Exclusif : Histoire complète de l’homme qui projetait des attentats en Europe

Sahara média a visité le domicile de l’homme qui avait la confiance de Ben Laden et avait produit une fatwa renvoyant à plus tard les attentats contre les chefs d’Etat de pays musulmans.

 

 

 

Quand les services de renseignement ont annoncé la capture d’Abu Youness el Mouritani, ils mettaient un terme, par cette annonce, à un long et complexe parcours d’un jeune mauritanien qui avait projetait de faire des attentats en Europe, avec l’aval de Ben Laden.

En même temps, ces services dévoilent aussi, à la face du monde, comment ce jeune mauritanien au corps frêle est parvenu à gravir les échelons de la plus dangereuse des organisations du monde. Un combattant de l’ombre qui n’était pas connu du commun des mortels, mais un personnage clé dans la jonction entre Al Qaeda et sa filiale AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique) et qui a toujours été un casse-tête pour les services de renseignements occidentaux et pakistanais.

Dans une petite maison de la banlieue de la capitale Nouakchott, la mère d’Abu Youness el Mouritani, Aminetou Mint Mohamed Ahmed a eu du mal a reconnaître son fils. Il lui apparaissait sur la photo avec des paupières relevées et un teint plus proche du noir. Mais quand elle s’est assurée enfin qu’il s’agit bien de son fils, elle a senti une joie traverser tout son corps en sachant son enfant en vie. Elle a déclaré dans un entretien exclusif avec Sahara média qu’elle avait fini par « désespérer de lui » et qu’aujourd’hui, il lui reste au moins « l’espoir de le voir transférer dans une prison mauritanienne ». Quant au jeune frère d’Abu Youness, Mohamed Ould Mohamed El Hacen, il n’a pas été étonné par la terrible nouvelle, déclarant qu’il savait que son sort était « soit d’être tué ou d’être arrêté un jour ».

La dernière fois où la famille d’Abu Youness avait vu son fils c’était en 2007, quand à peine parti pour on ne sait où, une unité de la brigade anti-terroriste avait pris d’assaut la maison. Tout ce qui attestait de sa présence en ces lieux était un passeport et ses papiers personnels que sa mère n’a pas hésité à remettre aux policiers. Pour la première fois, la police mauritanienne était tombée sur un homme controversé et la photo qui allait être diffusée après, en avril 2008, laissait penser qu’il faisait partie du groupe des salafistes entrée en confrontation avec la police au Centre émetteur de Nouakchott. Opération qui s’était soldée par la mort d’un officier de police et de deux terroristes.

Dans la grande maison où avait vécu Abu Youness se trouvaient également ses six sœurs et cinq frères. Son père Mohamed El Hacen, qui se trouve la plupart du temps en Arabie saoudite où il exerce comme imam, a eu du mal à comprendre ce qui lui tombe sur la tête. Mais comme son épouse, il conserve, lui aussi, un mince espoir de le voir revenir un jour à la maison, révèle la sœur d’Abu Youness, enceinte de quelques mois.

Abou Youness el Mouritani est née en 1981, exauçant le vœu de sa mère de le voir naître au moment où elle accomplissait le pèlerinage aux Lieux Saints. Une naissance qui sera bien accueillie, des milliers de kilomètres plus loin, par des bédouins mauritaniens de la tribu des Oulad Biéri, nomadisant dans la vaste région du Trarza. Une bénédiction qui allait conduire la famille vers une localité nommée Hassi el Mar’a, à quelque 100 kilomètres de la ville, mais son père qui aimait les enfants, tenait à ce que son fils soit toujours près de la « route de l’Espoir », avec les enfants de sa collectivité pour apprendre le Coran. Une étape sur laquelle le jeune Abdallahi Ould Dewla, responsable de la mahadra du village, ne dit pas grand-chose, mais il sait qu’Abu Youness a terminé ses « humanités » (récitation du Coran) en Arabie saoudite et poursuivi ses études à l’Institut Al Arqam Abi Al Arqam pour les sciences islamiques et l’Institut du « Haram el mecqui ».

Mais le gendarme à la retraite Zakariya Ould Bouh, qui était présent lors de la création du village, en juillet 1987, se rappelle qu’Abu Youness el Mouritani, de son vrai nom Abderrahmane Ould Mohamed El Hacen Ould Mohamed Salem Ould Abdel Jellil, a passé trois ans dans la localité et était surnommé « El hadj » (parce qu’il était né alors que sa mère accomplissait ce rituel de l’Islam), et que son père était un homme de religion devenu par la suite un imam de mosquée. Et les sœurs de lait d’El hadj, malgré leur dévotion, ne cachaient pas qu’elles étaient toujours sous le charme de ce beau jeune homme et acceptent difficilement qu’il puisse projeter à des attentats terroristes, qui conduiront à la mort d’innocentes personnes. C’est aussi ce que pensait la paisible localité qui n’a appris la terrible nouvelle qu’à l’arrivée de journalistes de Sahara média pour enquêter sur l’homme qui fait aujourd’hui l’actualité du monde.

En 2003, la famille du jeune homme est rentée en Mauritanie – après un long séjour en Arabie saoudite – Dans le domicile familial de Nouakchott, Mohamed, l’un des frères d’Abu Youness, raconte qu’il était souvent très calme, lavait de ses propres mains les vêtements de ses sœurs et entretenait une relation particulière avec sa mère. Il craignait l’électricité mais avait des dons certains dans la manipulation de l’ordinateur.

Des informations qui font pendant à d’autres plus sensibles venant d’un ami intime d’Abu Youness el Mouritani, un salafiste qui a préféré gardé l’anonymat en parlant à Sahara média. Il raconte : Abu Youness est parti pour l’Afghanistan fin 2001, après l’attentant contre le Word Trade Center et le début de l’invasion de Kabul par les USA. Il est revenu peu après en Arabie saoudite, après une grave maladie et ensuite en Mauritanie, passant en cachette en Iran pour un membre de la confrérie « tidjaniya » de la famille du Prophète. Une fièvre très forte l’avait empêché de participer à des entrainements dans les montagnes afghanes destinés aux Arabes venant pour le djihad en Afghanistan contre les forces américaines. Cette partie de sa vie est inconnue de la plupart des gens, note son ami salafiste, parce que c’est un homme discret et très renfermé. Et le salafiste ami d’Abu Youness el Mouritani, très renseigné de poursuivre : « En 2004, il décide de retourner sur le théâtre du « djihad ». Il a rejoint les rangs du GSPC (groupe salafiste pour le prêche et le combat) mais fait croire à sa famille qu’il allait poursuivre ses études dans des écoles coraniques recluses dans les zones les plus reculées du pays. Il a été chaleureusement accueilli par le GSPC, quand il a produit une attestation d’intégration d’Al Qaeda en Afghanistan et a été choisi pour lire la « Charte du Djihad » spécifique au mouvement, devenant la première personne à lire le texte par sa voix.

La Charte comporte une présentation du mouvement, de ses principes et de sa manière de combattre ainsi que son projet d’Etat islamique.

Peu de mauritaniens membres de l’organisation pouvaient le rencontrer à l’époque, à cause de son rang élevé dans la hiérarchie d’Al Qaeda (mufti des qatiba du Sahara) et été installé dans la zone de Boukhaïl en plein Sahara. Il avait fait allégeance à la qatiba de Tareck Ibn Zeyad que commandait Abdel Hamid Abu Zeid et avait commençait à porter le surnom d’Abu Youssef el Mouritani.

Une source sécuritaire de haut niveau révèle à Sahara média : Alors qu’il se trouvait avec le GSPC dans le Sahara, Abu Youness el Mouritani jouissait d’énormes privilèges et était vu comme un homme de religion de premier plan, qui n’apparaissait pas dans les camps d’entraînement ou avec les unités de combat. Cela conforte l’avis d’experts allemands qui pensent qu’Abu Youness n’était pas un chef militaire mais un dirigeant spirituel qui jouissait d’une grande considération au sein d’Al qaeda. Un statut qui n’ôtait pourtant rien au danger qu’il représentait aux yeux des services de renseignements occidentaux.

La réputation d’homme dangereux d’Al Qaeda d’Abu Youness el Mouritani revient, selon un salafiste qui a séjourné récemment aux camps d’AL Qaeda, vient du fait qu’il a été chargé dossier d’allégeance des mouvances salfistes à l’organisation-mère en Afghanistan, qui cherchait alors à dépasser son statut d’organisation implantée dans cette région du monde pour étendre ses tentacules un partout. Il devait, pour cela, mettre en place une stratégie pour que le GSPC ne soit plus perçu comme une organisation algérienne mais une puissante mouvance sous régionale s’étendant sur un vaste territoire du Sahara comme cela a fait l’objet, dans le passé, d’initiatives similaires menées par Al Qaeda.

En 2005, Abu Youness el Mouritani avait pris part à l’attaque de Lemghaïty qui avait abouti à la mort de 15 militaires mauritaniens. Une opération, dit-on, qui a constitué un tournant dans sa vie parce qu’elle visait l’armée de son pays. Il aurait cherché, vainement, à convaincre les dirigeants algériens que la lutte contre les USA et ses alliés devait être la priorité sur les opérations menées contre les gouvernements de pays islamiques. Il aurait fait échoué de nombreux plans d’assassinat de chefs d’Etats islamiques et aurai promulgué une fatwa préconisant de faire de la lutte contre « le grand ennemi » (les Occidentaux) la priorité de l’heure.

En 2006, il a défié le danger en visitant Nouakchott où il a été perturbé dans ses projets (le mariage) par une campagne d’arrestations de salafistes menée par la police mauritanienne et dont fut victime l’un de ses plus grand amis, Taher Ould Bey, accusé d’avoir participé à l’opération de Lemghaïty, et qui continue encore à purger sa lourde peine dans un coin perdu en Mauritanie.

Abu Youness projetait de se marier avec une proche de l’activiste salafiste « Leïla », accusée de complicité avec Taher et de réceptionner les lettres et appels provenant des « moudjahidines du Sahara. Au moment où Leila fut arrêté à son domicile (juin 2006), Youness el Mouritani était tout près en train de faire ses ablutions, et aucun membre des forces de sécurité mauritaniens ne pouvait envisagé que son arrestation se fera, cinq ans plus tard, en Afghanistan. Seul Abou Youness a pris part à l’attaque de Lemghaïty, était revenu à Nouakchott, sans éveiller les soupçons des services de sécurité, malgré que, dans les enquêtes, son nom a été cité sous un pseudonyme, sans être égalé en cela que par Tiyeb Ould Saleck (Souheib) qui a donné du fil à retordre aux services de renseignement espagnols l’accusant d’être à l’origine de la création d’une cellule terroriste en Europe, et qui est revenu à Madrid après sa participation à l’attaque de Lemghaïty. Tiyeb Ould Saleck (Souheib) se trouve actuellement dans une prison spéciale en Mauritanie.

Mohamed Salem Ould Mohamed Lemine alias El mejlissi, est un activiste islamiste mauritanien connu. Il parle d’Abu Youniss el Mouritani et déclare : « Il était connu – en ce qui m’a été rapporté de lui – qu’il était un homme de savoir éminent, qui a appris auprès de savants saoudiens. Il ne parle pas beaucoup de problématique comme la démocratie ou autre et nous n’avons pas beaucoup d’éléments sur sa vie privée ».

Fin 2006, début 2007, l’homme le plus en vue d’Al Qaeda, en été 2011, a accompli la plus importante mission dans sa vie. Il a transmis la lettre d’allégeance du GSPC à Al Qaeda et est parti en Afghanistan pour rencontrer Oussama Ben Laden qui l’a reçu dans les montagnes d’Afghanistan. Le résultat fut l’annonce du GSPC, le 24 janvier 2OO7, son changement de nom pour devenir Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) et son allégeance à Al Qaeda d’Oussama Ben Laden.

En Afghanistan, Abu Youness el Mouritani a rencontré un compagnon – et compatriote – de vieille date, Nouman el Libii, ami du troisième homme fort d’Al Qaeda, Abu Yahya el Libii. Les trois hommes se sont connus en Mauritanie au cours de leurs études en chari’a. Cela a permis à Abu Youness d’avoir un compagnon dans ce lointain pays et de « ne pas se sentir étranger », comme il le dira lui-même dans une communication téléphonique avec un ami salafiste se trouvant à Nouakchott, selon ce que ce dernier a déclaré à Sahara média.

Pour trois salafistes qui ont été emprisonnés en Mauritanie pour leur appartenance à Al Qaeda, Abu Youness el Mouritani « était amoureux de l’Afghanistan qu’il considérait comme le point de départ du djihad et du rêve de constitution d’un grand Etat islamiste ». Il considérait les gouvernements mauritaniens comme illégaux parce qu’ils n’appliquaient pas la loi d’Allah (chari’a). Il rasait sa barbe complètement quand il revenait en Mauritanie et s’habille comme n’importe qui. Il ne priait jamais dans une mosquée pour ne pas attirer l’attention sur lui. Il disait souvent que la contrainte « rend licite l’illicite » dans un Etat gouverné par des dictateurs alliés des mécréants. Il avait une capacité hors du commun de se déguiser et pouvait passer de longs mois sans rencontrer quelqu’un ou lui parler.

C’est ici, disent les amis d’Abu Youness que s’arrête la relation des mauritaniens d’Al qaeda avec le Cheikh Abu Youness. Mais il avait entretenu une relation permanente avec Yahya Abou Zeid, chef de la qatiba (légion) de Tarek Ibn Zeyad, suivant le fait qu’il lui avait prêté allégeance au Sahahra, et est resté, pour cela, le lien entre Al Qaeda et AQMI.

Finalement le dangereux chef d’Al Qaeda Abu Youness el Mouritani est tombé dans un piège tendu par les renseignements américains et pakistanais. Pour que la Maison Blanche annonce cette autre grande victoire sur Al Qaeda. « Mais cette organisation, malgré l’importance de sa perte, est capable de toujours remplacer ses chefs pris dans les filets des services de renseignements du monde », selon l’expert en matière de terrorisme, Isselmou Ould Moustapha.

En 2003, la famille du jeune homme est rentée en Mauritanie – après un long séjour en Arabie saoudite – Dans le domicile familial de Nouakchott, Mohamed, l’un des frères d’Abu Youness, raconte qu’il était souvent très calme, lavait de ses propres mains les vêtements de ses sœurs et entretenait une relation particulière avec sa mère. Il craignait électricité mais avait des dons certains dans la manipulation de l’ordinateur.

Des informations qui font pendant à d’autres plus sensibles venant d’un ami intime d’Abu Youness el Mouritani, un salafiste qui a préféré gardé l’anonymat en parlant à Sahara média. Il raconte : Abu Youness est parti pour l’Afghanistan fin 2001, après l’attentant contre le Word Trade Center et le début de l’invasion de Kabul par les USA.

Il est revenu peu après en Arabie saoudite, après une grave maladie et ensuite en Mauritanie, passant en cachette en Iran pour un membre de la confrérie « tidjaniya » de la famille du Prophète. Une fièvre très forte l’avait empêché de participer à des entrainements dans les montagnes afghanes destinés aux Arabes venant pour le djihad en Afghanistan contre les forces américaines. Cette partie de sa vie est inconnue de la plupart des gens, note son ami salafiste, parce que c’est un homme discret et très renfermé. Et le salafiste ami d’Abu Youness el Mouritani, très renseigné de poursuivre : « En 2004, il décide de retourner sur le théâtre du « djihad ». Il a rejoint les rangs du GSPC (groupe salafiste pour le prêche et le combat) mais fait croire à sa famille qu’il allait poursuivre ses études dans des écoles coraniques recluses dans les zones les plus reculées du pays. Il a été chaleureusement accueilli par le GSPC, quand il a produit une attestation d’intégration d’Al Qaeda en Afghanistan et a été choisi pour lire la « Charte du Djihad » spécifique au mouvement, devenant la première personne à lire le texte par sa voix.

La Charte comporte une présentation du mouvement, de ses principes et de sa manière de combattre ainsi que son projet d’Etat islamique.

Peu de mauritaniens membres de l’organisation pouvaient le rencontrer à l’époque, à cause de son rang élevé dans la hiérarchie d’Al Qaeda (mufti des qatiba du Sahara) et été installé dans la zone de Boukhaïl en plein Sahara. Il avait fait allégeance à la qatiba de Tareck Ibn Zeyad que commandait Abdel Hamid Abu Zeid et avait commençait à porter le surnom d’Abu Youssef el Mouritani.

Une source sécuritaire de haut niveau révèle à Sahara média : Alors qu’il se trouvait avec le GSPC dans le Sahara, Abu Youness el Mouritani jouissait d’énormes privilèges et était vu comme un homme de religion de premier plan, qui n’apparaissait pas dans les camps d’entraînement ou avec les unités de combat. Cela conforte l’avis d’experts allemands qui pensent qu’Abu Youness n’était pas un chef militaire mais un dirigeant spirituel qui jouissait d’une grande considération au sein d’Al qaeda. Un statut qui n’ôtait pourtant rien au danger qu’il représentait aux yeux des services de renseignements occidentaux.

Source  :  Sahara Media le 07/09/2011

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