’officier Ly Hamat Oumar. Et les Sous-officiers Camara Mamadou et Sy Brahim ont été tragiquement brûlés en 1988 en sauvant une victime de sable mouvant à Tounsouilim.

Un arsenal d’intervention mobilière et immobilière

La Direction générale de la Protection civile dispose désormais d’importants moyens matériels mis à sa disposition par les autorités publiques. Auparavant les moyens matériels provenaient en majorité d’équipements réformés et cédés sous forme de don par des pays amis tels que la Principauté de Monaco et la République Fédérale d’Allemagne. Mais depuis 2005, L’Etat mauritanien met annuellement une enveloppe d’environ 100.000.000UM à la disposition de cette institution pour l’acquisition de camions de lutte contre les incendies et de véhicules d’intervention rapide. Cinq types d’équipements ont été inventoriés par le Colonel Dawfa Lopez qui déclare que : «Le Gouvernement a mis à la disposition de notre Institution d’importants moyens matériels à la veille de la célébration de la fête des Forces armées et de la Sécurité le 25 novembre passé : 10 camions de lutte anti-incendie, 07 ambulances, 27 véhicules et engins utilitaires, 02 groupes électrogènes et 02 motopompes». Quant à l’inspecteur Mohamed Lemine Ould Moulaye Ely, le Directeur de la Logistique et des Infrastructures, il a énuméré une Direction régionale et 4 centres de secours dans la wilaya de Nouakchott : le centre de secours de Teyarett, celui secours d’El Mina, de Toujounine et le centre de surveillances des plages et baignades. Il a également indiqué qu’il y a une direction régionale dans les villes de Nouadhibou, Rosso et Néma.

Encadré
Fausses et alertes et mauvaises adresses
Les fausses alertes déclarées par des personnes anonymes sont fréquentes et préjudiciables à la mission des soldats du feu. Les coups de fils sont dans les normes des motifs de déplacement des pompiers toujours sur le qui-vive. Il arrive aussi que l’adresse fournie soit mal définie pour orienter l’intervention. De telles situations retardent l’arrivée sur les lieux des équipes de secours rendant du coup lents les premières urgences. Par ailleurs, certains endroits d’accès difficiles peuvent bloquer le déploiement des véhicules citernes et exposer à cet effet les pompiers à des risques très grands. Les accidents subis par ces hommes de feu sont souvent liés à ces circonstances. Il y a quelques années, un incendie a ravagé une partie du marché de la capitale. Les véhicules de secours ont été gênés par les obstructions causées par les étales de fortune qui cernaient les lieux du sinistre. Au lieu de chercher à situer certains échecs dans les missions des sapeurs pompiers, les citoyens ont l’habitude de tourner en dérision un corps sans lequel les dégâts seraient encore plus lourds. Cette vision peu courtoise à l’égard de ceux qui sacrifient leur vie pour sauver d’autres mérite bien d’être corrigée pour rendre plutôt hommage à ces braves hommes.

Camara Mamady

Source: Le rénovateur quotidien

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