Mauritanie : Ould Aziz persiste et signe l’avancement de ses réformes

L’enrôlement des populations, le règlement du passif humanitaire, la lutte contre la gabegie et la corruption, les élections législatives et municipales d’octobre prochain, la guerre contre Al Qaïda.

 

 

Tels sont les principaux thèmes abordés par le président mauritanien lors de son 2ème face à face au public cette fin de semaine à Nouakchott pour marquer le deuxième
anniversaire de son avènement au pouvoir.

Ould Aziz persiste et signe que les réformes institutionnelles et économiques qu’il a engagées depuis juillet 2009 sont en bonne voie. Pour les observateurs, cet optimiste  cache bien un malaise des mauritaniens qu’il attribue  aux médias et aux rumeurs propagées par certains politiciens malintentionnés. Le président des pauvres n’apporte pas de réponses concrètes à la précarité et au climat social tendu aggravé par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie en
ce mois béni du Ramadan.

Pour son 2ème round annuel face au public et aux journalistes, le président Ould Aziz a laissé perplexes ses détracteurs sur l’ensemble de ses réformes institutionnelles et économiques. Tout le monde l’attendait au tournant  et surtout les mauritaniens de la diaspora qui ont occupé cette fin de semaine l’ambassade de la Mauritanie à Paris avant de manifester leur colère  dans les rues de la capitale française sur le caractère raciste et xénophobe de l’enrôlement des populations à Nouakchott et à l’intérieur du pays voire à l’étranger. Sur ce dossier brûlant la réponse du chef de l’Etat est clair.
Contrairement aux rumeurs de certains politiciens malintentionnés et des médias, il s’agit d’une opération biométrique de l’état civil et non d’un recensement. Allez saisir les nuances. Alors pourquoi sa nature suscite-elle autant de bruits, de suppositions, d’informations partielles et tronquées ?
La réponse réside d’abord dans la création d’une agence nationale par décret qui nomme un administrateur qualifié plus d’homme d’affaire et ensuite dans la composition des membres des commissions de recensement areprésentatifs au
plan national et enfin dans l’improvisation de cette opération  qui nécessitait avant  une campagne de sensibilisation  des populations pendant et après pour la réussite de l’opération qui a coûté au trésor public plus de 7 milliards d’ouguiya. Le président martèle à qui veut l’attendre que tous les mauritaniens seront enrôlés y compris ceux qui sont à l’étranger et
même les étrangers en Mauritanie. Une réponse laconique qui ne résout pas les lenteurs de cette réforme mal comprise par les mauritaniens y compris ceux de la diaspora dont les bi nationaux devront formuler la demande s’ils veulent garder leur double nationalité.

En brandissant des chiffres  à titre d’exemple les 4000 inscrits à Kaédi une région du Sud et 2000 à Néma une région du Nord pour démonter les allégations  de discrimination Ould Aziz s’enfonce davantage dans les soupçons d’accointance des agents de recensement à des partisans de l’ancien régime OuldTaya qui entendent bien faire échouer son projet. Cette discrimination qui touche les négro-mauritaniens, les haratins  voire certains maures est le premier révélateur du gouvernement  intolérant de Ould Laghdaf toujours égal à lui-même et laxiste au sujet du  passif humanitaire mais en voie de règlement avec la réhabilitation  d’un site à Nouakchott selon le chef de l’Etat.

C’est la lutte contre la gabegie et la corruption qui a donné plus de bons résultats. Le président des pauvres en est fier puisqu’elle a permis de construire des infrastructures et de payer les indemnités de transport et de logement des fonctionnaires. Il y va de sa crédibilité parce ne disposant guère jusqu’ici de biens illicites mais il n’en demeure pas moins que son entourage voire des hommes d’affaires bien connus sont loin d’avoir les mains propres tout en restant impunis.

Deux poids deux mesures .Le président avoue lui-même qu’il est intervenu une fois en faveur de la société nationale ATTM pour empêcher qu’elle soit victime d’une concurrence déloyale face à une entreprise étrangère.

Autre satisfaction. La guerre contre l’Aqmi commence à donner des résultats grâce à l’augmentation du budget alloué à la
défense nationale et qui a permis entre autre de réorganiser l’armée et de mettre en déroute les barbus de l’Aqmi.

A quelques mois des élections législatives et municipales  l’occasion est belle pour le président mauritanien de tacler l’opposition en faisant preuve un peu d’ouverture pour d’éventuels pourparlers pour leur report mais sans aucun préalable des deux parties.

Depuis des années les mauritaniens vivent dans la tourmente. Ce qui les préoccupe le plus  c’est la cherté de la vie, le chômage notamment des jeunes  et des diplômés  qui ne cesse d’augmenter. Sur ce climat social tendu Ould Aziz n’a pas apporté des réponses concrètes se contentant de remettre la faute à la mondialisation en rappelant le programme de
solidarité 2011 qui était censé de lutter contre la hausse des prix.

Un bilan mitigé qui devra servir de sonnette d’alarme à 3 ans de la fin du quinquennat. D’ici là peut-être les choses vont changer en changeant de gouvernement voire de premier ministre pour relever le défi de la pauvreté, le cheval de bataille qui lui a permis de s’installer à la Maison brune.

Bakala Kane

(Contribution reçue à Kassataya le 06/08/2011)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Voir Aussi
Fermer
Bouton retour en haut de la page