Les autorités mauritaniennes ayant décidé d’indemniser les militaires visées par des violences et évictions, commises, au motif politique, entre 1981 et 2004, elles finiront par rendre publique, la semaine passée, une liste des bénéficiaires.
Curieusement, s’y trouvent omis environ 900 victimes recensées, des années 1989-1991, période des purges racistes au sein de l’armée. Au titre du refus de qu’elles qualifient de mépris et d’une exclusion continuelle, le portail du palais présidentiel a été pris d’assaut, ce dimanche 28 août 2011, par plusieurs ex-militaires négro-africains, une catégorie jusqu’ici discrète dans le mouvement ascendant des revendications en Mauritanie.
Les soldats et officiers menaient une marche de protestation entre la Mauripost et le Palais présidentiel. Dépités et écœurés, certains participants pensent que le pouvoir d’Aziz nee se différencie de la dictature du Colonel Ould Taya. Pour Diarra, un ancien garde : « Nous sommes ici devant le palais pour réclamer nos droits et cela après 21 années d’attente. Trop, c’est trop, on ne peut plus attendre. Voyez ce Monsieur (il tire quelqu’un de la foule). Il a subi toutes les tortures inimaginables ; on l’a castré… qu’est-ce que celui-ci peut attendre de ce système ? On peut compter plusieurs autres personnes dans la même situation. » Un autre, d’ajouter : «On nous a omis pour régler les situations des putschistes et certains de nos tortionnaires. J’ai compté quelques-uns de mes tortionnaires baathistes et nasséristes qui sont sur la liste et qui vont être indemnisés et nous les victimes sommes oubliées. Aziz nous a menti ! C’est quoi ce pays ? » Un manifestant surenchérit: « C’est parce qu’ils n’ont aucune considération pour nous les noirs. Nous avons été trop pacifistes jusqu’à perdre la foi, c’est ce qui doit cesser et nous devrons agir ».
Depuis le début de l’année, à l’image du Printemps arabe, les revendications catégorielles et corporatistes fleurissent en Mauritanie mais se soldent, souvent, par une négociation avec les autorités ou les employeurs privés, à l’exception de deux dossiers désormais dans une impasse structurelle: le passif humanitaire et la sanction judiciaire des faits d’esclavage.
Source : Initi le 28/08/2011
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