ALAKHBAR (Nouakchott) – Dans un câble américain révélé par Wikileaks, Sidi Ould Cheikh Abdellahi définit la position des militaires, par rapport à son renversement par Ould Abdel Aziz.
L’ancien président mauritanien estime, d’après le câble, que « la plupart des leaders militaires ne soutiennent pas le coup. Ce en dépit des efforts que déploie Aziz pour attirer davantage de soutiens. Il fortifie sa thèse en notant que Ghazwany « bien formé et sophistiqué » comparé à Aziz, s’était excusé auprès de lui de l’action de Aziz.
Ould Cheikh Abdellahi ajoute, au passage, que certains prennent Ghazwany de quelqu’un d’une bonne intention, persuadé de pouvoir modérer Aziz en restant à ses côtés. Mais d’autres le considèrent comme « faible est poltron ». Ould Cheikh Abdellahi souhaiterait, dit-il, le premier qualificatif, mais estime que le second était plus probable à Ghazwany. Quant au Général Hady, il serait quelqu’un qui tue pour régner, selon le jugement Ould Cheikh Abdellahi rapporté par le câble daté 10 décembre 2008 et signé Hankins
Un contre tous
Ould Cheikh Abdellahi s’entretenait avec Hankins, chargé d’affaire à l’ambassade américaine à Nouakchott. Il expliquait au diplomate que « Aziz deviendra de plus en plus radical et isolé s’il continue de s’accrocher au pouvoir. Cette attitude provoquerait même un nouveau coup d’Etat contre ce dernier.
Toutefois le président renversé poursuivait qu’Aziz « est en train de soutenir ouvertement sa petite tribu, contre les autres. Il mène également une guerre des tranchées avec d’autres tribus significatives comme les Smassid qui résisteraient devant d’autres tribus qui ne leur sont pas affiliées.
Effusion de sang
Cependant de l’autre coté, les mauritaniens, du point du diplomate américain, parlaient d’un malaise du régime et réduisaient les chances de Aziz de rester au pouvoir.
« Ils évoquaient trois scénarios, explique-t-il, : Un « coup de palais », auquel les militaires, les plus proches de Aziz, ses soutiens politiques, financiers et tribaux le pousserait à l’exil. Un contre coup » bénin », mené par le Géneral Ghazwani qui forcerait Aziz à quitter avec risques limités de violences.
Le pire reste, cependant, le troisième scénario : un « mauvais » contre coup, mené par le Général Hady, qui entraînerait une effusion de sang et aboutirait à un établissement d’une dictature militaire, selon un autre cable daté 12 février 2009 et toujours signé Hankins.
Hady » capable d’ordonner la torture »
Plus loin, l’ancien président explique que « les militaires savaient que j’étais très mécontent de la décision » de la Cour suprême de remettre en liberté des présumés terroristes en juin 2007. Mais notre unique option était de faire appel. Et sur ce point, j’ai fait face à une résistance répétitive des militaires. Ils refusaient de coopérer avec le ministre de la justice ». Ould Cheikh Abdellahi s’était donc rendu compte « de l’inefficacité de faire appel », selon le câble.
Par ailleurs, Ould Cheikh Abdellahi abordant un »rapport d’Amnesty International sur la torture en Mauritanie, rappelle qu’une fois pris fonction, il a ordonna qu’on ne fasse pas recours à la torture lors des interrogatoires. Mais affirme qu’en dépit de ses ordres, Hady était capable d’ordonner la torture. Ceci pendant que lui disait Ghazwany « Je ne cache pas le fait que la torture était utilisée, mais nous allons respecter votre choix ».
Lire les documents (PDF) :
– MEETING WITH PRESIDENT ABDALLAHI – A VERY LONG TERM STRATEGY
– MAURITANIA: SIX MONTHS AFTER THE COUP
Source: Alakhbar
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