Affaire de la drogue : Toute la Bande est acquittée

Comme une poupée de baudruche, l’énorme dossier de la drogue qui avait tenu en haleine l’opinion nationale depuis près de quatre années, s’est dégonflée. Tout le monde est innocenté…

 

 

 

Comme tout cela n’était qu’une pure invention, malgré l’existence de quantités astronomiques de drogue, d’un véhicule arrêté en pleine journée à Nouakchott bourré de cocaïne, d’une vingtaine de suspects… La joie était en tout cas grande aux portes de la prison de Dar Naïm hier, lundi 11 juillet, où une foule formidable de parents, de proches et d’amis se bousculait pour accueillir les nouveaux élargis, Eric Water Miga et Saidou Kane, les extradés de Dakar, Mini Ould Soudani, Mohamed Barrikala, l’homme qui était venu de France pour s’enquérir de la présence de son nom parmi les suspects cités, Ely Ould Ahmed Deya, le policier de l’antidrogue…

Le verdict tant attendu de la Cour d’Appel du Tribunal de Nouakchott, sur la saga de la drogue en Mauritanie, a enfin été prononcé hier, lundi 11 juillet 2011. Tous les inculpés ont été innocentés, à l’exception d’un Algérien (introuvable) répondant du nom d’Abou Joumouâ.

Il faut rappeler que c’est en 2009 que la Cour criminelle de Nouakchott avait jugé l’affaire de la drogue, plus connu sous l’appellation « Affaire Mini Ould Soudani-Sid’Ahmed Ould Tay « . Les peines prononcées à l’époque étaient pourtant lourdes. Les inculpés ont été condamnés pour détention de drogue à des peines d’emprisonnement variant entre 10 et 15 ans plus de fortes amendes. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz prononcera par la suite une grâce présidentielle en faveur du principal suspect, l’ex-inspecteur de police Sid’Ahmed Ould Taya, ancien chef d’Interpol en Mauritanie. Les autres avaient bénéficié de réductions substantielles de peines. Beaucoup des détenus aujourd’hui blanchis croupissent pourtant depuis plus de quatre années pour certains, deux ans pour d’autres, en détention préventive à la prison de Dar Naïm.

La Cour d’Appel qui vient d’examiner le dossier a invoqué la viduité du dossier pour prononcer l’acquittement de tous les détenus.

L’épilogue de ce dossier laisse un certain goût amer et rappelle qu’en Mauritanie, les affaires liées à la drogue se sont toujours terminées en queue de poisson, à commencer par le premier dossier du genre jugé au début des années 90 et où plusieurs officiers de la police ont été impliqués, condamnés avant d’être réhabilités. On se rappelle aussi de l’Omerta qui a entouré l’affaire de Nouadhibou et les 630 kilos de cocaïne retrouvés sur le tarmac de l’aéroport. Une commission spéciale diligentée par la primature du temps de l’ancien Premier ministre Zeine Ould Zeidane a été mandatée dans la capitale économique pour les besoins de l’enquête. Le rapport des enquêteurs ne sera jamais connu du grand public. Des hommes politiques, des hauts responsables du système, et même de hauts gradés (dénoncés par l’ancien chef de l’Etat), seraient ciblés. L’affaire a fait Pschitt.

Il faut dire que contrairement au chanvre indien où seuls le menu fretin trinque, la cocaïne et les drogues dures parce que c’est une affaire de riches et de puissants, la justice refuse toujours d’aller jusqu’au fond des dossiers. En creusant encore plus profondément, les enquêteurs tombent toujours sur des intouchables. Et les tribunaux enterrent précipitamment tout, en accordant un certificat de sainteté aux petits poissons déjà dans ses filets, pour préserver les gros requins.

JOB

Source  :  L’Authentique le 13/07/2011

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