Maghama – Les Mangane : « Nous ne pardonnerons jamais »

ALAKHBAR (Maghama) – Chez les Mangane au quartier Légaldow (littéralement haut quartier) à Maghama, le climat est toujours tendu.

Les membres de cette famille viennent de perdre une vie chère lors des émeutes suscitées par l’enrôlement contesté. « Nous ne pardonnerons jamais », affirment-ils à l’unanimité.

Le jeune Lamine Mangane est tombé le 27 septembre suite à une balle qu’il a reçue en pleine poitrine. La responsabilité de sa mort repose, sleon sa famille, sur le Commandant de la brigade de Gendarmerie de la ville « en fuite depuis lors » d’après la population sur place.

Les gendarmes indexés

Chez la famille endeuillée, c’est toujours la consternation qui règne (Alakhbar)

Moussa Abdoul Mangane dit Balla, le père de Lamine Mangane raconte aux envoyés spéciaux d’Alakhbar les circonstances dans lesquelles est mort son fils. « Lamine manifestait sans problème, avec d’autres jeunes de la ville. A leur passage à la Brigade, en destination de la préfecture pour déposer leurs doléances, la gendarmerie leur a barré la route. Et devant le refus des jeunes de se replier, les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur Lamine qui tomba avant de rendre l’âme, sur le champ. Il avait reçu une balle dans le sein gauche ».

Ce témoignage, le père l’a réitéré devant le commandant de la gendarmerie qui lui demandait s’il savait les circonstances de la mort de son enfant. « En ce moment ( le 27 septembre entre 10 H et 11 H), j’étais à l’hôpital, avec les blessés et le défunt », se rappelle Balla.

« Aujourd’hui, tout le monde vient présenter ses condoléances, relate Balla certains sont venus les transmettre au nom du Président de la République et d’autres me demandent de laisser les choses entre leurs mains ».

Aucun geste envers la famille

Des tantes du défunt (Alakhbar)

A la question si les autorités ont fait un geste à l’endroit de la famille? « Aucun », répond le père du défunt. Qui dira qu’il Lamine Magane est désormais nommé »Le Martyr » de Maghama. Pourtant, les autorités ont fait auparavant « des gestes » à des familles dont des membres ont été tués « par erreur » par les forces de l’ordre.

En janvier 2011, le ministre de l’intérieur avait remis une somme de deux millions UM à une famille à Boghé dont l’un des membres a été tué par des éléments de l’armée en recherche de présumés terroristes.

La famille réclame justice

Maghama : un calme encore fragile (Alakhbar)

Le Hakem de Maghama aurait nié toute implication dans le meurtre de Lamine avant de rejeter la responsabilité sur les forces de l’ordre. « J’avait trois fusils, mais je ne voulais pas tuer ni être tué. J’ai alors quitté la ville. Et si ce n’était pas les forces de l’ordre, je n’y reviendrai pas » a attribué le père du défunt au Hakem. Balla Mangane se rappelle d’ailleurs qu’au moment où nous discutions avec le préfet, le commandant, responsable du meurtre était présent dans la maison. Il faisait des va-et-vient car il ne pouvait pas s’asseoir ni rester sur place. »

Tout ce que je raconte est vrai. Je pourrai même le répéter partout ailleurs martèle Balla, qui s’interroge « Qui a donné l’ordre de tirer pour tuer, alors que partout; à Nouakchott, à Rosso, à Kaédi, etc, les gens ont manifesté sans être tués? »

« Je suis croyant et confiant en la justice d’Allah. Mais je ne pardonnerai jamais à ceux qui m’ont fait perdre mon enfant! S’il y a justice dans ce pays qu’elle soit appliquée », martèle le père qui ne pouvait maintenant empêcher ses larmes. A part cet instant, Balla s’est montré serein durant l’entretien.

« 15 balles »