Mouvement des jeunes maghrébins : « On est fier que le Maghreb soit africain, arabe, amazir… »

Deux représentants du mouvement des jeunes maghrébins (Abd Semad Vilalli et Rabia El Voudi) séjournent en Mauritanie. Ils ont été reçus mardi 13 septembre par le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz.

 

 

 

Les deux représentants ont tenu une conférence de presse le lendemain pour présenter leur mouvement à la jeunesse mauritanienne.

Le 28 avril dernier, 70 organisations de jeunes maghrébins ont organisé une conférence à Tunis sur « l’édification d’un Maghreb uni et démocratique. » L’objectif, a expliqué, Abd Semad Villali est « dans le contexte actuel, devant les défis, de poser tous les problèmes que vit la jeunesse maghrébine. » il a ajouté « que cette jeunesse ne peut plus rester inactive face à la situation d’inertie, de blocage de la construction de l’Union du Maghreb. » Le mouvement des jeunes maghrébins est « une initiative citoyenne, qui émane des jeunes, qui prouve que la jeunesse de cette région a atteint un degrés de maturité citoyenne pour prendre son destin en main et devenir acteur de son destin. » Il s’agit donc « d’accompagner les printemps arabes pour accéder à une nouvelle liberté, une démocratie, un Etat de droits. » La force du nouveau mouvement, selon ses deux représentants, c’est que « ses membres arrivent s’accepter dans la diversité et les différences. » La conférence de Tunis, tenue à l’occasion 53 eme anniversaire de l’appel de Tanger, a fait « le constat de l’échec des entreprises de construction du Maghreb, de l’échec de l’Union du Maghreb Arabe, UMA .» C’est pourquoi, « il faut aborder les choses d’une autre manière pour que les peuples s’approprient le processus. C’est cette nouvelle approche que les représentants du mouvement ont exposé au président mauritanien. Selon, eux, Mohamed ould Abdel Aziz a montré son intérêt et sa disponibilité et a dit croire en la jeunesse « qui doit prendre des initiatives pour aller de l’avant.» Les représentants du mouvement sont aussi venus pour « sensibiliser, informer et mobiliser la société civile et la jeunesse mauritanienne.» Ainsi, en décembre prochain, ce mouvement organisera un colloque à Nouakchott pour mieux impliquer la jeunesse mauritanienne.

La question du Sahara occidental

Les deux représentants ont été interpellés sur la question du Sahara occidental, principal obstacle à l’unité du Maghreb. « Nous sommes conscients du poids de cette question dans le blocage que vit le Maghreb » a dit El Vilali. Il a ajouté « nous en tant que jeune, on veut apporte une nouvelle vision, une nouvelle démarche qui est de nous retrouver, malgré nos divergences, au tour d’une table pour discuter de l’avenir et nous mobiliser face aux problèmes de développement, ce qui nous lie étant plus important que les points de divergences. Une partie de l’Espagne est occupée par l’Angleterre. C’est grave, mais ça n’a pas empêché ces deux pays d’avoir de très bonnes relations et de construire ensemble l’Europe.» Toujours par rapport a cette question, il a dit : « Pour la conférence de Tunis, nous avons envoyé des invitations à la jeunesse du Polisario. C’est une première. Pendant deux mois, nous nous sommes attelés à convaincre la jeunesse marocaine d’accepter de s’assoir autour de la même table que la jeunesse du Polisario pour discuter. Les marocains ont finalement accepté le principe. Mais, les représentants de la jeunesse du Polisario ne sont pas venus et nous ne savons pas pourquoi. A Nouakchott, en décembre prochain, nous espérons rassembler tout le monde. » Les représentants du mouvement ont affirmé ne pas s’identifier à ce conflit en tant que jeune. « Moi, je ne veux plus de frontières. Je veux partager ma souveraineté avec les mauritaniens, les algériens…et vice versa. Nous voulons construire un Maghreb avec un exécutif fort qui nous représente tous » a dit El Vilali. »

UM ou GM à la place de l’UMA
Par rapport à l’appellation UMA (Union du Maghreb Arabe) qui ne tiendrait pas compte de la diversité au sein des cinq pays membres (Algérie, Libye, Mauritanie, Tunis et Maroc), El Vilali a donné la réponse suivante : « J’ai tout à l’heure parlé de la mort de l’UMA. Récemment, de manière officielle, le Maroc a cessé de parler de l’UMA. Il parle du Grand Maghreb (GM), de l’Unité Maghrébine (UM). Nous considérons que notre identité est un brassage de plusieurs apports civilisationnels. L’apport amazir, arabo-musulman, andalou, africain, méditerranéen…Tous ces brassages font notre identité. C’est dans cette diversité que nous souhaitons nous épanouir. Toutes les composantes du Maghreb doivent se retrouver dans cet espace, y compris dans le nom. L’UMA est caduque. Il faut parler de l’Union du Maghreb ou du Grand Maghreb. »
Rabia El Voudi a ajouté : « Dans toute la documentation du mouvement, il n’est pas écrit Maghreb Arabe. Ce que nous mettons en avant, ce sont les valeurs démocratiques et unificatrices et non l’appartenance linguistique. Nous voulons construire un Maghreb uni et démocratique dans toutes ses dimensions économiques, culturelles, sociales, politiques, environnementales… dans le respect total du droit des individus et des groupes, le respect de principes universels des droits de l’Homme. » Il a terminé en martelant : « On est fier que le Maghreb soit africain, arabe, amazir, musulmans, juif, chrétien, méditerranéen…C’est dans cette diversité qu’il y a la richesse du Maghreb et non dans la monotonie idéologique.»

 

Khalilou Diagana

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 14/09/2011

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