AQMI lance une campagne d’endoctrinement le long de la frontière mauritano-malienne

A l’occasion du Ramadan, al-Qaida tente de diffuser sa philosophie destructrice parmi les habitants vivant le long de la frontière entre la Mauritanie et le Mali.

 

 

Des membres d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) ont récemment lancé une nouvelle initiative visant à diffuser leur idéologie de la violence parmi les habitants du Sahel, alors que leur groupe terroriste tente de se remettre des défaites successives infligées par les forces de sécurité mauritaniennes et maliennes.

Sidi Mohamed, un jeune Mauritanien habitant à Bassiknou, fait du commerce avec les villages du nord du Mali et a de nombreuses relations parmi les habitants de la région. Il explique à Magharebia que nombre de ses proches ont eu l’occasion d’entendre des discours d’al-Qaida alors qu’ils se trouvaient au Mali, notamment lors des marchés hebdomadaires.

« Al-Qaida au Maghreb islamique tient des discours exhortatoires et religieux qui se terminent en invitant les gens à s’engager dans la guerre sainte, en particulier les jeunes », raconte-t-il.

Et il poursuit : « Ces réunions ont commencé à être organisées peu avant la dernière offensive de l’armée mauritanienne. Mais après l’attaque de l’armée contre al-Qaida dans la forêt de Wagadou, l’organisation a continué de les tenir, et ce qui est surprenant, c’est qu’elle le fait à proximité de casernes de l’armée malienne, et même devant la gendarmerie malienne, parfois à quelques mètres seulement ».

Lors d’un entretien téléphonique avec Magharebia, Oumar Ould Brahim indique avoir lui aussi assisté à ces conférences terroristes alors qu’il travaillait comme négociant sur les marchés hebdomadaires le long de la frontière malienne.

« Toutes ces conférences organisées par al-Qaida ont eu lieu en territoire malien, en particulier sur le marché de Tichift, où une unité de six véhicules était présente, tandis que sept autres organisaient des tours de présentation pour les personnes présentes », dit Ould Brahim.

« Mais les membres d’al-Qaida n’ont pas eu le courage d’organiser leurs réunions en territoire mauritanien », ajoute-t-il.

Il déclare également que dans le village de Zweira, à 270 kilomètres de Bassiknou, « certains éléments de l’organisation armée sont arrivés vers 9 heures, et ils ont demandé aux gens présents sur le marché de se rassembler et de les écouter ».

« Ils dont demandé à ces personnes de rejoindre le djihad et de lire des poèmes à la mémoire d’Oussama ben Laden, pour son djihad au nom de Dieu, et ils ont demandé aux jeunes Mauritaniens ‘Pourquoi ne te donnes-tu pas à Dieu pour combattre en son nom ? »‘, déclare-t-il, soulignant que certains des terroristes portaient des caméscopes.

« Dans le village malien de Laranp, al-Qaida a rassemblé les habitants et les personnes venues au marché hebdomadaire à 700 mètres seulement des bâtiments de la gendarmerie malienne, qui observait les membres de cette organisation armée depuis les balcons du bâtiment », explique Ould Brahim. Il estime que cela constitue un « manque de sérieux » de la part des autorités maliennes dans leur lutte contre al-Qaida.

« La plupart des gens ont été terriblement choqués, et certaines femmes commerçantes ont commencé à porter le hijab et à reprendre les slogans de rappel divin, tandis que certains jeunes Mauritaniens s’éloignaient pour éviter d’être filmés », commente-t-il.

Le jeune Mauritanien Dah Ould Najib a lui aussi rencontré al-Qaida alors qu’il faisait du commerce au Mali. Il raconte que le groupe terroriste a fouillé ses affaires et lui a posé toute une série de questions, ajoutant : « Ils ont fini de m’interroger en me disant que je devais les rejoindre dans la lutte au nom d’Allah, et quand j’ai refusé, ils m’ont acheté un petit couteau pour 4 000 ouguiyas, un prix bien supérieur à sa valeur ».

« Mais ce qui m’a vraiment surpris, c’est qu’à l’heure de la prière, j’ai remarqué que certains membres d’al-Qaida ne faisaient pas la prière correctement parce qu’ils avaient choisi de faire le tayammum au lieu des ablutions », s’étonne Ould Najib.

Bechir Ould Babana, spécialiste des groupes terroristes, explique que la présence d’AQMI au Mali « ne peut plus être mise en doute, ce dont peuvent témoigner tous les habitants de ces régions ».

Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 05/08/2011

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page