Lancement du Programme de prévention et de résolution des conflits fonciers intercommunautaires en Mauritanie :

Faciliter le renforcement de la cohésion sociale.

 

 

 

 

L’hôtel Atlantic de Nouakchott a abrité dans la journée du samedi 30 juillet, l’atelier de lancement du programme de prévention et de résolution des conflits fonciers intercommunautaires en Mauritanie. Al’initiative de SOS Esclaves et du FONADH et grâce à l’appui d’Anti Slavery international et au financement de la Fondation Baring, ce programme est le résultat de l’étude portant sur la problématique des conflits fonciers.

La cérémonie de lancement s’est déroulée en présence du président de la CNDH, Ba Mariam Koita, de Sarah Mathewson, coordinatrice du programme Afrique à Anti-Slavery International, représentante du PNUD , d’Ahmed Hamza, président de la CUN, de Mohamed Said Ould Hamody, ancien président de la CNDH de Mamadou Sarr, président du Fonadh, Boubacar Messaoud président de SOS Esclaves… et des membres de la société civile
Dans son discours, la coordinatrice du programme Afrique à Anti-Slavery International, Sarah Mathewson a déclaré que ce jour est un jour spécial pour son Organisation et ses partenaires. Selon elle, ce jour marque le lancement de leur programme de prévention et de médiation des conflits fonciers, dont la présentation de cette analyse n’est que la première étape. Elle a rappelé que son organisation après avoir présenté cette étude aux groupes et acteurs concernés, va s’engager avec les représentants des communautés en conflit dans la région du fleuve Sénégal afin de les aider à formuler et à présenter leurs propositions pour la résolution des conflits dans lesquels, ils sont enlisés. Elle a souligné que son Organisation à travers les dialogues intercommunautaires et le plaidoyer au niveau local national, espère offrir une visibilité et une voix « aux populations qui ont si souvent étaient exploitées, dépossédées ou marginalisées. » Sarah Mathewson a rappelé qu’Anty-Slavery International travaille avec les organisations partenaires autour du monde afin de soutenir et de renforcer leurs efforts, d’éliminer toute forme d’esclavage et de promouvoir les droits de l’homme, l’égalité et la justice.

« Cette problématique réside dans le dialogue intercommunautaire…
»
Le président de la CNDH, Ba Mariam Koita a rappelé pour sa part que la Mauritanie avait adopté une réforme foncière importante dans les années 1980 qui visait entre autres à lever les contraintes s’opposant à l’aménagement par l’Etat à la terre et de sa redistribution aux plus démunies, la suppression de la propriété collective traditionnelle, et la promotion du secteur agricole pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. Selon lui, la mise en œuvre de ces orientations majeures sera contrariée par une série d’obstacles, de telles sortes que les objectifs ne seront pas totalement atteints. « Au contraire de nouvelles situations sources de nombreux conflits fonciers à travers l’ensemble du territoire apparaitront et feront peser sur la cohésion nationale et la paix sociale de très graves risques. » dira-t-il. Le président de la CNDH a souligné que ces préoccupations ont été prises en comptes par plusieurs acteurs institutionnels dont la CNDH, sous la présidence de Mohamed Said Ould Hamody, de la société civile et de tous les partenaires techniques et financiers. Selon lui, la présence d’Anty-Slavery International montre la corrélation évidente qui existe entre les questions de la terre et la persistance des pratiques esclavagistes. Selon lui, l’une des réponses les plus pertinentes à cette problématique réside dans le dialogue intercommunautaire et dans une large concertation entre les populations concernées et l’état, en vue de réactualiser et de moderniser la réforme foncière pour que celle-ci soit plus juste équitable, et permette un véritablement développement agricole du pays qui mettrait notre pays et ses populations à l’abri de la famine. Il a rappelé que SOS Esclaves et ses partenaires à travers la présente activité continue à poser les premiers jalons de cette concertation dont l’urgence est montrée par des différents projets d’investissements étrangers dans le domaine agricole.

Contribuer à la consolidation de la paix civile…

Dans son discours d’ouverture le président de SOS Esclaves Boubacar Messaoud a rappelé l’objectif de ce programme qui est selon lui, de contribuer à la consolidation de la paix civile, de la cohésion de l’unité nationale sur des fondements pérennes tels le dialogue, le respect mutuel, mais aussi et surtout l’égalité et l’équité conformément aux enseignements et précepte de l’Islam. Il vise aussi selon lui, à promouvoir l’approche du dialogue communautaire pour en faire un instrument efficace de prévention et de résolution des conflits fonciers intercommunautaires dans le pays
Il a souligné que l’étude réalisée par Isselmou Abdel Kader a permis d’établir un diagnostic mesuré, objectif sans complaisance dira-t-il, de la question foncière dans ses différentes dimensions, juridique, sociologique, historique, économique ou anthropologique. Le président de SOS Esclaves a rappelé que ce travail scientifique fait ressortir la place spécifique qu’occupent les questions foncières dans le substrat culturel, identitaire de nos communautés nationales mais aussi dans les rapports politiques, sociaux et économiques de notre société. Il a déclaré que le programme traite les inégalités entre les communauté et au sein de celles-ci, les formes d’exploitation et d’exclusion de certaines couches sociales (esclaves et anciens esclaves), les rapports entre communautés locales et secteur privé, la mauvaise application de la législation et le détournement de la réforme de 1983 au profit exclusif des agriculteurs du secteur privé et au détriment des paysans locaux.
Selon lui, le programme met en lumière la persistance des modes d’appropriation du foncier assis sur des rapports de sujétion, de domination et parfois d’esclavage, héritage selon lui d’un passé toujours difficile à dépasser malgré la volonté politique déclarée des pouvoirs publics et les luttes politiques et sociales des forces du progrès issues de toutes les communautés, tant au niveau de la société civile, des partis politiques que des partenaires sociaux.
Boubacar Messaoud a rappelé que ce programme sur l’étude des conflits fonciers, devrait inciter à l’optimisme et surtout à l’action dans l’unité et la cohésion « en transcendant les intérêts égoïstes, les clivages partisans et identitaires et les divergences idéologiques ou politiques. » Le président de SOS Esclaves a tenu à remercier le gouvernement mauritanien, l’Organisation Anti-Slavery International et la Fondation Baring.

Présentation du rapport
Intitulé « programme de prévention et de résolution des conflits fonciers intercommunautaires en Mauritanie» il a été presenté par Isselmou AbdelKader. Ce rapport comprend huit parties à savoir: Le Foncier source de conflits, Aperçu sur le régime foncier, le Travail servile et mise en cause du système féodal, « le pays qui descend », les Conflits sur les sites de retour des déportées, les Mécanismes de prévention et de résolution des conflits, Réformer la réforme foncière, Proposition de programme d’activités.
Isselmou AbdelKader a déclaré que la question foncière en Mauritanie constitue une menace sérieuse pour le processus de réconciliation nationale engagé depuis trois ans par les autorités mauritaniennes et appuyée par des institutions internationales partenaires de la Mauritanie et par des organisations de la société civile, en vue de contribuer à la consolidation des efforts de paix et de réconciliation.
L’exposé a été suivi d’un débat où les différents intervenants ont émis des remarques et des suggestions sur l’étude, afin de contribuer à la bonne marche du programme.
Pour finaliser le rapport, des travaux de groupe ont été organisés avec comme thème : régularisation des droits, individualisation des droits collectifs, la prohibition de l’affermage contraire à la charia, la lutte contre la formation de latifundias, rénover les mécanismes de prévention et de résolution des conflits, utiliser le foncier pour renforcer la cohésion sociale et nationale.
Au cours de ces travaux, les participants ont dégagé quelques remarques et quelques suggestions qui compléteront le rapport final du consultant.
 

Compte rendu Dialtabé

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 01/08/2011

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page