Quand la crise fait douter de l’efficacité : de l’Etat-Providence

L’information que livre, depuis le début du mois béni de Ramadan (et la commémoration de l’An II de l’investiture du président Aziz), la télévision de Mauritanie fait revivre intensément le mythe de l’Etat-Providence.

 

 

 

Pas au sens que l’on donne généralement à cette notion en Occident : L’État-providence bismarckien,  » repose sur le mécanisme des assurances sociales, dans lequel les prestations sont la contrepartie de cotisations (prévention du risque maladie, vieillesse et accident du travail pour les actifs uniquement) « , ou l’État-providence beveridgien, qui est financé par l’impôt et fournit des prestations minimas uniformes à tous les membres de la société.

Sans que l’on s’accorde à reconnaître que le citoyen trouve vraiment son compte dans la nouvelle gestion de l’Etat, par une juste redistribution des ressources nationales censées avoir été récupérées grâce au tarissement des sources où s’abreuvaient les budgétivores de la République, il est clair cependant, qu’il y a une détérioration visible à l’œil nu des conditions de vie des populations. Une situation à laquelle ne peut rien le déni du gouvernement qui cherche, par tous les moyens, à montrer une réalité autre. Exemple de cette propagande étatique tentant de conforter cette idée d’Etat-providence à la mauritanienne : un ministre du Commerce profitant de ses vacances d’été pour  » ouvrir « , sur instruction expresse du président de la République, s’empresse-t-il de préciser, une boutique dans un coin reculé du pays. A ce rythme, ce sont trente boutiques  » Ramadan  » ou  » Solidarité  » qui seront ouvertes. Autant dire une goutte d’eau dans un océan de misère ! Même si les autorités prennent toujours soin d’indiquer qu’il y a encore des milliers d’autres localités où l’Etat ne peut intervenir, faute de moyens. Mais l’information est faite de singularité, pas de l’ordinaire miséreux qui est ici la chose la mieux partagée par les mauritaniens.

Cette idée de l’Etat qui vole au secours des populations est aussi évoquée par tous les ministres en déplacement, reprise religieusement par la TVM, avec une idée bien en tête : tout ramener à l’arrivée au pouvoir du président actuel. Ré-exploitant à souhait les malheurs de la ville de Tintane, suite aux inondations d’août 2007, la TVM oublie tous les efforts entrepris avant l’arrivée du président Aziz pour ne citer que le moment où, dans le cadre d’un plan de réhabilitation de la cité, les pouvoirs publics avaient commencé à agir sur le moyen et long termes pour venir en aide aux populations. Mais dans son excès de zèle à vouloir présenter le nouvel Etat-providence en Mauritanie, la TVM parle de la construction d’un marché de plus de 1000 boutiques. Mais tout de suite après, le citoyen qu’elle fait intervenir pour appuyer sa propagande, va plus loin en précisant que ce sont les commerces eux-mêmes qui ont pris en charge la reconstruction de leurs boutiques. Rien de plus normal, il est vrai, mais cela ôte tout mérite à un gouvernement qui n’a fait que distribuer des terrains, comme il le fait également ici, à Nouakchott, où les populations déplacées des  » gazra «  abandonnent souvent des abris décents pour aller dormir sous la belle étoile.

C’est dire que la transformation actuelle des médias publics en caisse de résonnance pour ne présenter, comme informations, que les activités des membres du gouvernement, est un aveu de faiblesse du pouvoir. Un pouvoir qui sent, peut-être, qu’il y a un réel malaise chez les populations, face à la détérioration de leurs conditions de vie.

Une situation qui ne correspond pas, véritablement, à l’idée qu’on se fait ailleurs de l’État-providence (en particulier le Modèle Français) qui poursuit un double objectif : Un objectif de protection sociale, d’assurances contre les risques et aléas de la vie, mais aussi un objectif de justice sociale, via certains mécanismes complexes de redistribution des richesses.

Par protection sociale il faut ainsi entendre la sécurité sociale (système d’assurance que prend en charge en Mauritanie la CNAM et la CNSS), mais aussi une action sociale et une aide sociale (système d’assistance que joue très médiocrement les ministères de la Famille, de la Santé et le CSA). Mais attention, en Mauritanie, cette protection sociale ne va pas au-delà ! Elle ne désigne pas, comme presque partout ailleurs, le système d’indemnisation, par les administrations publiques, des citoyens victimes des aléas de la vie (comme le chômage, la maladie, les accidents, la vieillesse, le décès d’un parent pour un mineur, etc.). L’Etat (providence) dit tout faire quand il arrive à assurer un minimum de ressources ainsi que l’accès aux besoins essentiels (éducation, santé, eau, nourriture) à tous les citoyens hors catastrophe, guerre ou calamité (qui relèvent, elles, de la sécurité civile). Les objectifs de protection sociale assurés par l’État-providence sont assurés par les politiques sociales.

Et c’est justement, au niveau de ces dernières, que l’on se rend compte facilement du manque d’imagination de nos gouvernants. Même au niveau de l’assistance sociale, rien n’est fait de manière organisée. La non ponctualité de l’aide que livre le Commissariat à la sécurité alimentaire et à l’action humanitaire ne traduit-elle pas cet usage intéressé des moments de détresse des populations à des fins politiques ? Le retard des pluies, la hausse des prix ou l’apparition subite d’une maladie animale sont exploités, pernicieusement, à des fins politiques qui font que la conception minimaliste de l’État-providence contredit ces visions et érige en principe fort que rôle et missions de l’État sont cantonnés aux fonctions régaliennes (police, armée, justice), et que tout ce qui est fait en dehors (routes, hôpitaux, écoles) relève d’actes d’exception, d’actions possibles mais non nécessaires. L’Etat-providence en Mauritanie, c’est la mobilisation de toutes les ressources nationales pour un besoin de survie. Du Système et des hommes.

Encadré :

La politique est vraiment difficile à comprendre pour les enfants

Voici une tentative d’explication de la POLITIQUE :

Un soir, devant la télé, un enfant demande à son papa : ’Papa, explique-moi ce qu’est la politique’. Réponse du papa : ’C’est très simple, mon fils. Je vais te donner un exemple. Prenons le cas de notre famille : c’est moi le papa qui rapporte de l’argent ; je suis le CAPITALISTE. Ta maman gère cet argent ; elle est donc le GOUVERNEMENT. Ton grand-père qui vit avec nous dans la maison, lui, vérifie si tout se passe bien ; il est donc le PARLEMENT.

La jeune fille que tu vois travailler dans la maison est notre bonne ; elle, constitue la CLASSE OUVRIERE. Tous, nous n’avons qu’un seul but : garantir ton bienêtre ; tu es donc le PEUPLE. Ton petit-frère encore qui dort tranquillement dans le berceau,nous dirons qu’il est l’AVENIR.’ L’enfant a très bien écouté !

La nuit tombe, chacun s’en va au lit. L’enfant dans le sommeil, entend son petit-frère pleurer dans le berceau. Il décide de se lever, et d’aller voir. En fait, le petit-frère a uriné dans son linge !

Que faire ? se demande-t-il. Il va dans la chambre de ses parents, et s’aperçoit que la maman est seule au lit, et dort profondément.

Très inquiet, et ne voulant pas la réveiller, l’enfant va dans la chambre de la bonne, mais curieusement, il trouve son papa en plein repos du guerrier sur le lit de la jeune fille. Bouleversé, l’enfant va voir le grand-père dans sa chambre, lequel se contente aisément de regarder par la fenêtre, la scène de la jeune fille et du papa. Ayant eu peur et déçu en même temps, l’enfant va se recoucher et s’endort, laissant le petit-frère pleurer.

Le lendemain, le papa demande fièrement à l’enfant : ’Alors mon fils, as-tu réfléchi et compris ce qu’est la politique ?’

L’enfant répond : Oui papa, ta définition était trop claire : le Capitalisme profite de la Classe ouvrière, pendant que le Gouvernement dort, et le Parlement regarde sans rien dire. On s’en fout de ce que pense le Peuple, et l’Avenir est dans la merde. Moralité ?

MOMS

Source  :  L’Authentique le 24/08/2011

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