Attaque en Guinée-Bissau: 25 militaires détenus présentés à la presse

Le chef de la Marine José Américo Bubo Na Tchuto, le 12 juillet 2008 à Banju (AFP)BISSAU — Vingt-cinq militaires bissau-guinéens, dont le chef de la Marine José Américo Bubo Na Tchuto, détenus pour leur implication présumée dans l’attaque du 26 décembre contre l’armée de leur pays, ont été présentés jeudi à la presse à Mansoa et Bissau, a constaté un journaliste de l’AFP.

Il s’agit d’officiers et d’hommes de troupe, dont la plupart servaient dans la Marine, selon des sources militaires qui ont précisé à l’AFP qu’aucun civil n’avait été arrêté pour cette attaque. C’est la première fois qu’un chiffre est communiqué pour les arrestations depuis l’assaut, qualifié de « tentative de coup d’Etat » par le gouvernement.

La visite aux prisonniers a été organisée par la Ligue bissau-guinéenne des droits de l’homme et une coalition de 30 ONG de la société civile. Elle était encadrée par des militaires armés.

Le contre-amiral Bubo Na Tchuto est détenu à Mansoa (60 km au nord de la capitale), les 24 autres sont répartis dans quatre cellules dans une base aérienne à Bissau. A ces 25 détenus présentés à la presse, s’ajoute au moins un officier, le général Watna Na Lai, blessé et admis à l’hôpital. Il demeurait hospitalisé jeudi.

Le chef de la Marine, dont l’arrestation avait été annoncée par l’armée le 26 décembre, était en tenue de sport, et ne présentait aucune blessure apparente. Il a affirmé aux responsables d’ONG avoir « encore le moral » mais s’est plaint de ses conditions de détention, dans un bureau de la garnison de Mansoa transformé en cellule d’une vingtaine de mètres carrés.

« Depuis que je suis ici, je n’ai pas encore rencontré mon médecin. Et je souffre d’hypertension. De plus, il y a quatre jours que je suis ici, je n’ai vu aucun membre de ma famille, ni même mon épouse. (…) Quand elle m’envoie des repas, je ne les reçois jamais », a-t-il dit.

A Bissau, les journalistes ont vu 24 autres détenus à la base aérienne de Bissalanca, un quartier dans le nord de Bissau, proche de l’aéroport. La presse n’a pas été autorisée à leur parler. Selon leurs témoignages rapportés par des responsables de la société civile qui se sont entretenus avec eux à huis clos, ils se sont également plaints de leurs conditions de détention « dans des cellules très petites, mal éclairées, avec des toilettes très sales, sans eau courante ».

« Nous allons en informer les autorités militaires pour que leurs conditions de détention soient améliorées. (…) Dès demain (vendredi), je discuterai avec le chef d’état-major général Antonio Indjai de l’envoi d’un médecin auprès du contre-amiral Bubo Na Tchuto », a déclaré à la presse Luis Vaz Martins, responsable d’une des ONG ayant organisé la visite.

« Aucun d’entre eux (les prisonniers) n’a encore été présenté devant un juge d’instruction » militaire, « certains ont des blessures légères, généralement des contusions, reçues pendant leur arrestation, ils ne sont pas blessés par balle, mais par des coups de crosse », a précisé M. Vaz Martins.

Le journaliste de l’AFP a vu parmi les prisonniers de Bissau un des deux militaires – un sergent et un caporal – qui avaient été conduits par l’armée jeudi matin de leur cellule à leurs domiciles dans un quartier du nord de la capitale pour des perquisitions.

Cette fouille a abouti à la saisie de nombreuses armes et munitions: 30 kalachnikovs, trois lance-roquettes, une mitrailleuse, six caisses d’obus, trois caisses de lance-flammes, huit gilets pare-balles et de nombreuses munitions, dont des balles pour fusils d’assaut, ont été récupérés et transportés à l’état-major.

Ex-colonie portugaise, la Guinée-Bissau est confrontée depuis son indépendance, en 1974, à des violences récurrentes dans lesquelles les soldats sont des acteurs importants.

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