Emission télévisée sur l’enrôlement : Couacs entre tutelle et direction de l’Agence

Ce sont les mêmes qui étaient déjà passés une première fois sur le plateau de la télévision, qui sont revenus une seconde fois lundi 3 octobre à 22 heures pour donner des explications et répondre aux questions des téléspectateurs.

La prestation télévisuelle a réuni autour de la table, Mohamed Hadi Macina secrétaire général du ministère de l’intérieur, Mohamed Vadel Ould Hadrami ADG de l’Agence Nationale des Registres des Populations et des Titres Sécurisés, Bâ Madine Directeur de l’Agence Nationale d’Accueil et d’Insertion des Réfugiés, Diango Diagana et Baha Ould HMeida membres du comité juridique de l’Agence. La veille, les mêmes ont eu à parler sur les ondes de Radio Mauritanie portant sur la même thématique. Le moins qu’on puisse dire est que cette prestation télévisuelle a surtout permis de renseigner sur les divergences profondes entre la « tutelle » et le directeur de l’Agence.
Avant d’en parler il est utile de s’interroger sur le pourquoi de ces émissions à la va vite dans les médias officiels ? En fait, tout le monde la sait. Les dernières manifestations anti enrôlement de jeunes à Kaédi, Maghama avec mort d’homme et qui menaçaient d’embraser le pays sont à l’origine de ces médiocres prestations en communication audiovisuelle. La levée de boucliers que cette affaire a suscité dans tout le pays et les nombreux appels en faveur de l’arrêt de l’opération, ont conduit à s’essayer à un remake médiatique pour encore expliquer cette procédure qui ne paraît toujours pas digeste aux yeux des populations. Par contre, disions nous tantôt, cette émission télévisuelle a mis au grand jour les divergences profondes existantes entre Mohamed Vadel Ould Hadrami et sa « tutelle » représentée par son secrétaire général Mohamed Hadi Macina.
Premier à prendre la parole, le secrétaire général du ministère de l’intérieur a tenu d’abord à expliquer les bien-fondés de l’opération. Puis il s’est attelé à donner des éclaircissements sur la procédure, histoire de lever la confusion entretenue dans les esprits. Ainsi, il a indiqué que pour cette première phase destinée aux personnes âgées de 45 et plus, les pièces demandées se limitent à la présentation d’une copie intégrale du recensement et une photocopie de la carte d’identité. Dans le cas, a-t-il dit, où les parents ne sont pas vivants, si le candidat à l’enrôlement est âgé de 45 ans, il est enrôlé automatiquement sur la base de son recensement et de sa photocopie de carte d’identité. Point besoin apparemment dans ce cas de figure, de produire un certificat de décès de l’un des parents. Par contre, si le candidat à l’enrôlement a moins de 45 ans, la procédure exige qu’il produise un certificat de décès de l’un des parents établi par le Cadi. S’agissant des naissances à l’étranger, Mohamed Hadi Macina a expliqué que leur enrôlement dépendait du calendrier arrêté. « Maintenant c’est chose faite. Tous les mauritaniens nés à l’étranger, a-t-il précisé, peuvent désormais se rendre dans les centres d’accueil pour s’enrôler. Il n’y a aucun problème à craindre à ce niveau », a-t-il dit. « Toutes les dispositions sont prises pour cela ». Il a réitéré la volonté de l’Etat mauritanien d’enrôler sans discrimination aucune tous les mauritaniens, estimant que l’opération est vital pour la Mauritanie. Même les étrangers vivants en Mauritanie feront l’objet d’un recensement, a-t-il dit. Selon lui, la Mauritanie doit rester aux normes internationales. « Tous les pays ont introduit le système biométrique dans leur état civil pendant que chez nous les documents sont écrits à la main », a-t-il dit. Par ailleurs, il n’a ni confirmé, ni infirmé les accusations selon lesquelles les agents recenseurs dans les Centres d’Accueil des Citoyens (CAC) ont tendance à poser des questions provocatrices aux négro-africains candidats à l’enrôlement. Pour lui cela peut-être vrai ou faux mais il a affirmé d’une manière claire que personne n’a été instruit dans ce sens. Pour lui, tout cela est lié à un manque de formation du personnel recenseur, reconnaissant au passage, que certains agents ne sont pas bons du tout.

Mohamed Vadel Hadrami stoïque

Sans doute que la prestation du secrétaire général du ministère de l’intérieur n’a pas beaucoup plu à l’ADG de l’Agence pour avoir mis le doigt sur les insuffisances de l’opération d’enrôlement en même temps qu’il a clarifié certains aspects de la procédure pour lever les confusions voulues et entretenues au niveau des centres d’accueil des citoyens. On sentait bien le malaise qui s’était emparé de Mohamed Vadel Hadrami. Surtout que Mohamed Hadi Macina n’a pas hésité un instant à lui demander de ne pas l’interrompre et qu’il devait continuer sa prise de parole interrompue par le journaliste pour prendre la question d’un téléspectateur. Mohamed Vadel Ould Hadrami n’a pas apporté de réponses ou complété le secrétaire général du ministère de l’intérieur sur les nombreuses questions de téléspectateurs. Le seul refrain entendu de lui durant toute la durée de l’émission, est le suivant : « Tout le monde sera recensé, personne ne sera laissé pour compte ». Mais la TVM s’est efforcée d’aller dans les centres d’accueil pour interroger les citoyens venus s’enrôler. Chacun a dit son problème. A certaines Mohamed Hadi Macina a répondu clairement alors que le directeur de l’état civil contrarié promettait d’aviser. La seule information que l’ADG de l’Agence a donnée concerne son intention de tenir des émissions chaque semaine sur l’opération d’enrôlement. Pour le reste, il n’a pas du tout été convaincant.

Moussa Diop

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 05/10/2011

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