La Libye impose des visas aux Mauritaniens et aux Algériens

La Libye a décidé de durcir les conditions d’entrée sur son territoire pour les Algériens et les Mauritaniens, ce qui, selon les experts, est susceptible de saper les efforts de construction d’un Maghreb uni.

Les citoyens algériens et mauritaniens ne pourront plus bénéficier de conditions d’entrée libre en Libye. Le Conseil national de transition (CNT) a en effet retiré les citoyens des deux pays de la liste des Etats qui bénéficient du régime des exemptions de visa sous l’ancien régime, a récemment rapporté le quotidien algérien Echorouk.

Le gouvernement mauritanien a reconnu le CNT il y a moins de deux semaines. Cette décision a été prise « au vu de la formation du nouveau gouvernement libyen sous l’autorité du Dr Abdurrahim El Keib », a annoncé le gouvernement dans un communiqué publié le 24 novembre.

La Mauritanie a fait part de « son soutien au développement et aux efforts de construction prenant place dans un pays frère, ainsi que de son empressement à oeuvrer côte à côte avec le nouveau gouvernement libyen pour améliorer la coopération et le partenariat entre les deux pays, pour amorcer le début nouveau d’une action maghrébine conjointe. »

Seuls les Tunisiens bénéficient encore du régime d’exemption de visas.

Des instructions pratiques ont été données aux autorités douanières pour « commencer à retirer des listes un certain nombre de pays arabes » qui pouvaient librement entrer en Libye sans obtenir de visas auprès des ambassades libyennes, a rapporté le 12 novembre Echourouk. Les ressortissants syriens et égyptiens sont eux aussi soumis à des régulations de visa.

Ces restrictions sont d’ores et déjà entrées en vigueur. Selon le site mauritanien aqlame.com, Royal Air Maroc a refusé, il y a deux semaines, de laisser monter à bord de ses avions pour la Libye des citoyens mauritaniens « sous prétexte que la compagnie avait des ordres émanant de son administration centrale de ne pas faire entrer sur le territoire libyen des Mauritaniens sans visa d’entrée ».

« L’ambiguïté de cette question est à l’origine de nombreuses confusions et de beaucoup d’embarras chez nos clients », auraient dit, selon le site, des agents de voyage mauritaniens. « L’ambassade de Libye à Nouakchott dit qu’elle ne dispose pas d’informations concernant l’imposition de conditions de visa pour les Mauritaniens souhaitant se rendre en Libye. Tunis Air accepte de faire voyager des Mauritaniens, tandis que Royal Air Maroc déclare détenir des instructions de ne pas les transporter sans visas ».

Ces nouvelles règles auront un impact particulier sur les étudiants poursuivant leurs études en Libye.

« Je suis revenu en Mauritanie quand la crise libyenne a éclaté », dit à Magharebia Mohamed Ali Ould Ahmed, étudiant en médecine. « Je souhaite fortement revenir en Libye pour y achever mes études. Au coeur de la nouvelle Libye, j’espère vivre dans une atmosphère d’acceptation des frères venus des pays voisins ».

Les observateurs politiques, pour leur part, mettent en garde contre le danger que constituent les restrictions de visa dans la perspective de construction d’une union du Maghreb.

« Ce n’est pas dans l’intérêt du gouvernement libyen de perturber l’atmosphère de l’Union du Maghreb, parce que cela serait désastreux pour ses relations avec les pays arabes et maghrébins, à un moment où l’Algérie et le Maroc tentent de dépasser les difficultés qui ont toujours été considérées comme des obstacles entravant l’unité du Maghreb, en raison du problème du Sahara occidental », explique l’analyste mauritanien Didi Ould Lemrabet.

« Les populations du Maghreb cherchent à réparer les relations entre leurs pays après la mort de Kadhafi », ajoute-t-il.

Cette annonce survient au moment où les efforts se sont intensifiés afin de rétablir les liens entre l’Algérie et le Maroc et d’accélérer les actions entreprises en faveur de l’Union du Maghreb arabe (UMA). « Nous trouverons très bientôt la route qui nous mènera vers quelque chose dont nous rêvons tous, pas seulement des relations bilatérales entre l’Algérie et le Maroc, mais également cette ambition que nous nourrissons pour le Maghreb », a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci après s’être entretenu avec son homologue marocain Taieb Fassi Fihri en marge du Forum de coopération arabo-turc. Les deux hommes ont reconnu qu’il était « urgent » de réunir le conseil des ministres du Maghreb arabe pour évoquer les sujets de la coopération et de l’intégration du Maghreb, a annoncé Amar Belani, porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères.

Jemal Oumar

Source  : Magharebia le 30/11/2011

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page