De la problématique de la terre a l’équation du logement

La Mauritanie est un pays où les paradoxes vont partie de son destin.Le premier est le contraste entre un pays vaste mais où la question de l’accès au logement est un casse-tête insoluble pour les populations.

 

Tous les espaces désertiques se sont transformés en îlots fonciers que se disputent des prétendus maîtres sur fonds de rivalités tribales et d’ascendance politique.Il suffit aujourd’hui qu’un campement occupe une parcelle de terrain en pleine brousse pour qu’un avis de déménagement soit adressé au nouveau venu par des tierces personnes se présentant comme les ayants droits sans aucun acte légal le prouvant. Le refus d’accepter l’injonction peut conduire à un conflit violent entre les deux parties. Le pays entier est devenu le théâtre de différends fonciers. De manière générale mais non officielle notre territoire a été attribué entièrement contre la volonté publique. L’Etat a du mal à recouvrer ses domaines tant les chefferies traditionnelles exercent leur autorité sur la terre. Il aura fallu aux autorités administratives d’user de la force pour reprendre souvent des endroits entièrement dévolus à des familles qui évoquent le droit du premier venu. C’est ce qui donne du mal à l’administration locale de trancher les litiges récurrents qui surviennent en permanence entre des groupes rivaux qui se disputent les moindres carrés. Dans les grandes villes du pays la bidonvilisation des zones périphériques est la conséquence de cette incapacité de l’autorité à gérer l’espace relevant du domaine public. Aujourd’hui tous les endroits propres à l’habitat ont été distribués si bien que le peu qui reste fait l’objet de bataille âpre. Tous les moyens sont bons pour obtenir un morceau de terre dans les recoins des zones de recasement des pauvres. Dans la vallée, les tensions provoquées par la question foncière compromettent les relations entre l’administration qui exproprie les maîtres au nom du droit de l’Etat sur la terre. Les champs du « diéri » comme les terres fertiles du « walo » sont l’objet d’une convoitise des hommes d’affaires mauritaniens mais aussi étrangers qui disposent de gros moyens de pression pour s’approprier des endroits placés sous la tenure foncière traditionnelle. La terre est une richesse immense. Ce trésor est précieux dans le développement d’un pays à condition qu’il soit utilisé de manière rationnelle et équitable entre tous les citoyens. Dans le domaine de l’habitat, la capitale souffre d’une crise de logement qui s’aggrave tous les jours. Les prix de location sont hors de portée. Aucune réglementation n’est en vigueur en la matière. Le locataire n’a pas le choix. A prendre ou à laisser ! Les habitations à usage social sont rares. Ceux qui existaient sont en passe d’être démolis par l’Etat qui préfère vendre ses espaces urbains plutôt que de construire des logements à loyer modéré comme cela se fait ailleurs. Au demeurant, la gestion des espaces publics est la conséquence de l’absence d’une politique d’aménagement de l’espace. Nouakchott étouffe à cause de l’exiguïté de son noyau central et de la poussée de quartiers péri- urbains qui cernent de tous les côtés la ville. Pendant que la courbe démographique va crescendo.

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 25/07/2011

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