Opération d’enrôlement des citoyens à Boghé : Erreurs, lenteurs, flou, absenteisme…

recensement-mauritanieL’opération dite « enrôlement des citoyens » appelée encore recensement administratif lancée depuis Nouakchott par le président de la république, M. Mohamed O Abdel Aziz se déroule à Boghé depuis le 20 juin 2011 dans les locaux de l’ex- Maison du Livre (Dar El Kitab).

Plus d’un mois après le démarrage de cette « opération d’enrôlement » que les pouvoirs publics présentaient comme opération devant « révolutionner » notre état civil, des citoyens, des partis politiques et des ONG de défense des droits de l’homme dénoncent l’opacité dans laquelle elle se déroule.

Les objectifs assignés à cette opération d’enrôlement par nos gouvernants étaient à la fois de doter la Mauritanie d’un état civil fiable et sécurisé, de corriger les erreurs du RANVEC de 1998. Par rapport a ces objectifs, beaucoup de manquements ont été constaté au niveau de Boghé

Joueîdé Yarg Mint Yarg
Joueîdé Yarg Mint Yarg est née en 1959 à Aleg. Sa copie intégrale (voir fac-similé) porte le matricule national : 050101219590318. Sur sa carte nationale d’identité (voir fac-similé), il est mentionné qu’elle est née en 1952 à Aleg. Dans le nouvel extrait qui lui été délivré le 18/07/2011 par le CAC de Boghé et qui porte le numéro national d’identification : 2944433352, son âge a été augmenté de 7 ans. S date de naissance est ainsi devenue : 31/12/1952. Son nom aussi a été tronqué. Elle devient Joueyria (dans le registre national des populations) au lieu de Joueîdé (son vrai nom). Alertée par son fils, un directeur d’école qui sert au Guidimakha et qui voulait allait se recenser sur la base de sa copie, elle se précipite au CAC pour attirer l’attention de Issa O Dahi qui ne trouve pas meilleur réponse que de banaliser les erreurs signalées par la dame. Joueîdé tape du point sur la table et exige immédiatement que des corrections soient apportées sur sa nouvelle copie mais en vain. Ould Dahi lui demande d’aller sur Nouakchott pour corriger la copie mais elle refuse. « Je ne peux pas comprendre que je sois recensée ici dans votre centre et que c’est vous qui avez commis ces erreurs sur mon acte et ensuite vous me dites d’aller à Nouakchott pour les corriger » s’écrie la marchande. Joueîdé ne sait plus à quel saint se vouer.

Hamidou Moussa Barry
Hamidou Moussa Barry est un planton connu de tous à la mairie de Boghé. Dans sa copie intégrale obtenue après le RANVEC de 1998, il s’appelle Hamidou Moussa Barry avec la date de naissance 1958 et Boghé comme lieu de naissance. D’ailleurs sur la copie intégrale, une rectification est apportée à la machine dactylographique sur son nom « Moussa » qui ne figurait pas sur la copie intégrale. Se présentant devant le CAC, Hamidou a été enrôlé suivant le NNI 4528511640 mais le nom de famille de sa mère qui correspond exactement à « Diallo » a été remplacé par Yekou qui n’existe nulle part dans les noms de famille de la communauté Peulh. En plus, le lieu de naissance de sa mère au lieu de Boghé devient Bogé (dans quel endroit du pays ?) dans le nouveau registre des populations. L’intéressé, Hamidou s’est présenté pour qu’on rectifie les erreurs figurant sur sa nouvelle copie mais, selon lui Issa lui a dit que ce n’est pas grave.

Peinda Bocar M’Baye
Le même cas s’est posé pour la nommée Peinda Bocar M’Baye, née en 1936 à Boghé. Ses parents sont nés tous à Boghé. Voir copie intégrale 050501219360139. La mère de Peinda, en l’occurrence Famatel Bâ, née le 31/12/1899 à Boghé a désormais un autre lieu de naissance, c’est Bocar. (voir NNI 5210814005 en date du 13/07/2011.)

Malick Djibril Lô
Un autre cas nous été signalé. Il s’agit de celui de Malick Djibril Lô. Si l’on se réfère à son RANVEC de 1998 et qui porte le numéro 0801213, l’intéressé est né 1943 à Touldé (commune de Boghé). Ses deux parents sont nés à Touldé et résident également dans la dite localité (Ranvec 1998). Bizarrement, dans le nouvel extrait qui lui été délivré par le CAC de Boghé, il est intégré dans la commune de Djellewar de la Moughata’a d’Aleg. Le nom de sa mère Habsa est écrit avec deux S. Sa réclamation auprès du CAC en vue d’une rectification des erreurs figurants sur son extrait est restée vaine comme les autres.
Et pourtant, pareilles erreurs avaient été signalées dans l’extrait de la mère d’un haut responsable de l’Etat, natif de Boghé mais il a suffit d’un simple coup de fil pour que la copie soit rectifiée de façon expresse.

Autres cas
Madame Hapsatou Mamadou Sy, née en 1952 à Thialgou, titulaire de la CNI N° 0105050100399463 a été rejetée le mercredi 27 juillet pour erreurs de transcription (Hamadi au lieu de Mamadou sur le Ranvec et sur la copie intégrale qui en est la résultante). La nommée Marième Demba Diallo née en 1964 à Boghé, CNI N° 0113050500307317, résidente dans le quartier de Nioly, s’était présentée le dimanche 17 Juillet devant le CAC munie de ses pièces d’état civil au complet. Malgré tout, elle n’a pas pu se faire enregistrer parce qu’aucun membre de la fameuse commission d’identification n’a pu l’identifier. Elle n’a réussi à se faire enrôler qu’une semaine après (le dimanche 24 du même mois). Coumba Dado Ninag est une septuagénaire qui s’est recensée au CAC de Boghé depuis plusieurs semaines. Le CAC lui a délivré un récepissé portant le numéro : 0492606201114595300022. Mais la vieille dame attend toujours d’entrer en possession de son nouvel extrait de naissance. Son fils, Mamadou Lawel se présente tous les jours devant le responsable du centre dans l’espoir d’obtenir sa copie mais en vain. Mamadou Lawel s’est désolé plusieurs fois d’entendre de la voix du responsable du CAC qu’il n’y a pas de réseau alors qu’on continue de produire des extraits pour d’autres citoyens.

Flou et lenteur
En outre le CAC de Boghé continue toujours d’entretenir le flou sur les pièces d’état civil requises du citoyen avant être enrôlé. La loi exige la présentation du Ranvec ou de la copie intégrale de l’acte de naissance en plus de CNI. Or dans certains cas, la commission exige les trois pièces. Ce qui constitue une obstruction de plus, si l’on sait que c’est sur la base du RANVEC de 1998 que la copie intégrale a été établi. Sur un autre registre, les rejets pour erreurs de transcription de noms se poursuivent alors que l’une des missions principales de la présente opération d’enrôlement des citoyens est d’apporter les corrections nécessaires aux pièces d’état civil qui le requièrent.
A tout cela s’ajoute la lenteur des opérations d’enrôlement due en grande partie à l’irrégularité de certains membres de la commission d’identification dont les signatures sur les PV sont un préalable à la délivrance de l’extrait du registre des populations ; a titre d’exemple, l’enregistrement n’a débuté le dimanche 24 juillet qu’à 11H 30 portant ainsi un sérieux préjudice à de nombreux citoyens malades voire invalides. S’y ajoute les absences (parfois 4 jours par semaine) du responsable de l’agence à Boghé, Issa O Dahi.


Thièrno Souleymane CP Quotidien de Nouakchott au Brakna

Source: Quotidien de Nouakchott

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