Pouvoir – Opposition : Quand le dialogue débouche sur le partage du pouvoir

dialogue_rim_092011_1Les résultats du dialogue politique, tels que connus actuellement, sont à la hauteur des espérances, si on les juge en fonction des préjugés qui donnaient ce dialogue pour mal parti.

Certes, ce qui a été convenu entre la Majorité et l’Opposition est loin de l’Idéal, à l’aune de ce que veulent les vrais démocrates et de ce que réclame l’opposition qui n’a pas pris part au dialogue, mais ce qui a été convenu pourrait servir de base à d’autres avancées vers une gestion plus rigoureuse des affaires de l’Etat. A moins qu’il ne s’agisse, comme cela se chuchote déjà au sein des officines politiques, d’un arrangement entre hommes politiques des deux bords pour une autre forme de partage du pouvoir.

Tout porte à le croire. La plupart des points de l’accord portent sur les aménagements à apporter au niveau de la chambre basse du parlement (Assemblée nationale) et de l’organisation des futures élections. Car, finalement, les autres points relatifs à la limitation des pouvoirs du président de la République – et donc à l’élargissement des prérogatives du Premier ministre – ainsi qu’à la place de l’armée continuent à se couvrir du voile de l’opacité. Certes, l’Accord fait la part belle au Premier ministre, rééquilibre les rapports entre le pouvoir Exécutif et le pouvoir Législatif, mais il ne touche pas au fond des questions qui fâchent. Le Basep (sécurité présidentielle) acquiert même une sorte de justification existentielle  » à moyen et long termes en sortant du cadre de l’armée pour entrer dans celui, reconnu de fait, de  » forces spéciales).

D’un autre point de vue, le package de  » résolutions « , dont l’élargissement des prérogatives du Premier ministre, qui devient de ce fait chef du gouvernement et engage sa responsabilité devant le parlement, ne comporte aucune garantie quant à leur application stricte. D’aucuns pensent même que c’est un peu le même  » style «  de l’accord de Dakar, rondement mené mais dont l’application des termes fût l’objet des prémices de la crise actuelle. Que le Premier ministre soit responsable devant le Parlement est une idée de génie, une avancée démocratique considérable qui soustrait le Gouvernement à la pression des cercles obscures du Pouvoir, mais qu’est-ce qui garantit, réellement, que le mécanisme de désignation et de  » validation  » par le président ne va pas engendrer une  » fronde «  de la même nature que celle qui a emporté le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ? Cela peut ne pas arriver avec un Ould Abdel Aziz (qui a réussi à  » sauver «  le Basep des réformes du dialogue), réputé homme de poigne auquel la Majorité obéit au doigt et à l’œil, mais, sur le long terme, le régime semi-présidentiel qu’on propose aux mauritaniens peut être l’origine d’une instabilité et d’un désordre pires que les blocages dus à une incompatibilité d’humeur entre toute majorité et son opposition.

Un accord qui alourdit les charges Avec 95 députés, les mauritaniens avaient bien l’impression – déjà – de supporter les lourdes charges d’une Assemblée dont le rendement reste sujet à caution. L’écrasante majorité des élus de la chambre basse du Parlement étant rangé du côté du pouvoir, on a souvent assisté à une sorte de confirmation de la volonté de l’Exécutif, même si, dans certains cas, l’accord en question va dans le sens de l’intérêt des populations. L’élargissement du spectre de la représentativité parlementaire doit répondre à une exigence de rapport adéquat entre le rendement (du parlement) et les ressources du pays. Porter la représentativité de certains départements de 1 député à 2 ou 3 députés, voire 4, c’est doubler les charges de l’Assemblée sans être sûr que la mesure se traduira, dans les faits, par une efficacité dans la défense des intérêts des citoyens. La seule décision dont l’intérêt peut ne pas être remis en cause, c’est celle de créer une liste spécifique aux femmes pour que le quota qui est consacré à la gent féminine trouve une réelle application sur le terrain de la politique.

Sneiba Mohamed.

Source: L’authentique

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