Avec l’ouverture que la crise libyenne offre à al-Qaida, les Etats du Sahel cherchent des partenaires étrangers pour une assistance en matière de sécurité.
La Mauritanie, le Mali et le Niger possèdent une longue histoire de coopération régionale dans la lutte contre al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Ces trois Etats se tournent aujourd’hui vers la communauté internationale pour obtenir de l’aide.
« La demande de soutien et d’assistance de la part des pays du Sahel pour lutter contre al-Qaida est parfaitement fondée du fait du phénomène croissant du terrorisme et de la crise en Libye, qui constitue une source de diversification des capacités de ce groupe armé, qui devient plus préoccupante », a expliqué Saleh Ould Dahmach, l’un des dirigeants de l’Union pour la République, le parti au pouvoir en Mauritanie.
Viennent s’ajouter à ces inquiétudes les difficultés à « contrôler le vaste désert, les capacités de défense limitées de ces pays et leurs souffrances dues aux problèmes de développement », a-t-il expliqué.
La visite du ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé à Nouakchott le dimanche 10 juillet s’est inscrite dans le cadre de la réponse de la France à la menace que représente AQMI, selon l’analyste Sid Ahmed Ould Atefal.
Il a souligné que cette visite fait suite à une récente requête du Président nigérien Mahamadou Issoufou en faveur d’une assistance dans la réponse apportée à AQMI, notamment après que les services de sécurité nigériens aient fait état de terroristes recevant un convoi d’armes en provenance de Libye.
« Le triomphe de l’armée mauritanienne sur al-Qaida au Maghreb islamique lors de l’opération dans la forêt de Wagadou, ainsi que la victoire obtenue contre al-Qaida durant l’attaque de la ville de Bassiknou, dans l’est de la Mauritanie, constituent un acquis dans les aspirations antiterroristes internationales au Sahel, ce qui, par ailleurs, incite le monde à vouloir apporter un soutien à ces pays », a ajouté Ould Atefal.
La bataille de Bassiknou « a été un deuxième coup sérieux porté à l’organisation terroriste », selon Riadh Ould Ahmed Elhadi, le directeur du site web Aqlame Houra.
« En effet, cette victoire de l’armée mauritanienne a marqué un virage dans la guerre contre al-Qaida dans la mesure où, lors de cette opération, l’armée mauritanienne a réussi à surveiller les mouvements de l’organisation et qu’elle est désormais en mesure de prendre l’initiative de l’attaque et d’impliquer les Maliens, même indirectement, en apportant un soutien logistique et de renseignement et des images topographiques », a indiqué Ould Ahmed Elhadi.
« Mais cela ne signifie pas que la résolution d’al-Qaida au Maghreb islamique ait été entamée », a-t-il ajouté. « Il restent encore capables de frapper des cibles en territoire mauritanien en recrutant des jeunes et en les poussant à s’inflitrer profondément en Mauritanie. »
Ali Ould Mohamed, un spécialiste des groupes terroristes, déclare qu’il soupçonne al-Qaida de vouloir répondre aux récents affrontements pour prouver sa force. « Il est naturel que les nations du Sahel demandent un soutien de l’étranger dans l’attente d’attentats terroristes », a-t-il affirmé.
« Le combat contre le terrorisme ne peut être mené par un seul pays, il exige une stratégie collective combinant les efforts des pays concernés [Mauritanie, Algérie, Mali et Niger] et des parties régionales et internationales impliquées », ont déclaré les partis de l’opposition mauritanienne dans une déclaration conjointe publiée le 7 juillet.
Les pays visés par le terrorisme doivent s’unir contre la menace d’al-Qaida, affirme Maître Mohamed Ould Abdullah, un avocat mauritanien. « J’estime que la guerre contre al-Qaida relève de l’auto-défense et concerne la protection du territoire, et qu’il n’est pas étrange de voir nos forces armées pénétrer en territoire malien pour poursuivre et attaquer les cerveaux d’al-Qaida dès lors que cette organisation « gélatineuse » planifie ses attaques contre notre pays depuis tel ou tel Etat », ajoute-t-il.
« La logique de la sécurité nationale mauritanienne exige de mener cette guerre, dans la mesure où l’ennemi est présent sur les frontières du pays, ce qui rend nécessaire une guerre préemptive pour au moins minimiser les capacités d’attaque de cet ennemi », explique le professeur Salek Ould Mahmoud.
Et d’ajouter : « La guerre contre cette organisation est donc légitime, mais exige une coordination régionale avec les pays voisins pour assurer à nos soldats une base de soutien dans la guerre dans laquelle ils sont engagés ».
Jemal Oumar
Source : Magharebia le 11/07/2011