« Quand tu travailles, que tu gagnes un salaire, tu es déjà perdant. Ceux qui s’enrichissent sont ceux qui ne travaillent pas et se contentent de spéculer ».
Cette petite phrase résume à elle toute seule l’ambiance qui régnait ce samedi 15 Octobre à Nouakchott devant l’Ambassade d’Espagne.
Une poignée d’Indignés Espagnols, environ une quinzaine, avait décidé de participer à leur façon à la Journée Mondiale des Indignés qui prévoyait des manifestations dans 950 villes dans le monde. Provoquant l’étonnement des passants et des voitures. Cette fin d’après midi là, Nouakchott avait, modestement certes, pris le visage de l’indignation mondiale…
Un petit groupe sympathique de jeunes membres d’ONG, brandissant des panneaux « faits maison » sur lesquels ils exprimaient leur ras le bol de la crise mondiale, de l’ordre économique actuel, des politiques mondiales….
« La rue appartient au peuple », « ce qu’ils appellent la démocratie, nous nous l’appelons le capitalisme »….
M. expliquait qu’ils leur fallait être là en ce jour symbolique, qu’il était temps que les différents pouvoirs entendent les peuples. Que ce n’était pas normal que ce soit les citoyens qui paient les pots cassés pour les banques. Qu’un autre monde est possible.
« Ce mouvement est apolitique. Il n’y a pas de partis. Il y a juste des citoyens ordinaires qui veulent prendre leur avenir en main et ne plus laisser les politiques décider pour eux », expliquait encore M., « le pouvoir c’est nous. Regardez ce qui se passe en Grèce, en Irlande, en Italie, aux Etats Unis, en Espagne. Le mouvement fait tache d’huile. Nous payons pour les banques, nous payons un libéralisme sauvage, nous payons pour des démocraties qui n’ont de démocraties que le nom… tout ça doit finir. On doit entendre les citoyens. On peut réinventer des sociétés ! »
Alertés par le regroupement des forces de l’ordre ont débarqué, affolées. Il fallut expliquer que la manifestation ne concernait pas la politique mauritanienne, ne comptait pas arpenter le goudron, juste manifester devant l’ambassade d’Espagne environ une heure puis se disperser.
Un membre des services de sécurité espagnols vint aussi à la rencontre des « Indignés » nouakchottois, parlementa avec eux puis, repartit dans l’ambassade.
Au bout d’une heure les Indignés espagnols rangèrent leurs pancartes, promettant d’être là encore et encore, en solidarité avec les millions d’Indignés qui manifestèrent ce jour là dans le monde, s’étonnant, à voix basse, que les Mauritaniens ne participent pas à ce mouvement…
Mariem mint DERWICH
(Photos : Vlane)
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