Dakar/Nouakchott: le dégel par les airs

aziz_wadeLes autorités du Sénégal et de la Mauritanie ont convenu d’une reprise du trafic aérien entre Dakar et Nouakchott, suspendu depuis plus de 3 mois, annonce un communiqué publié le mardi 4 octobre dernier dans la capitale sénégalaise.

Cette décision est le principal résultat d’une visite à Dakar d’une délégation mauritanienne conduite par le ministre de l’équipement des transports, Yahya Ould Hademine, qui a paraphé un accord dans ce sens avec le ministre d’Etat sénégalais chargé de la coopération internationale, des transports aériens, des infrastructures et de l’énergie, Karim Wade. Ainsi « les compagnies Sénégal Airlines et Mauritania Airlines International (MAI), vont reprendre incessamment la liaison aérienne Dakar/Nouakchott ».
Elles « exploiteront cinq fréquences par semaine, avec possibilités d’opérer les points au-delà, sans dépasser deux fréquences par destination », précise le communiqué.
Par ailleurs, les 2 parties signataires de la convention du mardi 3 octobre 2011 « ont convenu que ce niveau de fréquence destiné à amorcer le début des opérations d’exploitation aériennes, pourrait être réévalué tous les six mois en vue d’analyser l’opportunité de sa révision éventuelle ».
Pour une exploitation du trafic aérien entre les deux capitales, les décideurs jouent serrés entre l’esprit de complémentarité et l’incontournable loi du marché, qui renvoie à une concurrence loyale. Dans le cadre de cette démarche, Sénégal Airlines et Mauritania Airlines International (MAI) « concluront des accords commerciaux dans un délai d’un mois » et « adapteront leurs tarifs à la réalité du marché pour éviter des pratiques anticoncurrentielles ».
Dans cette perspective, un projet d’accord « soumis par la partie mauritanienne fera l’objet d’une étude par la partie sénégalaise, en vue de sa signature dans les meilleurs délais ». Pour le ministre mauritanien de l’équipement et des transports, Yahya Ould Hademine, les relations aériennes sont placées sous le signe de la « complémentarité » et non de la « concurrence » pour « une coopération basée sur le principe du gagnant/gagnant, car nous sommes dans une dynamique de développement de nos compagnies aériennes respectives ». Quant au ministre d’Etat chargé des transports aériens du Sénégal, Karim Wade, il relève que l’aboutissement des négociations par la signature d’un nouvel accord « qui va au-delà de la reprise du trafic aérien, pour une mise en cohérence des programmes de vols et des stratégies commerciales » illustre une réalité: « le Sénégal et la Mauritanie constituent une seule famille ».
Donner toutes ses dimensions à une telle profession de foi induit la question portant sur la nécessaire reprise du trafic routier entre les 2 pays et la fin des tracasseries qui constituent un véritable goulot d’étranglement au principal poste frontalier de Rosso.
Quant à l’érection d’un pont sur le fleuve, il semble relever d’un virtuel lointain malgré la « bonne volonté » de part et d’autre, les évocations sporadiques non suivies d’effet l’engagement encore mou de quelques bailleurs de fonds.
En attendant de relever ce défi immense, nos décideurs doivent s’approprier une réalité: nos micros Etats aux marchés réduits ne peuvent contourner l’obligation de l’intégration économique en dépit des bisbilles politiques pouvant surgir de temps à autre.
Dans le domaine des transports aériens, les principes de la déclaration de Yamoussoukro adoptée en 2000 visant « à assurer l’intégration des compagnies et créer des entités régionales » tracent la bonne voie.

Accumulation de nuages.
Cet accord pour la reprise du trafic aérien entre les 2 capitales intervient à un moment ou les relations entre la Mauritanie et le Sénégal traversent une zone de turbulences, suite à une dégradation continue au cours des 3 derniers mois, notent les observateurs. Il apparaît comme une éclaircie dans la grisaille.
Les sujets de discorde au plan politique et diplomatique se sont multipliés depuis le début de l’année : échec du candidat mauritanien au poste de DG de l’ASECNA, crise en Libye, prétention mauritanienne à la qualité de membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies au titre de la représentation de l’Afrique.
Les tous derniers éléments de la crise latente entre Nouakchott et Dakar portent sur des manifestations à travers lesquelles les jeunes noirs mauritaniens ont dénoncé un recensement général de la population « raciste et discriminatoire ».
Question hautement sensible dans un pays à composantes ethniques multiples. Le gouvernement mauritanien a dénoncé « la main de l’étranger » derrière les agissements de la coordination « Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN) » sans plus de précisions. Il a par la même occasion annoncé l’arrestation de 13 « encadreurs » étrangers.
Un discours démenti par la coordination, qui soutient que « des ressortissants sénégalais, sans lien avec les manifestants ont été raflés à leur domicile » dans un quartier populaire de Nouakchott.
La plus grave crise des relations entre la Mauritanie et le Sénégal a été enregistrée en avril 1989, avec des conséquences politiques, économiques et humanitaires sur plusieurs années.

Amadou Seck.

Source: Le calame

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