Guerre préventive ou par procuration, opération conjointe ou en solo, qu’importe ! La guerre s’accommode peu de la morale et des détails.
Carte politique majeure tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, source de déstabilisation et opposition armée aux régimes qui se succèdent à Nouakchott, qu’est ce qui ne sera pas fait pour contrer Aqmi?
On l’a vu. Tout a été essayé : arrestations, procès, rupture avec Israël, mesures islamisantes, opérations militaires, points de passage, crises avec les voisins, coopération sous-régionalo-internationale, dialogue, grâce présidentielle et enfin , expéditions militaires à l’étranger.
Le président de l’UPR (parti au pouvoir) avait donné le ton en juillet 2010.
La Mauritanie, avait-il dit, s’allierait avec Satan contre Aqmi. Un député disait juste aprè,s que l’Armée irait chercher les terroristes , s’il le faut, sur Saturne.
Eh oui ! on a pas énormément de choix, même si l’on peut toujours circonscrire les actions au territoire de notre pays.
A plusieurs reprises, des combattants d’Al Qaida étaient venus chez nous, commettre des monstruosités contre nos militaires et sur des étrangers. Ils venaient de l’extérieur et y retournaient après coup. Croiser les bras, en attendant un prochain massacre ne peut être une solution. Les Autorités ont decidé d’aller les chercher d’où ils viennent, afin de les empêcher justement de venir, parce que personne ne le fera à la place des Mauritaniens, eux mêmes.
On est bien là dedans, par la faute de la géographie d’abord et par la suite, depuis que nous nous étions sentis concernés par le problème en prenant part avec «PanSahel» à la guerre globale lancée par les américains contre des jihadistes qu’ils avaient soutenu lors de l’occupation russe de l’Afghanistan (1979-1989) et qu’ils combattent dans ce même Afghanistan ayant changé d’envahisseur en 2001.
Un Afghanistan devenu refuge pour les persécutés des services de sécurité arabes, lesquels, à l’instar de leurs gouvernements -et de certains segments de la communauté internationale-, constituent de véritables usines de montage pour terroristes.
Nous y sommes également parce que nous avions, semble-t-il, fait de mauvais choix au début de la décennie actuelle. Quand il fallait axer ses stratégies sur l’éducation, les libertés, la justice, la lutte contre la corruption, le développement et la jeunesse, on avait préféré se focaliser sur la menace terroriste, son éradication, la stigmatisation de l’opposant, le tout, sur fond d’incurie et d’arbitraire.
L’on peut néanmoins constater que nos erreurs auront, en partie, servi de leçons. Et que face à la problématique, l’approche a cessé d’être statique, devenant plus dynamique, sur le plan politique, et militaire.
Trois ans après Tourine, le présent se présente mieux que l’antécédent. Les résultats aussi. Mais l’implication des partenaires et voisins dans la lutte contre une menace collective gagnerait à être plus convaincante.
Il y a certes de la fierté que les mauritaniens ressentent en voyant leur armée mener des bombardements aériens, des pilonnages et des ratissages contre les bases d’un ennemi sanguinaire qui a écorné l’image de leur pays et ruiné son secteur touristique. Les militaires qui étaient une cible sont même devenus des chasseurs. Et la peur doit avoir changé de camp, ont estimé bien d’ analystes.
Mais la menace a-t-elle été pour autant écartée ? Oui, dans la mesure où un Lemgheity- bis est à exclure, et non, parce que qu’un kamikaze ou un rapt restent imparables.
Il faudrait aussi que les choses soient claires avec les partenaires. Ils doivent participer à la guerre et les occidentaux parmi eux, se doivent de financer l’équipement de l’Armée ainsi que le développement du pays afin de contribuer d’une autre manière à l’assèchement des sources de l’extrémisme.
Le Mali a obtenu de grands financements pour le plan de développement de ses régions du Nord, alors que notre pays bon élève du FMI et «fer de lance» anti-terroriste peine encore pour son CSLP.
Si nous contribuons à la pacification du Nord-Mali, du Sud de l’Algérie, et à la sécurisation des prospections dans le grand Taoudenni, on s’expose, et l’on doit légitimement s’attendre à être aidés dans notre propre pacification, qui passe aussi, par la lutte contre la paupérisation dans le Sud Est de notre pays et dans ses bidonvilles.
L’opération de Wagadou a été conjointe avec nos amis Maliens, lesquels, n’ont pas participé à la bataille, ni déploré des pertes et semblent même, être à l’abri des représailles. Que doit-on comprendre dés lors que les kamikazes d’Aqmi quittent le Mali pour aller à Nema et Nouakchott ? Qu’Aqmi n’éprouve pas d’inimité vis-à-vis du Mali ? Que nos villes citées sont plus proches des bases d’Aqmi, que Ségou ou Bamako ?
En juillet 2010, à Lerneb, nos militaires ont mené une opération avec les français. C’est Kouchner qui s’était chargé de venir nous le dire à Nouakchott.
Un mois après, un kamikaze faisait exploser son véhicule à Nema. Paris est si loin!
A Hassi Sidi, l’opération menée en septembre 2010 était exclusivement mauritanienne. Mais ses effets dont la débandade d’ »Al Fourghane »* ont été positivement ressentis dans tout le Sahara-Sahel. Son coût avait-il été partagé ? Si ce n’est le cas, pourquoi alors? A menace collective, réponse collective.
IOM
* Al Voughane: Bataillon de choc d’Aqmi commandé par Abou El Hemmam (l’un des liuetenants d’Abou Zeid) griévement blessé à Hassi Sidi.
Source : Tahalil Hebdo le 02/07/2011