Un nouveau Code de la route suscite la controverse en Mauritanie

La Mauritanie renforce sa législation pour maintenir l’ordre sur les routes.

 

 

 

Des centaines de conducteurs sont descendus dans les rues de Nouakchott, dimanche 31 juillet, pour protester contre le nouveau Code de la route.

Cette législation, ratifiée par le parlement le 15 juillet, impose de sévères pénalités aux conducteurs non respectueux de la loi. Un conducteur qui cause la mort de quiconque risque une amende de 2 500 000 ouguiyas et une peine de prison de six mois à un an, voire plus.

« Le gouvernement a décidé de mettre un terme au chaos dans le secteur des transports en adoptant une loi, la première de ce type, pour protéger les vies des citoyens », a déclaré le ministre de la Communication Hamdi Ould Mahjoub.

« La plupart des accidents sont causés par la vitesse excessive des conducteurs », a-t-il ajouté. « L’Etat a décidé de combler ce vide juridique dans le secteur des transports du pays. »

Mais certains citoyens ne sont toutefois pas convaincus par la justification de cette mesure.

« Cette nouvelle loi est injuste et totalement irréaliste », dit Didi Ould Bouh à Magharebia. « Pouvez-vous imaginer qu’un conducteur qui écrasera un poulet devra payer une amende de 25 000 ouguiyas, alors que le prix du poulet lui-même est à peine de 2 000 ouguiyas ?! Nous, les conducteurs mauritaniens, nous avons donc décidé de nous opposer à une loi aussi injuste. »

« Tous les salariés du secteur des transports sont des gens pauvres et ils soutiennent une large frange de la société mauritanienne », déclare Mohamed Mahmoud Ould Mohamed, un chauffeur de camion. « Ils ne peuvent donc se permettre de payer les amendes prévues aux termes de cette nouvelle loi. Cela veut dire qu’ils seront envoyés en prison tôt ou tard. Ces amendes sont très élevées, et les pauvres ne peuvent les payer. »

Il ajoute que certains de ses collègues sont « en prison après que cette nouvelle loi leur ait été appliquée ».

« Je ne sais pas moi-même quand je serai envoyé en prison avec eux », ajoute-t-il. « Chaque transporteur de Mauritanie se retrouve aujourd’hui face à un avenir incertain en raison de cette nouvelle législation. »

D’autres sont toutefois d’un avis différent.

« Cette nouvelle loi rend un grand service aux citoyens », déclare Lalla Mint Khattri, une commerçante. « Le nombre d’accidents mortels sur les routes a fortement augmenté dans les villes de Mauritanie ces derniers temps par suite des excès de vitesse. Plus de 26 accidents mortels se sont produits le mois dernier dans la capitale, Nouakchott ; cela reflète le peu de respect qu’ont les conducteurs pour la vie des citoyens. L’Etat devait donc intervenir. »

« Le précédent Code de la route, qui date de 2005, exigeait seulement des conducteurs qu’ils aient un permis de conduire et une carte d’assurance », ajoute-t-elle. « Après quoi, ils pouvaient tuer qui ils voulaient sans prendre aucun risque. Et les compagnies d’assurance traînaient ensuite les pieds pour indemniser les victimes et finissaient par ne pas le faire ».

Meimouna Mint Levfhal, salariée dans une compagnie d’assurance, ne nie pas la faute des compagnies d’assurance.

« En fait, il y avait beaucoup d’accidents ; cela mettait les compagnies d’assurance dans l’impossibilité de payer », explique-t-elle. « De plus, certains transporteurs se livraient également à de la fraude aux compagnies d’assurance pour de l’argent. »

Elle ajoute que « cette nouvelle loi tire le tapis sous les pieds des compagnies d’assurance ».

« La plupart d’entre elles vont donc disparaître si cette loi n’est pas abrogée », conclut-elle.

Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud

Source  :  Magharebia le 04/08/2011

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