ALAKHBAR (Nouakchott) – Dans un câble révélé par Wikileaks, Bâ Alassane abordant « le passif humanitaire »regrette que beaucoup de leaders négro-mauritaniens étaient « des opportunistes » qui cherchaient à être récompensés. Le leader du PLEJ dénonce un « fond de commerce du passif humanitaire rejeté par la masse la masse des concernés ».
Selon le document daté le 16 avril 2009 et émis par Denis Hankins chargé d’affaire, à l’époque, à l’ambassade américaine à Nouakchott, « certains leaders noirs ne sont pas satisfaits de la façon dont a été réglée la question du passif humanitaire. Le câble cite Ba Mamadou Alassane président du PLEJ et membre du FNDD ».
Implication directe
Aziz ne peut pas régler le problème. Il était trop proche de Taya, selon Alassane (photo : ALAKHBAR)
Décrit comme Poular dont les parents ont été tués lors des événements, Ba n’apprécie pas la résolution unilatérale du problème du passif humanitaire. Pour lui, Aziz ne peut pas régler ce problème, car il était trop proche de Taya. Ba Mamadou Alassane évoque aussi que beaucoup de colonels au sein du HCE « sont directement impliqués » dans la tuerie des négro-mauritaniens.
Pour lui, le président Abdallahi cherchait une solution consensuelle à la question. Mais a regretté que Aziz est venu pour simplement désintéresser les leaders négro-africains du sud du dossier et donner crédit à sa « solution ». Cependant, personne n’a été jugé ou tenu responsable. Ba pense d’ailleurs que beaucoup de leaders négro-mauritaniens « étaient juste des opportunistes qui cherchaient à être nommés à des postes ou à être récompensés en échange de saluer la solution d’Aziz ». Mais, « ce fond de commerce du passif humanitaire est rejeté par la masse des concernés ». A ce propos, Alassane pense que Ibrahim Moctar Sarr a perdu énormément de crédibilité dans le milieu des négro-mauritaniens. Ce, depuis qu’il a commencé à travailler aux côtés d’Aziz.
Logique de participation
Sarr : deux tortionnaires siégeaient dans le HCE (Photo : ALAKHBAR)
Ibrahima Sarr, quant à lui, reconnaît les limites du plan d’Aziz, mais pense tout de même que c’est une base sur laquelle les négro-mauritaniens « peuvent s’appuyer pour accéder à la reconnaissance et à la justice ». Il rappelle surtout qu’il a été difficile de régler le problème « parce que deux tortionnaires siégeaient dans le Haut conseil d’Etat ».
Selon le document, les leaders négro-mauritaniens, comme Ibrahima Sarr, Kane Hamidou Baba et le professeur Cheikh Saad Bouh Camara savent bien « les limites » de Aziz. Toutefois, ils préfèrent « la logique de participation » que celle du boycott. C’est dans cette logique, peut être, que Kane Hamidou Baba et Ibrahima Sarr qui avaient accepté d’aller aux élections, qui étaient unilatéralement prévues le 6-6, avec Aziz, rappelle le câble.
Néanmoins, Sarr et Kane se sentent toujours défenseurs de la cause des noirs. Ils pensent que le vrai problème c’est la faible représentation politique des harratines et des négro-mauritaniens. Lesquels, malgré l’absence de statistiques démographiques fiables, représentent, pour beaucoup, la majorité de la population. Cependant, cette majorité supposée ne jouit pas d’un égal accès au pouvoir et ne bénéficie pas des mêmes opportunités que les maures blancs.
Les ingrédients d’une crise
Denis Hankins :
« tous les ingrédients sont réunis pour le déclanchement de nouveaux troubles ethniques en Mauritanie ».
Le document présente, en outre, une évaluation, par le diplomate américain, de la situation ethnique en Mauritanie. HANKINS estime que « tous les ingrédients sont réunis pour le déclanchement de nouveaux troubles ethniques en Mauritanie ».
HANKINS, commente aussi que les relations ethnico raciales sont extrêmement complexes en Mauritanie. Le règne suprême des maures blancs dans cette société et l’inégalité sont tangibles. Il y a une disproportion très visible entre les composantes de la population et leur représentation dans les cercles du pouvoir. Certains pensent que le coup d’Etat mené contre Cheikh Ould Sidi Abdallahi était « l’ultime tentative » des maures blancs de défendre leur pouvoir absolu contre les pressions pressenties d’une éventuelle unité et transparence démocratiques.
Dans tout cela, le câble précise que la crise politique n’est pas pour apaiser la situation; elle continue d’agiter les incessantes rivalités ethniques. Les médias parlent même de guerre opposant le Général Mohamed Ould Abdel Aziz aux leaders harratines anti-putschistes. Ces derniers accusent, selon le câble, le régime du Général d’entrer en guerre perpétuelle contre tous ceux qui refusent de cautionner le projet identitaire national des Arabes maures .
Lire le document :
THE ELEPHANT IN THE ROOM: ETHNIC RELATIONS AFTER THE COUP (PDF)
Source: alakhbar
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