Les jeunes manifestants en colère ont décidé de suspendre leur révolte après que le hakem eut donné suite à leurs revendications transmises mardi dernier.
Les autorités administratives centrales les ont toutes acceptées, nous apprend notre source jointe au téléphone jeudi, peu après 13 heures. La réponse est arrivée par le délégué des jeunes manifestants, Thierno Alassane Djibi Sall l’imam de la grande mosquée de Maghama. Ces revendications tournent autour de plusieurs points.
S’agissant de l’enrôlement, les jeunes s’insurgeaient contre certaines tracasseries administratives comme par exemple les corrections à apporter sur les erreurs de frappe des noms. Les agents recenseurs exigent aux candidats maghamois d’aller voir le cadi pour cela alors que Maghama n’en dispose pas et qu’il faut se déplacer jusqu’à Mbout pour en trouver un.
Pareil pour le certificat de décès des parents, c’est aussi au cadi que sont renvoyés les candidats à l’enrôlement. Cela, les jeunes ne l’acceptent plus quoi qu’il en coûte et veulent que ces tracasseries cessent et au plus vite, d’autant qu’ils estiment que s’il y a des erreurs sur les noms ou que Maghama ne dispose pas de cadi, ce n’est pas de leur faute. Tous ces manquements relèvent de la responsabilité de l’administration.
D’autres revendications évoquent la généralisation de l’électricité à toute la ville au lieu de s’en limiter seulement à une partie de Maghama ; la fin des taxes (250 UM) à la traversée du fleuve pour les citoyens munis de leur carte d’identité ainsi que la suppression des autorisations payantes (3500 UM) à la police pour les cérémonies de mariage, de baptêmes et autres ; le désarmement des commerçants armés qui se pavanent librement dans la ville et l’exigence d’une enquête transparente pour savoir qui a ordonné les coups de feu ainsi que le ou les auteurs du crime après quoi ils doivent être traduits en justice pour être jugés et condamnés.
Les jeunes demandent aussi le départ du Commandant de brigade, « responsable, selon eux, de la mort du jeune Lamine Magane » , celui également de trois policiers dont ils ont donné les noms, et la libération des personnes arrêtées lors des derniers affrontements entre les militants de Touche pas à ma nationalité et les forces de l’ordre.
C’est à la suite de la réponse favorable de l’administration à toutes leurs doléances que les jeunes ont décidé de suspendre provisoirement leurs manifestations histoire de voir si les engagements seront respectés.
Notons qu’une forte délégation ministérielle conduite par Bâ Housseïnou Hamadi avait séjourné à Maghama pour prêcher la bonne parole et calmer le jeu. Auparavant, la délégation qui était arrivée à Kaédi, s’est rendue au chevet des malades blessés au cours des affrontements entre policiers et manifestants. Le ministre de la santé a pris l’engagement de prendre en charge les blessés.
Au cours de ce séjour à Maghama, la délégation a présenté ses condoléances à la famille de la victime et constaté les dégâts causés par ces troubles. Sans doute qu’au-delà des problèmes que pose cet enrôlement, la délégation aura constaté que le malaise est beaucoup plus profond. Ces jeunes comme tant d’autres dans le pays n’ont aucune perspective d’avenir. Leur chômage a atteint des proportions inégalées jusque-là.
Moussa Diop
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