La société civile mauritanienne divisée sur le dialogue national

Les efforts livrés par le gouvernement pour lancer un dialogue politique inclusif se sont échoués sur les demandes de l’opposition réclamant de plus grandes réformes.

 

 

 

Lors d’une conversation téléphonique retransmise à la nation, le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a réitéré sa volonté de dialoguer avec l’opposition et la société civile. Mais certains activistes insistent sur le fait qu’aucun dialogue significatif ne pourra avoir lieu sans des réformes menées en amont.

« Certaines parties de l’opposition posent certaines conditions comme préalable à l’amorce de tout dialogue, « alors que ces conditions relèvent de sujets qui doivent justement faire l’objet du dialogue », a déclaré Ould Abdel Aziz le 5 août, alors qu’il marquait le second anniversaire de son vote de confiance.

« A travers une lecture de la scène politique, il apparait que les facteurs de réussite de ce dialogue existent, « , affirme Mohamed Yahya Ould Horma, vice-président du parti de l’Union pour la République (UPR) au pouvoir.

Parmi ces facteurs; il y a  » le report des élections sénatoriales, la disponibilité absolue de reporter les élections parlementaires et municipales, l’entière disponibilité du pôle de la majorité pour le dialogue et l’importante place qu’occupe le dialogue dans le programme de la coordination de l’opposition », ajoute-t-il.

M. Idoumou Ould Abdi Ould Jiyid, secrétaire général du parti « El Wiam », exprime lui aussi son optimisme, mais il recommande toutefois la patience concernant les prochaines élections.

De son côté, le président du parti « ADEL », M. Yahya Ould Ahmed El Waghef, en appelle à l’arrêt des campagnes médiatiques entre les différentes parties politiques et la nécessité de l’accord de tous sur l’importance du dialogue.

« Le manque de conviction aussi bien de la part de l’opposition que de la majorité quant à la nécessité de l’alternance au pouvoir de manière pacifique constitue l’une des véritables causes entravant le dialogue », affirme-t-il.

Pour sa part, le le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) exige du pouvoir le respect de 5 conditions préalables. Le parti de l’opposition insiste sur le fait que les autorités doivent prendre comme base de tout dialogue l’Accord de Dakar, elles doivent s’’interdire de réprimer toute manifestation pacifique, ouvrir les médias publics aux protagonistes politiques et aux organisations de la société civile et s’interdire toute instrumentalisation de l’administration ainsi que des forces armées et de sécurité à des fins politiciennes partisanes. De plus, le parti demande de s’abstenir de participer à toute consultation électorale sans l’établissement au préalable d’un code électoral convenu, issu d’un processus consensuel.

L’invitation à des éventuels entretiens s’est également étendue à des leaders de la jeunesse. Un groupement appartenant au Mouvement du 25 février a fait savoir qu’il s’engagerait dans le dialogue entrepris avec le régime au pouvoir après avoir rencontré les trois dirigeants du conseil de coordination présidentielle, rencontre qui devait se dérouler à la fin du mois de juillet.

Cette démarche a suscité de fortes réactions de la part de certaines formations, au sein de ce mouvement.

Selon un groupe nommé « la Coalition de la Jeunesse du 25 février », les jeunes qui ont rencontré le président « ne représentent qu’eux-mêmes ».

« Les autorités nous ont déjà demandé de négocier, et nous avons refusé parce que nous pensions que personne ne pouvait s’adjuger le droit de parler au nom des jeunes de Mauritanie », indique un communiqué publié par le groupe, le 4 août. »Le régime mauritanien n’a rien fait qui puisse indiquer sa réceptivité envers les demandes faites par les jeunes, et en fait, il n’a fait qu’empirer les choses en signant cet inquiétant accord de pêche et en augmentant les prix du carburant pour la dix-neuvième fois en un an ».

Un autre groupe de jeunes, « la Jeunesse indépendante du 25 février », partage ce sentiment.

« Nous, en tant que groupe séparé comprenant en son sein des journalistes, des syndicalistes, des intellectuels et des auteurs, nous avons déjà fait part de nos positions vis-à-vis du régime et des partis politiques dans un premier temps, et il nous est apparu clairement qu’il y a un groupement qui tente de diviser les rangs en entrant dans un dialogue avec le régime, sans consensus, ce qui nous a fait adopter une position différente », dit Rabi Ould Idoumou, membre du groupe.

Des voix de mécontentement se sont également faites entendre parmi d’autres éléments du mouvement des jeunes.

« Nous sommes bien sûr désolés que certains de ces groupes se soient assoupis et qu’ils soient tombés entre les griffes du régime qui a pour objectif d’absorber ce mouvement », déclare Ettar Ould Hmeida, un militant. « Nous ne voyons aucune nécessité de dialogue avec ce régime parce qu’il viole la constitution, qu’il étouffe les libertés et qu’il supprime les manifestations ».

Certaines factions établies au sein de la Jeunesse du 25 février, dont le Groupe Biladi, la Mauritanie de Demain et le Mouvement de la Jeunesse pour la Résilience de la Mauritanie, ont appelé les citoyens à participer à des manifestations hebdomadaires pour mettre la pression sur le régime en faveur de l’institution de réformes réelles et efficaces contre la corruption, pour promouvoir la justice, pour améliorer les conditions de vie et réduire les prix.

Bakari Gueye et Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 18/08/2011

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