Tourisme: Un «quatrième pilier» jamais vraiment élevé

Depuis belle lurette que les gouvernements successifs annoncent le tourisme comme le «quatrième pilier» de l’économie mauritanienne, force est de reconnaître que jamais, ce secteur de l’économie n’a franchement décollé.

«J’ai commencé à travailler dans le secteur du tourisme en 1992. Depuis, c’est bien la première crise d’envergure et d’aussi longue durée, de cette économie, à travers notamment l’image du pays écornée par l’implantation d’AQMI dans la zone du Sahel, et par les turbulences politiques et sécuritaires de ces dernières années» affirme sans ambages la cinquantaine bien campés, Mohamed Salem Bontemps, directeur général de Bontemps Voyages. Pour lui, l’embryon de tourisme développé en Mauritanie, notamment dans l’Adrar, est le fait de l’initiative privée, et considère que l’état n’a jamais franchement étudié et initié un plan d’action pour élever ce quatrième pilier de l’économie.

Mohamed Lemine Boukreiss, directeur de l’agence de voyages Bic Tours, ne verse pas dans l’optimisme non plus, à moyen terme en tout cas. Il déplore surtout la mise en chômage technique, de tout un éventail de professionnels du secteur, résultant de la crise persistante depuis bientôt trois ans maintenant: «Il ne faut pas oublier que le tourisme fait travailler en Mauritanie une dizaine de corps de métiers, entre les artisans, les vendeurs, les guides… Et la crise actuelle rend leur situation très précaire».

Quant à Sidi Ahmed Ould Boubacar, directeur général de MKH, filiale de MKT, pour le secteur de l’hôtellerie, il va dans ce sens et tranche sans rentrer dans les détails, que «l’impression générale est à une tendance à la baisse de l’afflux de touristes».

À l’office national du tourisme, la discrétion est à l’ordre des jours. Depuis l’instabilité politique résultant du coup d’état de l’été 2008, et les escarmouches répétées d’AQMI en territoire mauritanien, aucune communication digne de ce nom n’a été mis en branle par cet organe, ou son ministère de tutelle. Et ces risques sécuritaires sont concentrés à l’est mauritanien, dans la région de l’Adrar, qui était la quasi-unique destination touristique du pays.

Une expérience encore embryonnaire

La Mauritanie a réellement commencé à mettre en place un plan pour la promotion et la pérennisation du tourisme en 1996. Mais malgré cette volonté politique affichée de faire de ce secteur un des piliers de l’économie mauritanienne, et viser ainsi la diversification des ressources du PIB, la promotion des atouts géographiques, la qualification des acteurs privés et publics a toujours manqué.

Le secteur a longtemps souffert et souffre encore de l’image de la destination Mauritanie exclusivement basée jusqu’ici sur le mono produit «randonnées dans le désert» aujourd’hui éprouvé par une concurrence régionale accrue, au-delà des questions sécuritaires. «La Mauritanie présente néanmoins des potentialités incontestables, comme celle de pouvoir développer l’écotourisme dans les zones des parcs nationaux en bord de mer» explique Soulé Abdou Diarra, communicant sur le tourisme.

Pour lui, «l’administration nationale du tourisme a ce devoir de tout planifier, et d’aller chercher des touristes. Pour cela, la voie la plus adéquate ne serait pas que de prendre part à des salons de tourisme à l’étranger sans programme mais c’est surtout d’en organiser et d’inviter les opérateurs de tous les continents. Car aujourd’hui et au fait, selon nos analyses, la seule chose qui vaut est de convaincre de la stabilité politique de notre pays, cette stabilité aujourd’hui réelle mais sur laquelle on a du mal à communiquer ».

Un plan du gouvernement pour 2011-2016

Pour le secrétaire général du ministère du commerce, de l’industrie, de l’artisanat et du tourisme, Abderrahmane Ould Ahmed Ethmane, le tourisme va croître progressivement en Mauritanie. «Le secteur envisage de créer de nouvelles destinations touristiques dans les localités du sud du pays et les réserves naturelles qui contribuent dans la préservation du milieu environnemental et biologique, en plus de l’organisation d’activités servant la culture, les arts, la musique et l’art culinaire» affirme-t-il.
C’est une des analyses qu’on peut faire de la mission que la direction du tourisme vient d’entamer, afin d’évaluer «les infrastructures touristiques à Nouakchott et Nouadhibou».

Dans son plan d’actions pour la période 2011/2016, le ministère des affaires économiques et du développement espère promouvoir ce secteur, et valoriser son potentiel économique. «L’atteinte de cet objectif sera visée à travers la mise en place d’infrastructures de base particulièrement dans le domaine de la formation avec la création d’une école d’hôtellerie et la diversification de l’offre touristique par le lancement de nouvelles destinations» explique un des points de ce plan.

Mamoudou Lamine Kane

Source  :  Noor Info le 07/11/2011

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