« Le droit au retour » est un rêve auquel aspirent près de 5 millions de Palestiniens résignés à l’exil depuis la « nakba », la création de l’État israélien en mai 1948.
La plupart d’entre eux n’ont jamais posé les pieds sur leur terre natale. Aucun souvenir donc, mais des histoires héritées de génération en génération, une clé rouillée de leur maison abandonnée, des photos – s’ils sont assez chanceux –, et le rêve immuable de voir un jour la Palestine libérée de toute occupation.
Tous les ans – depuis 64 ans –, l’ONU renouvelle la résolution 194 qui dispose que « les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins devraient y être autorisés le plus vite possible ». Mais aucun gouvernement israélien n’a jusqu’à aujourd’hui approuvé l’application du « droit au retour », considéré comme une menace à « l’identité juive » d’Israël.
Cette réalité, aussi désespérante soit-elle, n’a toutefois pas réussi à décourager les Palestiniens qui continuent d’espérer qu’un jour, ils pourront enfin rentrer chez eux.
À quoi ressemblera ce jour-là ? Que feront-ils ? Où iront-ils ?
Pour répondre à ces questions, le site whenireturn.org invite réfugiés et exilés palestiniens à se laisser aller dans leur imagination. Cette campagne, lancée il y a quelques mois par un groupe de Palestiniens vivant aux États-Unis, vise non seulement à « dénoncer la nakba (…), mais aussi à redonner un souffle à l’esprit révolutionnaire du peuple palestinien, qui est resté attaché à sa cause en dépit de tous les obstacles ». « Nous vous demandons d’imaginer, pour un instant, que la Palestine est libre aujourd’hui et que vous venez d’y retourner, écrivent les organisateurs. Que feriez-vous ? Où voudriez-vous aller? (…) Prenez le temps de méditer sur ce jour historique pour lequel nous luttons depuis si longtemps. »
Textes, photos, vidéos, dessins… Tous les moyens sont permis pour exprimer ses pensées. Les internautes sont d’ailleurs nombreux à avoir réagi. Du Canada aux Émirats arabes unis, en passant par la France, le Liban et les États-Unis, à chacun son histoire :
« Le jour où je rentrerai en Palestine, j’irai directement visiter la vieille ville de Naplouse avec ma mère et ma sœur où nous achèterons des sucreries et des fruits. Maman nous fera visiter les lieux, mais, cette fois, elle sera libérée de la peur qui la hantait il y a longtemps. Nous irons ensuite faire le tour de tout le pays, un village à la fois. (…) Nous irons en voiture et je sortirai ma tête par la fenêtre pour respirer l’air frais de la liberté.
Après, je pourrais peut-être enseigner à l’université, ou bien ouvrir une salle de cinéma, ou même travailler pour le gouvernement ! Qui sait ? (…) »
Reem, Égypte, originaire de Naplouse
« La Palestine sera libérée grâce à ma génération. (…) Enfants, nous avons grandi en regardant nos maisons brûler sur de larges écrans de télévision. (…) Nous avons refusé d’hériter les échecs de nos parents. Nous sommes sourds aux défaites qui les ont réduits au silence. Ma génération a brisé le cauchemar de 1967 en jetant Moubarak en prison, en libérant Tripoli, en secouant Damas et en capturant Sanaa. (…)
Le jour où la Palestine sera libérée, j’embrasserai le front de ma mère avant qu’elle n’aille prier dans la mosquée d’al-Aqsa. (…) Et ce n’est qu’à ce moment-là que je serai enfin capable de dormir en paix… »
Bilal Ahmad, Saskatchewan, Canada
« Je veux participer à l’éducation d’une nouvelle génération de jeunes Palestiniens libérés des barrages et de la peur. Je veux bâtir une société qui parvient à s’exprimer librement à travers la musique, l’art, la science et les lettres. »
Shereen Nasser, États-Unis
« Quand je rentrerai en Palestine, je construirai une maison en paille sur une colline tranquille. »
Mohammad Abou al-Ola, Gaza
« La première chose que je ferai, c’est montrer à mes petits-enfants la maison où j’ai grandi. Je leur raconterai les plus beaux souvenirs que j’ai de la Palestine avant notre expulsion en 1948. Je veux y passer le restant de mes jours. Et après ma mort, je veux qu’on m’enterre près de mes ancêtres dans l’église orthodoxe de Haïfa, en Palestine. »
Sleiman Ibrahim Seikaly
« À mon retour, je libérerai les oiseaux de leur cage et je planterai des oliviers (…). Je revivrai l’enfance qu’on m’a volée… Je chanterai… Je danserai… Je pleurerai. »
Arwa Shurab, Mississauga, de Tulkarm
Rania Massoud
Source : L’Orient le Jour le 21/12/2011
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