Une partie de l’opposition qui dit oui, une autre qui dit non, une majorité qui ne sait plus quoi dire, attendant un signal d’en haut.
Le dialogue politique inclusif, que tout le monde appelle de ses vœux et qui figurait, en bonne place, dans les fameux Accords de Dakar, risque de ne jamais voir le jour. Pourtant, cela fait des mois, que des partis et des hommes politiques, tout ce qu’il y a de plus sérieux, planchent dessus. Entre rencontres, audiences, réunions-marathons, retouches pour un mot ou pour deux, déclarations de bonne intention, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Et n’a rien charrié. Si ce n’est une mésentente, pas tout à fait cordiale, entre un pouvoir qui dort sur les lauriers, aux commandes d’un navire qui tangue dangereusement, et une opposition, échaudée par l’expérience de 2009, lorsqu’elle fut roulée dans la farine, qui refuse de faire la moindre concession. Ses revendications sont, au demeurant, des plus légitimes. Elle demande, en premier lieu, l’ouverture des médias publics à tout le monde. Il n’est, en effet, pas normal que, dans un pays qui se veut démocratique, les organes de presse officiels soient transformés en outils de propagande, au seul profit du pouvoir en place. Il faut aller en Corée du Nord, en Birmanie ou en Libye de Kadhafi – encore qu’il faille, en ce dernier cas, se dépêcher – pour voir encore une telle bêtise humaine. La télévision et la radio fonctionnent avec l’argent du contribuable, donc, de tout un chacun, et doivent, de ce fait, refléter l’avis de tous. Comment incriminer l’opposition, si elle réclame un temps de parole, alors que le problème ne devrait, même pas, être posé? Dans une démocratie qui se respecte, ce genre de détails ne doit pas faire l’objet de discussions. Il coule de source, normalement. Tout comme un code électoral consensuel, une CENI indépendante et une administration neutre. C’est ce qu’on appelle, communément, les fondamentaux de la démocratie.
Si le pouvoir est sincère dans sa volonté de dialogue et s’il tient à respecter l’Accord qu’il a signé sous l’égide de la communauté internationale, tout devrait rentrer dans l’ordre. Au bénéfice de tous: du pouvoir, qui fera preuve d’ouverture, et de l’opposition, qui évoluera, désormais, dans une scène politique apaisée et pourra se consacrer à autre chose que ses querelles de clocher. Faute de quoi, on irait vers des élections organisées unilatéralement, sans aucune crédibilité. La tension augmenterait, alors, d’un cran. Ce qui, avec les autres foyers de tension, à l’intérieur et à l’extérieur, risque d’être du plus mauvais effet, sur un pays qui vit, déjà, des moments difficiles. La de plus en plus probable et imminente chute du Grand Guide libyen, en dépit de ses milliards et de ses monumentaux arsenaux, devrait donner à réfléchir à notre raïs qui aurait grand tort de minimiser le ras-le-bol populaire, en cette affaire comme en d’autres. Trop plein que tous nos politiques semblent avoir perdu de vue. Ils auraient, pourtant, le plus grand intérêt à couper court et aller, directement, à l’essentiel. Ou déclarer leur incapacité. Et partir. Tous. Sans exception.
Ahmed ould Cheikh
Source : lecalame.info le 23/08/2011
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