Plaidoyer en faveur de la prise en compte de la problématique de l’esclavage

Des participants à un atelier de réflexion sur la problématique de l’esclavage ont préconisé, jeudi (29 Septembre), à Nouakchott, la mise sur pied d’une Agence autonome pour l’émancipation et l’insertion des victimes d’esclavage.

C’était au cours d’une rencontrée qui a abordé l’esclavage en Mauritanie : entre existence et déni au cours du premier panel qui a permis aux professeurs Amadou Sall de présenter une communication sur un phénomène pervers et mutant et au Dr Ousmane Sall d’exposer sur un « impact psychosocial de l’esclavage entre stigmatisation et opportunisme économique ». Des propositions fermes ont été formulées en faveur d’une approche objective pour un traitement lucide de la question de l’esclavage en Mauritanie ; de la clarification du concept de « séquelles de l’esclavage » et de son contenu ; d’un mécanisme plus efficace pour « garantir l’émancipation, le suivi psychosociologique et l’insertion des victimes d’esclavage et enfin d’un renforcement d’un cadre de protection juridique efficace contre l’esclavage » .

L’intérêt et les limites de la loi criminalisant l’esclavage et la loi sur l’exploitation des enfants et sur le trafic des êtres humains comme une alternative contre l’esclavage des enfants ont été présentés par Mes Brahim Ould Ebetty et Fatimata MBaye, lors du deuxième panel. Tandis que le Programme d’éradication des séquelles de l’esclavage comme réponse à l’asservissement économique a été au centre du dernier panel.Ainsi Zakaria Ould Denna a présenté une communication sur :Peut_on conceptualiser la notion de séquelles de l’esclavage : quel contenu ?PESE : limites et faiblesses. Wane Birrane a exposé quant à lui sur les mesures socioéconomiques peuvent elles être une alternative à l’émancipation juridique ? Et la dépendance socioéconomique comme facteur de servitude et discrimination à l’accès aux ressources socioéconomiques.

La question de l’esclavage a connu un développement fulgurant ces derniers mois, fait remarquer Marcel Akpovo, le chef du bureau du Haut commissariat aux droits de l’homme en Mauritanie. Les acteurs se sont appropriés, informe_t_il, cette question majeure de revendication de justice. Le moment important est symbolique. Cette rencontre s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire devant permettre de montrer, précise_t_il, les manifestations significatives en Mauritanie et les approches les plus efficaces pour son éradication.

Cet atelier se voulait un espace de discussion dépassionnée de la question de l’esclavage et des propositions pour une éradication effective des pratiques esclavagistes.

En dépit de la multiplication des dénonciations de cas d’esclavages avérés et de trafic de pratiques analogues comme la location d’enfants, le captage d’héritage et les discriminations liées à l’origine sociale notamment la descendance d’esclave, les autorités étatiques au plus haut sommet continuent de nier l’existence même de la pratique esclavagiste. Dés lors, il n’est pas étonnant que le durcissement du discours anti esclavagiste inquiète et poussent à une répression aveugle de jeunes militants acquis à la cause de ceux et celles qui, malgré la persistance de l’Etat dans son refus d’admettre l’existence de l’esclavage en Mauritanie continuent de vivre les affres d’une pratique multiséculaire abjecte, inhumaine, dégradante et incompatible aux valeurs de liberté et d’égalité et de justice.

Il était dés lors nécessaire, indique Boubacar Messaoud, président de SOS Esclaves, de « relancer le débat sur la question de l’esclavage en Mauritanie de manière objective et dépassionnée dans le but de bien cerner le phénomène et d’en extirper le principe qui demeure l’exploitation, le trafic et la maltraitance des êtres humains.

Ce débat rendu possible grâce à l’appui du bureau du Haut Commissariat pour les droits de l’homme ambitionne de poser la question de l’existence de l’esclavage dans la société mauritanienne, le cadre de protection contre cette pratique, les mesures socio économiques nécessaires pour pallier à la dépendance économique qui est un facteur de maintien du phénomène.

Il a permis également de questionner l’efficacité des politiques et programmes du gouvernement, notamment le programme PESE destiné non pas à enrayer l’esclavage, mais à endiguer les séquelles dont le concept reste à définir. Il est bien entendu que la lutte contre l’esclavage qui se fonde sur le devoir de défense, protection et de promotion des droits fondamentaux de l’être humain, n e saurait en définitive être séparé du mouvement général et universel de défense des droits de l’homme.

Il s’agissait dans une démarche pluridisciplinaire englobant les aspects psychociaux, juridiques lest économiques d’identifier les manifestations les plus significatives de l’esclavage en Mauritanie et proposer les approches les plus efficaces en vue de son éradication.

Compte rendu THIAM

Source  :  lecalame.info le 30/09/2011

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