Bourses africaines : encore marginales…

Dynamiques mais en gestation, la vingtaine de places boursières du continent demeurent trop petites pour être attractives pour les investisseurs internationaux. Et il reste à développer une « culture » de la Bourse.

 

Jeunes, de petite taille, mais à fort potentiel… C’est le portrait-robot des Bourses africaines. Les dix principales Bourses africaines ont vu leur capitalisation boursière passer de 222 milliards de dollars, en 2002, à plus de 700 milliards en 2008. Dans ce paysage, la Bourse sud-africaine fait figure d’exception avec une capitalisation boursière de plus de 800 milliards de dollars en 2009. La Johannesburg Stock Exchange (JSE) rassemble, à elle seule, plus des deux tiers des opérations boursières qui se font en Afrique. Elle fait ainsi partie du top 20 des Bourses du monde. Outre la JSE, les Bourses les plus dynamiques sont égyptienne (Egyptian Exchange, EGX, deuxième place d’Afrique), kenyane – la Nairobi Stock Exchange (NSE) est la plus importante et ancienne Bourse en Afrique de l’Est et du Centre –, tunisienne (Bourse de Tunis), marocaine (Bourse de Casablanca), nigériane (Nigeria Stock Exchange, NSE), ghanéenne (Ghana Stock Exchange, GSE) et mauricienne (Stock Exchange of Mauritius, SEM). Les Bourses du Caire, de Casablanca, de Maurice et la JSE sont les seuls membres africains de la Fédération internationale des Bourses de valeur (World Federation of Exchanges, WFE). Les autres sont considérées comme des Bourses « frontières » du fait de leur petite taille.

Le développement des Bourses africaines date des années 1990. Leur création en Afrique s’est faite à l’initiative des États. Objectif : mobiliser les ressources nécessaires dans le cadre de la privatisation des sociétés publiques, imposée notamment par les institutions de Bretton Woods. Aussi, les Bourses sur le continent sont souvent publiques, comme la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), basée à Abidjan, et commune aux huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Elles peuvent également être mutualistes, comme au Cameroun ou au Nigeria. La JSE est une exception africaine : elle est cotée en Bourse comme la plupart des grandes places boursières du monde.

Avec la crise financière, la question d’un projet panafricain, déjà étudié en 2008 par l’Union africaine (UA), a ressurgi. Selon l’UA, les obstacles au développement des marchés financiers en Afrique sont multiples : conditions macro-économiques peu favorables, volume faible des transactions, impôts élevés sur les opérations, infrastructures insatisfaisantes… Mais c’est surtout toute une culture boursière que l’Afrique doit acquérir. La chose boursière est une inconnue pour les épargnants, les petits porteurs et les entreprises, analyse le numéro de septembre 2010 de la revue Techniques financières et développement. Pour les entrepreneurs africains, une introduction en Bourse équivaut à une perte de contrôle et ils ont également une grande aversion pour le risque. Ce qui explique l’attrait pour les marchés obligataires.

Derrière ces insuffisances pointe surtout l’absence de communication et d’éducation financière. Le patron d’Enko Capital Management (une société d’investissement), Cyrille Nkontchou, estime qu’il revient aux intermédiaires de Bourse, à l’État, qui doit créer un environnement propice, mais aussi au public épargnant et aux entrepreneurs, appelés à « mieux s’éduquer  », de remédier à ce déficit.

Les 23 Bourses africaines

– Bolsa de Valores de Cabo Verde (Cap Vert), BSE (Botswana), Bourse de Tunis (Tunisie), Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM : Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Guinée-Bissau), Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC : Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad), CSE (Maroc), Dar es Salam SE (Tanzanie), Douala Stock Exchange (Cameroun), EGX (Égypte), GSE (Ghana), JSE (Afrique du Sud ), Khartoum SE (Soudan), Libyan Stock Market (Libye), LSE (Zambie), Malawi SE (Malawi), Mozambique SE (Mozambique), Nairobi SE (Kenya), Namibian SE (Namibie), Nigerian SE (Nigeria), SE of Mauritius (Maurice), Swaziland SE (Swaziland), USE (Ouganda), ZSE (Zimbabwe). 
– L’ASEA (Association des Bourses de valeurs africaines) en regroupe 21 sur 23 (la BVMAC et la Bourse du Swaziland n’en sont pas membres.

(Liste parue dans Africa24 Magazine : : Les 500 qui font l’économie du continent
)

Agnès Assi

Source  :  Afrik.com le 08/08/2011

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