Un idéologue du djihad détenu en Mauritanie

Les autorités mauritaniennes sont déterminées à tarir les sources idéologiques qui alimentent les courants radicaux.

Les forces de sécurité mauritaniennes ont lancé la semaine dernière une vaste opération à Nouakchott, portant un coup sévère aux groupes salafistes djihadistes. Dix-neuf suspects ont été appréhendés, parmi lesquels un important sympathisant d’al-Qaida.

Cette opération, lancée le 22 novembre, a été rendue possible grâce à des informations obtenues auprès d’un groupe de surveillance de la menace terroriste dans le pays. Selon des sources proches des services de sécurité, ces suspects planifiaient d’importantes opérations terroristes à l’occasion de la Journée de l’Armée mauritanienne, le 25 novembre, lors de laquelle a eu lieu le plus important défilé militaire dpuis l’indépendance du pays.

Dix-neuf salafistes soupçonnés d’être affiliés à al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) ont été appréhendés. Parmi eux se trouve Mohamed Salem Ould Mohamed Lemine, alias Almajlissi, libéré l’an dernier lors d’une grâce présidentielle après avoir passé trois ans en prison pour avoir lancé une fatwa adressée à trois jeunes salafistes, rendant admissible le fait de viser des ressortissants français. Cette fatwa avait été à l’origine de l’attentat terroriste d’Aleg en 2007, qui avait coûté la vie à quatre touristes français.

Les services de sécurité soupçonnent Almajlissi d’avoir recruté des jeunes à Nouakchott pour des organisations armées opérant dans le désert.

Ils le soupçonnent également d’être le moufti de la brigade Ansar Allah Almourabitoun. Almajlissi avait refusé de participer à un dialogue entre des érudits religieux et les prisonniers salafistes. Il avait également refusé de bénéficier d’un prêt de l’Etat après sa libération.

En mai, Almajlissi avait défié les responsables de la sécurité et organisé des prières en mémoire d’Oussama ben Laden à la mosquée d’al-Shorafaa après que l’imam de cette dernière, Mohamed Lamine Ould al-Hasan, se fut retiré pour éviter tout problème.

« Nous aurions aimé placarder des affiches et rassembler les gens pour participer à ces prières », avait déclaré Almajlissi. « Néanmoins, de nombreuses personnes sont venues et nous avons coordonné nos efforts avec ceux de certains de nos frères présents, qui ont prié pour le salut d’Oussama ben Laden. »

Cette prière avait attiré un grand nombre de partisans de l’idéologie salafiste. Les autorités religieuses de Mauritanie n’étaient pas présentes et n’avaient pas encouragé ce rassemblement.

Dans ses sermons radicaux à la mosquée Badah Ould Busayri, Almajlissi s’en était violemment pris à l’Occident et avait insisté sur le fait que « les Musulmans ne doivent pas aimer les infidèles ». Si ses enseignements avaient attiré quelques jeunes désabusés, ils étaient toutefois nombreux à estimer qu’ils contrevenaient aux valeurs fondamentales de l’Islam, comme la coexistence et la tolérance.

Au cours des cinq dernières années, AQMI a utilisé la Mauritanie comme une base arrière de recrutement de combattants, s’appuyant sur des prêcheurs locaux pour parler aux jeunes et les convaincre de former une communauté de sympathisants. A cet égard, la récente opération constitue un coup sévère porté à l’idéologie extrémiste.

Les agences de sécurité du Sahel se sont récemment prononcées en faveur de la démolition des puits qu’utilise AQMI pour s’approvisionner en eau le long de la frontière entre la Mauritanie, l’Algérie et le Mali. Une telle mesure aurait le même impact que le fait de s’en prendre au idéologues radicaux, dans la mesure où elles visent toutes deux à tarir les sources dont dépendent les groupes djihadistes.

Raby Ould Idoumou

Source  :  Magharebia le 01/12/2011

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