La journée mondiale de lutte contre la pauvreté a été commémorée dans notre pays le 17/10/2011 à Nouakchott. Organisée dans les locaux de la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques par le Ministère des affaires économiques et du développement (MAED), en collaboration avec le PNUD, elle fut tenue sous le thème « de la pauvreté à viabilité :
les personnes au sein d’un développement sans exclusion ».
Des exposés et débats sur le 3ème Cadre Stratégique de la Lutte contre la Pauvreté (CSLP) ont marqué cet évènement qui est résumé par l’intervention, à l’ouverture, de M. Sidi Ould Tah, Ministre des affaires économiques et du développement. Thème que Mme Coumba Gadio, représentante du PNUD a renforcé en renouvelant l’engagement de son institution à continuer à agir en faveur du développement durable en Mauritanie par la promotion d’une croissance économique favorable aux pauvres.
Seulement, l’association d’un auditoire de jeunes étudiants, théoriquemnt bonne, ne pouvait en aucun cas prendre la place irremplaçable et éminente des ONG Nationales dans un contexte qui leur est le plus approprié.
L’absence d’une réelle implication des ONG Nationales témoigne d’une erreur monumentale d’appréciation du contexte de mise en œuvre de programmes taillés à leurs mesures, au lieu de les relier directement à la conception des programmes, aux stratégies de développement, à l’encadrement, à l’exécution et au suivi-évaluation.
En somme, une méprise injustifiable qui révèle la distance que prennent l’administration et les autorités étatiques de la communauté société civile, malgré l’approche conceptuelle coutumière.
Pourtant, Monsieur le Président de la République avait insisté sur la nécessité d’impliquer effectivement les ONG, les Associations féminines, les Organisations socioprofessionnelles et syndicales Nationales, surtout celles qui ont réalisé des actions pertinentes et pérennes dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, l’offre de l’eau l’agriculture, la santé, la sensibilisation, la réhabilitation de l’environnement, la défense des intérêts des populations, l’intégrité du milieu face aux facteurs de la dégradation exponentielle et la pollution générée par les industries extractives et de production.
Malgré ces orientations claires, bâties sur un constat pertinent et une analyse lucide, les autorités et les cadres concernés continuent de concevoir les politiques dites de lutte contre la pauvreté et le développement durable en l’absence de la société civile.
Et tant que cette politique est suivie le développement, la lutte contre la pauvreté et la préservation de l’environnement resteront mots creux, puisque la marginalisation de la société civile signifie l’écartement de l’immense majorité des populations cibles en étroite relation avec celle-ci.
Pour résumer et dépasser les manquements flagrants nous sollicitons :
L’implication systématique de la société civile (ONG) à l’élaboration des politiques de développement socioéconomique et la lutte contre la pauvreté et la sauvegarde d’un environnement sain.
L’élaboration de stratégies plus positives tenant compte des réalités des populations et des composantes sociales les plus déshéritées et non des programmes stéréotypes, copiés sur des modèles mondiaux ou régionaux, loin des réalités civilisationnelles et socioéconomiques locales.
L’orientation des stratégies du CSLP vers un modèle qui favorise l’intégration locale, à travers l’implication des populations, au lieu de dédoubler les politiques sectorielles bâties dans l’absolu sur des stratégies macro économiques.
Les stratégies du CSLP doivent intégrer de manières systématiques les actions des ONG Nationales de développement, elles qui sont les plus proches des populations et des programmes cibles.
Les partenaires au développement, et surtout l’Union Européenne, la Coopération allemande (GIZ) et d’autres guichets, devraient favoriser l’accès souple, rapide, transparent et équitable aux financements des ONG Nationales impliquées aux programmes de développement durable en contact avec les populations déshéritées, en priorité, au lieu de favoriser les secteurs étatiques classiques, l’informel ou le privé.
Les ONG Internationales, opérant dans le pays, doivent accompagner et favoriser l’émergence des ONG Nationales, au lieu d’instaurer la concurrence défavorable à celle-ci. En réalité, cette situation ne fait que contribuer à leur agonie.
BOUMOUZOUNA
Chargé de Communication de la Société Civile
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