Les crises politiques et sociales ne sont pas seulement l’expression d’une absence de concertation entre les acteurs politiques et ceux de la société civile.
Elle est aussi favorisée par l’absence de leaderships politiques ou apolitiques dotés de personnalité forte et influente pour réguler les antagonismes et apaiser les tensions.C’est pourquoi à chaque moment les blocages surviennent dans les institutions politiques sans trouver des personnalités aptes à atténuer les malentendus.En dernier recours c’est l’armée toujours aux aguets qui sort des casernes pour reprendre les choses en main.
Ne parlons pas de leaderships des partis politiques qui ont du mal à se faire entendre par l’opinion et dont les rapports avec l’institution militaire sont frileux. Les anciens chefs d’Etat, une fois hors de service perdent toute autorité et gardent un profil bas. A peine si leurs résidences reçoivent des visiteurs. Du côté des hommes d’affaires, les choses ne sont pas aussi exceptionnelles. Les intérêts personnels prennent le plus souvent le dessus sur les intérêts généraux. On a vu lors les crises passées certains magnats des affaires se ranger du côté du pouvoir sans prendre le moindre recul. Tant que le peuple est lâché par ceux qui sont censés se tenir à distance entre les protagonistes en conflit les crises ont du mal à être résolues par des hommes ayant choisi leur camp. Nous avons du mal à nous identifier par rapport à des personnalités politiques ou du monde des affaires car ces gens ne sont pas porteurs d’arguments convainquant ni de projets cohérents de changement en mesure de susciter de l’espoir chez le peuple en des moments difficiles. Au temps fort de la crise politique consécutive au coup d’Etat dernier, aucun personnage crédible n’a émergé pour mettre les protagonistes en conflit autour de la même table de négociation. On se rappelle les multiples initiatives qui s’étaient formées pour un retour à l’ordre constitutionnel, en vain. Pendant que les acteurs politiques se déchiraient sur fonds de contrôle de la légitimité, les mauritaniens ne savaient plus sur quel présumé sauveur compter. Les leaders spirituels quant à eux préfèrent garder le silence pour ne pas s’ingérer dans les affaires politiques. Nous ne voyons pas les Imans ou autres chefs religieux lancer des appels adressés aux hommes politiques leur demandant de revenir à la raison. Seules quelques allusions dans les prêches tiennent lieu de messages. Dans un pays où les antagonismes politiques engendrent des crises récurrentes, l’existence de leaderships nationaux forts est un impératif pour venir à bout des divergences qui minent le terrain politique. A l’heure où le dialogue est à l’ordre du jour, l’existence de références nationales capables d’intervenir en cas blocages institutionnels est un rempart contre les crises politiques devenues chroniques. Mais sur qui compter pour incarner cette mission ?
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur le 31/07/2011
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com